Les mots d’Amélie Nothomb ont parsemé mon parcours scolaire depuis le secondaire. Parmi ses dizaines de titres parus depuis plus de 25 ans, Mercure (1998) est le premier Nothomb qui m’avait vraiment accrochée. En sortant de ma transe, 200 pages plus tard, je sentais bel et bien que j’avais appris quelque chose de cette histoire. Son approche de la narration proche du conte et ses réflexions générales m’ont beaucoup rejointe. Mes états d’âme en lisant Mercure sont encore très précis, même si cela fait des années de ça. Peut-être est-ce à cause du format court ou des personnages très proches de ceux des contes pour enfants. Ça rassure, on veut savoir la fin même s’il faudrait dormir au lieu de continuer à lire. C’est l’effet Nothomb.
Je n’ai pas cherché à lire d’autres romans de cet autrice jusqu’à ce que je fasse un trajet de cinq heures en avion avec une amie. On revenait à Montréal et les heures s’annonçaient longues, car j’avais lu tous les livres que j’avais apportés et dont j’avais envie à ce moment-là. Mon amie avait terminé au cours de notre séjour Frappe-toi le coeur, sorti en 2017, et me l’a passé pour le trajet. L’effet Nothomb s’est encore produit et je n’ai pas passé tout le voyage à regarder au hublot. J’ai reposé le livre après quelques heures et je me sentais, comme à ma lecture de Mercure, tout aussi époustouflée.
« Frappe-toi le coeur, c’est là qu’est le génie. »
Cette citation d’Alfred de Musset est la trame de fond de tout le roman, le point de départ. C’est l’unique phrase de la quatrième de couverture. Elle sera décortiquée et interprétée de toutes les manières possibles durant notre lecture sur une relation de jalousie entre une mère et sa fille. Marie, une femme reconnue pour sa beauté et mère de trois enfants, est maladivement jalouse de son aînée, Diane, encore plus belle et intelligente qu’elle. On suit Diane, qui essaye tant bien que mal de se faire aimer de sa propre mère, qui la déteste sans qu’elle ne sache vraiment pourquoi. C’est une histoire simple mais lugubre, on est dérangé par cette jalousie maladive de la mère et on veut qu’elle cesse. Et comme cette autrice sait si bien le faire, la finale de ce roman est toute aussi surprenante que le thème abordé. Je dirais même que je n’ai pas vu ce dénouement arriver au fil du roman; tout se met en place en moins de quelques phrases. J’ai fixé les dernières pages un instant et je me suis empressée de me retourner vers le siège de mon amie, car il fallait absolument que je discute de ce que cette autrice avait crée en moi.
Après cette lecture, je me suis dépêchée de trouver un autre de ses romans à dévorer au plus vite. Je veux revivre l’effet Nothomb, encore et encore.
Je vous invite à aller voir les articles d’Anne-Marie Shink (Pourquoi revenir à Amélie Nothomb) et de Rosemarie Savignac (Champagne, volubilité et authenticité: rencontre littéraire avec Amélie Nothomb) qui portent aussi sur l’oeuvre de cette grande dame.
Et vous, quel est votre roman préféré d’Amélie Nothomb?
Puisque vous me demandez quel est mon titre préféré d’Amélie Nothomb, je vous dirais le dernier lu récemment : Pétronille. J’ai particulièrement aimé la relation « maître /élève », ou comment l’un parvient a faire au moins aussi bien que l’autre, l’admiration devenue réciproque.
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