J’ai reçu Alice marche sur Fabrice pour mon anniversaire. Je me suis dit que pour mes 23 ans, il n’y a rien comme un livre de chez Les éditions de ta mère pour plaire. Ce qui m’attirait de l’histoire, c’était la sensation de vivre quelque chose de nouveau à travers un personnage qui pourrait me ressembler. Si le personnage d’Alice était réel, on serait probablement des amies. Alice marche sur Fabrice raconte l’histoire d’Alice qui décider de marcher Compostelle en laissant derrière elle toute sa vie. Son but, il est simple: oublier Fabrice et étaler ce qui reste de lui sur des kilomètres de route en Europe. Il n’y a rien comme une peine d’amour pour nous ramener dans le présent et oublier le futur. Ce qu’Alice tente de faire dans ce roman savamment écrit par Rosalie Roy-Boucher, c’est d’oublier le passé.
Pas une réinvention de soi
« Alice marche sur le chemin de Compostelle pour oublier Fabrice, et elle se sacre du reste. La beauté des champs de tournesols, les villages abandonnés, les retraités sympathiques, les illuminations chrétiennes et les petits chiens curieux, bof. Alice marche. C’est pour ça qu’elle est venue. Du moins, c’est ce qu’elle pense. »
Si le résumé laisse sentir un roman qui plonge dans la réinvention de soi, et bien ce n’est pas du tout le cas. Le personnage ne veut pas grandir, ne veut pas changer, il veut juste oublier. Marcher pour sentir moins la douleur dans la tête et plus aux pieds. Marcher non pas pour donner un nouveau sens à sa vie, mais pour donner une nouvelle direction, un nouvel objectif.
Le passé lointain est acceptable
Alice marche et pense aux décès qui ont teinté sa vie, que ce soit ceux de ses grands-parents ou celui de Gerry Boulet; c’est le seul passé auquel il est acceptable de réfléchir. Le roman met l’accent sur le présent et sur la rage du personnage. Contrairement en ce que j’en avais comme image, Compostelle est décrit avec justesse et vérité, ce n’est pas le portrait cliché que j’avais en tête qui est détaillé. La description qu’en fait l’autrice donne le goût d’y être. Le personnage ne va pas là pour créer des amitiés ou passer tous les rites de passages du pèlerinage; Alice se mêle à la foule seulement lorsque nécessaire et seulement quand l’humeur le veut bien.
Bien que le personnage d’Alice reflète une jeune femme brisée, ne croyant plus en l’amour, c’est un personnage adorable que l’on découvre à travers le pas assez de pages de ce roman. Elle partage la route avec quelques autres pèlerin.es et laisse sa carapace se briser lentement. Elle découvrira qu’elle n’est pas seule à vouloir oublier le pire.
Une délicate résilience
Si la résilience est le thème principal du roman, Alice affrontera ses démons avec sévérité, mais son avenir avec délicatesse. Comme le disent les pèlerin.es, « Ultreïa » (Aide-nous, Dieu, à aller toujours plus loin et toujours plus haut) qui permet d’aller chercher la force pour continuer le chemin littéralement et pouvoir continuer d’avancer à travers la vie et laisser tous maux derrière soi, comme la route qu’on abandonne. Si Alice ne se réinvente pas, elle sue probablement son malheur et se dirige vers un semblant d’espoir.
Ce livre est une petite merveille qui plaira à celle ou celui qui cherche à aller de l’avant, qui ne sait pas comment s’y prendre, mais qui est prêt à essayer. C’est un livre ou prendre son courage à deux mains signifie enfiler une paire de bottes de marche et continuer d’avancer.
Avez-vous un livre qui vous donne toujours l’envie d’avancer à travers les embûches de la vie ?
Merci à Camille Beauchamp et Sarah Krug pour les belles photos.