Mon coloc a récemment décidé de se débarrasser de presque tous ses livres. C’est dans un bonheur incrédule que je me suis emparée de tout ce qui me passait sous la main. Parmi mes nouvelles acquisitions : Moi qui marche à tâtons dans ma jeunesse noire de Roxane Desjardins. Ce recueil est arrivé dans ma vie comme un baume sur une plaie ouverte dont je ne soupçonnais pas l’existence.
« Comment c’était avant, est-ce que ça m’est vraiment déjà arrivé, d’être confortablement emmitouflée dans les chaudes couvertes de l’enfance. »
Enchantement désordonné
Visuellement parlant, j’étais déjà conquise. Le recueil est beau, mettant en vedette une illustration à la fois enfantine et étoffée. À l’intérieur, du pêlemêle et du beau. J’avais l’impression, le temps de 93 pages, d’entrer dans l’esprit de Roxane Desjardins et de partager toutes ses blessures, ses joies et ses peines.
Le plus bel aspect de ce livre, c’est son ordre incertain, ces choix que nous avons à faire tout au long de notre lecture. C’est que chaque poème a sa construction particulière, qui nous laisse parfois un choix absolu de l’ordre dans lequel on veut le lire.
On peut donc s’approprier ses œuvres, se sentir connectés à celles-ci, presque comme si elles étaient les nôtres. Son journal intime est devenu le mien et je me suis revue à 10 ans, choisissant mon destin comme dans ces livres que j’aimais tant où nous étions le héros.
De Z à A
Ce que j’aime le plus de tout recueil de poésie, c’est la possibilité de le lire à l’inverse, de la dernière à la première page, sans que cela soit le moins du monde nuisible à l’expérience. On peut, au hasard, choisir une page et ne lire que celle-ci. Ou alors ne lire qu’une page par année sans perdre le fil. La poésie est un cadeau intemporel dans lequel on peut toujours puiser et qui ne cesse jamais d’évoluer.
Les mots doux de Moi qui marche à tâtons dans la jeunesse noire ne font pas exception à cette évolution. Ils suivent leurs propres règles et semblent n’en faire qu’à leur tête, pour mon plus grand plaisir. L’adolescence, les premiers amours et les premières blessures y sont brillamment abordées et donnent l’impression de puiser à même chacun de nos passés. Je me suis attachée à cette femme qui semble, sans me connaitre, comprendre mon bagage et qui réussit même à me faire sentir un peu mieux par rapport à celui-ci. La plume de Roxane Desjardins est non seulement belle, mais aussi réparatrice.
« Je ne comprends pas comment je pourrais à la fois être moi-même et être calme. »
Et vous, qu’aimez-vous le plus d’un recueil de poésie?