La littérature jeunesse a beaucoup de potentiel. J’aime utiliser ces œuvres pour aborder des sujets parfois difficiles de façon ludique avec les jeunes avec qui je travaille. C’est le cas de ces deux albums : La crème glacée fond plus vite en enfer et Jack et le temps perdu. Ils permettent d’apprendre aux enfants des leçons de vie.
LA CRÈME GLACÉE FOND PLUS VITE EN ENFER
Sam et Tom sont deux enfants-fantômes qui vivent leur vie tranquille en Enfer. Sam raconte à son ami à quel point il était une poule mouillée quand il était encore en vie. Sam semblait avoir énormément d’imagination quand il était un petit humain. Toutes ses peurs ressemblaient à des monstres prêts à l’attaquer et à le dévorer. Par exemple, il avait peur des draps blanc fantôme, de son vieux grand-père monstrueux, du sous-sol rempli de créatures, bref, de tous les endroits où un monstre peut se cacher. Mais maintenant qu’il est lui-même un fantôme, rien ne peut l’effrayer. Même qu’en Enfer, il côtoie les monstres qui l’effrayaient tout en dégustant de la crème glacée aux fourmis rouges.
Alors qu’il énumère toutes ses peurs, son ami Tom lui demande comment il est mort… étant donné que Sam était incapable de faire quoique ce soit par manque de courage! Je vous laisse découvrir les raisons de sa mort, une petite blague de la part de l’autrice.
Je crois que l’autrice Valérie Picard souhaitait illustrer les limitations que nos petits angoissés peuvent se donner. Elle souhaite leur faire comprendre que la vie est une aventure et qu’il faut la voir comme telle. Sam est lui-même devenu un fantôme et il n’est pas devenu méchant pour autant. Voici la morale de cette histoire : vis ta vie et profites-en à fond!
Un petit conte parfait pour les enfants qui se laissent facilement emporter par leur peur!
De plus, les illustrations de Daniel Jamie Williams ont quelque chose de dérangeant, esthétiquement parlant. Alors qu’on est plutôt habitué à voir des petits dessins mignons des personnages, ici, l’illustrateur les représente de manière simple et grossière. Disons qu’on n’est pas habitué à retrouver ce style!
JACK ET LE TEMPS PERDU
Deuxième album jeunesse de Stéphanie Lapointe – oui, oui! –, car elle n’a pas seulement écrit la merveilleuse série de Fanny Cloutier. Cette fois, elle nous offre une histoire triste écrite sous forme de poèmes. Est-ce un héritage de ses écrits en musique? Est-ce pour garder une ambiance mélancolique qu’elle garde ses phrases en suspens? Peu importe, cela rend l’écriture bien plus intéressante.
Un mystère plane autour de la tristesse et de la solitude de Jack, tellement que les villageois créent des histoires à son propos. Ils se moquent même de lui. Nous découvrons au fil des pages qu’il a une mission : retrouver la baleine grise à la nageoire dorsale qui aurait dévoré son fils lors d’un de ses voyages en bateau. Jack veut retrouver son fils, pour que tout redevienne comme avant.
Alors que les pluies ravagent le village où le bateau de Jack est accosté, les villageois demandent de l’aide à Jack, mais celui-ci refuse car il ne peut quitter son poste : il doit absolument retrouver ce qu’il cherche. C’est alors qu’il se sauve puis se rappelle sa vie d’avant et ce qui faisait alors son bonheur : sa femme et son fils perdu. Le malheur est apparu dans leurs vies après que la baleine grise eut volé leur fils. Malheureux et plein de ressentiment, Jack est parti à sa recherche, oubliant la vie qu’il avait avec sa femme.
Cette mésaventure a créé l’homme qu’il est maintenant. Toutes ces années l’ont changé en homme gris, méchant, sombre, solitaire et laid.
Un soir, il la trouve enfin, cette baleine grise à la nageoire dorsale cicatrisée. Il se laisse dévorer par elle et retrouve son fils à l’intérieur, mais celui-ci ne reconnaît pas l’homme qui se trouve devant lui. Une fois à l’extérieur, tous les deux partent à la recherche de l’amour de Jack, sa femme, mais elle a pris un autre chemin pour retrouver son fils.
Les illustrations de Delphie Côté-Lacroix rendent l’histoire encore plus mélancolique qu’elle l’est. Elles accompagnent très bien l’ambiance qui s’en dégage et la douceur des mots. Ici encore, pas de jolis petits dessins qu’on trouve habituellement dans nos albums jeunesse! Mais ces dessins accompagnent joliment l’histoire de Stéphanie.
Cet album nous parle de l’importance du temps. Il raconte que, malgré les grandes pertes, il est important de rester avec ceux qu’on aime et, qu’ensemble, on est plus fort.
Et vous, aimez-vous aussi lire des albums jeunesse?