Bande dessinée et roman graphique
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Le projet Shiatsung de Brigitte Archambault, une fable dystopique entre humour et malaises

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Cet automne, j’ai lu Le projet Shiatsung, de Brigitte Archambault. En fait, je l’ai lu deux fois tellement j’ai été agréablement surprise! Je l’ai dévoré une première fois, sans me poser de questions, puis je l’ai relu plus lentement pour pouvoir mieux en discuter. Je commence d’abord par vous présenter un extrait de la présentation de l’éditeur, qui résume bien l’oeuvre:

«Dans un bungalow dont la cour est ceinte par une muraille infranchissable, une femme a été élevée, seule, par un écran parlant omniscient, mais qui ne dit pas tout. Sans autre connaissance du monde extérieur ni encadrement que ce que lui a appris ce dernier, elle ignore tout des causes de son existence. Et si cette femme tentait d’échapper à la surveillance constante de cet écran qui épie ses gestes? Que pourrait-elle trouver de l’autre côté du mur?»

Évidemment, comme j’ai lu le livre deux fois, il va sans dire que je vous le recommande chaudement, mais voici deux éléments auxquels vous pourriez porter attention lors de votre lecture.

Le dessin

Les dessins de Brigitte Archambault ont un style épuré qui rappelle un peu ceux de Nick Drnaso, qui a écrit Sabrina et Beverly (d’ailleurs, il y a aussi quelques thèmes qui se rejoignent, entre ses œuvres et celle d’Archambault). Dans Le projet Shiatsung, j’ai aussi remarqué que les couleurs sont sombres, le plus souvent dans des teintes de gris, de brun et de vert, et représentent bien l’espèce de mornitude anxiogène dans laquelle le personnage évolue.

De plus, la plupart des cases sont remplies presque au complet par une seule image, parfois un détail du décor et le plus souvent un plan rapproché du visage de la femme qui fait la narration. Ces cases bien pleines, presque étouffantes, contribuent à l’impression d’enfermement du personnage. Bref, seulement par l’entremise des images, on sent bien l’ennui et la solitude qui font son quotidien.

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Extrait de Le projet Shiatsung

Entre humour et malaises

Comme elle l’a mentionné dans cet article du Devoir, l’autrice aime bien utiliser l’humour et jouer avec la sensation de malaise que pourrait susciter son œuvre. J’ai choisi l’image ci-haut pour montrer le style du dessin, mais aussi parce qu’elle illustre vraiment bien le type d’humour et le genre de malaise que suscite la lecture du Le projet Shiatsung. On voit le personnage manger un homard après une journée difficile, car c’est «ce qu’il y [a] de meilleur» au menu. C’est plutôt rigolo dit comme ça, mais le fait qu’elle mange le homard pour se consoler est en fait plutôt triste et nous ramène à l’ampleur de sa solitude. Sans compter que la dernière case où on voit la femme manger est un peu dégoûtante et peut certainement mettre mal à l’aise.

J’aurais pu choisir différentes images ou situations, tout au long de l’histoire, qui ont le même effet, et parfois de façon encore plus marquée, mais je préfère vous en laisser la surprise. Cette valse entre humour et malaises m’a vraiment séduite et servait bien, à mon avis, le propos du livre. En effet, celui-ci réussit à déranger le lecteur et à l’amener à se questionner, tant par la bizarrerie de l’histoire (qui n’est quand même pas si éloignée de notre réalité, ce qui la rend encore plus troublante!), que par la façon dont elle est racontée.

Et vous, avez-vous déjà apprécié une œuvre dont certains passages vous mettaient pourtant très mal à l’aise lors de sa lecture?

Le fil rouge remercie Mécanique générale pour le service de presse.

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