Littérature étrangère
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Nonobstant et en revanche, le Meurtre du Commandeur en livre audio

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C’est avec Kafka sur le rivage que j’ai découvert, il y a longtemps, la plume de Haruki Murakami, auteur japonais dont je suis irrémédiablement tombée sous le charme. Je viens tout juste de terminer son dernier roman en deux tomes, Le Meurtre du Commandeur, et j’en suis ressortie enchantée, comme d’habitude!

Une idée apparaît, tome 1

Après plusieurs années de mariage, la femme du narrateur, un portraitiste renommé, quitte celui-ci sans explication. Il se lance alors sur les routes, avant d’emménager dans la demeure vide et isolée d’un très grand peintre japonais nihonga, Tomohiko Amada. Un jour, le narrateur reçoit une proposition : peindre le portrait de son riche et insondable voisin, Wataru Menshiki. Dans le même temps, il découvre un tableau caché dans le grenier, le Meurtre du Commandeur, un chef d’œuvre inconnu de Tomohiko Amada qui semble tiré du Don Giovanni de Mozart. Enfin, le bruit d’une mystérieuse clochette se fait entendre à heure fixe toutes les nuits…

Tout y est. Très lent, ce premier tome très descriptif dépeint les tâches du quotidien, la préparation du thé ou des repas, et fait peu à peu surgir l’étrangeté au fil de ses pages. Et comme Murakami est un maître dans cet art, nous sommes, tout comme le narrateur, entièrement disposés à accepter les événements irrationnels qui s’enchaînent. La clochette enfermée dans une fosse semble teinter par elle-même? Une entité surnaturelle, ou plutôt une Idée, prend l’apparence du Commandeur et discute avec le narrateur? Tout cela nous semble parfaitement normal. Et plus l’intrigue avance, plus le mystère grandit : qui sont ces personnages (ou ces objets) et quel est leur rôle dans cette histoire? Enfin, comme à l’habitude, ce tome est rempli de références à l’œuvre de Murakami et d’éléments qui en sont indissociables : la musique, le rêve, l’absence, les personnages solitaires, etc. L’auteur nous offre aussi une très belle réflexion sur la pratique artistique et la création.

La métaphore se déplace, tome 2

Alors que le narrateur se pose de plus en plus de questions sur son mystérieux voisin et sur le passé de Tomohiko Amada, et que le Commandeur apparaît aléatoirement dans son quotidien, une jeune fille dont il tentait de faire le portrait disparaît. Afin de la sauver, il accepte de poignarder le Commandeur pour rejouer le drame du tableau. Une trappe s’ouvre, la frontière entre le réel et l’irréel se brouille, et le narrateur s’embarque alors dans un long voyage souterrain…

Dans ce second tome, où l’histoire devient de plus en plus complexe, le lecteur fait une réelle plongée dans l’étrange. Impossible de discerner si ce qui arrive se joue dans l’imagination des personnages ou si une entité surnaturelle est effectivement en train de tirer les ficelles. Les événements s’enchaînent et se multiplient, l’intrigue est maîtrisée, et chaque nouvel élément peut potentiellement la faire basculer ou la résoudre. Le mystère, qui a peu à peu été dévoilé par l’auteur, ne trouvera cependant pas sa solution à la fin de l’ouvrage. Pas plus que nous ne saurons si tout ceci est bien réel. La frontière entre le quotidien et le surnaturel, le réel et l’irréel, est très mince, et c’est à nous de tirer nos propres conclusions. Car, comme toujours avec Murakami, la fin ne clôt pas l’histoire.

Le Meurtre du Commandeur lu par Christophe Brault

Je suis tombée dans les livres audio l’année dernière et je ne m’en passe plus depuis! S’ils ne remplacent pas pour moi les livres papier, ils me permettent de lire partout, que ce soit dans les transports ou en faisant la cuisine. C’est cependant la première fois que je lisais un roman aussi long (16 h de lecture, environ, pour chaque tome) et, si j’ai eu un peu peur de perdre le fil à cause de la densité du texte, mes craintes se sont vite dissipées. L’intrigue, bien que multiple, se suit facilement. Christophe Brault est aussi un très bon narrateur, et c’est grâce à son ton et à sa douceur qui collent parfaitement à l’œuvre de Murakami que je me suis laissée emporter.

Et vous, quel livre audio recommandez-vous?

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