Les froides journées d’hiver me donnent toujours envie de tout abandonner pour hiverner jusqu’au retour du soleil et des p’tits oiseaux, et de me rouler en boule au coin d’un feu avec un chocolat chaud et une pile de livres. La lumière blafarde du ciel hivernal et le silence duveteux de la neige fournissent le cadre parfait pour les lectures poétiques et introspectives qui font rêver. C’est donc le moment idéal pour s’enrouler dans une couverture et plonger dans Les vagues de Virginia Woolf, et ainsi quitter les rives de la réalité toutes voiles dehors!
Publié en 1931, Les vagues est un roman lyrique expérimental très particulier. C’est une lecture profonde, un voyage intérieur, une plongée dans les abysses de l’âme humaine. Les voix de six narrateurs, six amis d’enfance très différents les uns des autres, semblent rouler jusqu’à nous depuis un horizon lointain pour venir se briser sur les pages en alternance – elles arrivent et se retirent, comme des vagues! – et on se retrouve submergé dans une mer de sensations et de souvenirs diffus. Les images qui habitent les psychés des différents personnages déferlent, et l’histoire de leurs vies se déploie en une multitude de petits moments poétiques. La façon dont l’autrice est parvenue à raconter une histoire sans raconter d’histoire est tout simplement géniale!
C’est une élégie au temps qui passe, pleine de sagesse et de vérité, qui a le pouvoir de faire resurgir des trésors profondément engloutis en nous. Par cette succession d’images, d’émotions et de pensées, l’autrice tente de capturer l’essence même de l’existence humaine. Elle nous permet de comprendre que nous n’avons que peu d’emprise sur le cours des événements – qui nous emporte comme le courant – et que ce qui constitue réellement nos vies propres, ce sont plutôt toutes ces petites choses qui nous semblent insignifiantes mais nous font tels que nous sommes. Woolf explore également le concept de l’individualité et, par le ressac des consciences, nous révèle le paradoxe de la nature humaine : nous sommes tout aussi seuls qu’inextricablement liés les uns aux autres. Les vagues peuvent vous entraîner très loin, vous faire voguer vers des lieux inconnus et magnifiques, à la condition d’accepter de lâcher prise, d’accepter de larguer toutes les amarres et de vous laisser partir à la dérive.
Je n’avais jamais – honte à moi! – lu Virginia Woolf auparavant. J’ai adoré sa prose unique, empreinte d’une sensibilité exacerbée et d’une perspicacité hors du commun. Cependant, je dois admettre que ce n’est pas un livre des plus faciles à lire – j’ai eu, par moment, peur de m’y noyer! Cependant, une fois mes résistances abandonnées, j’ai été emportée par un maelström de mots et d’émotions! Ce livre est un chef-d’œuvre du genre de ceux qui laissent une marque indélébile et ne vous quittent jamais. Comme tous les vrais voyages, c’en est un qui forge le caractère et dont on revient changé. Je ne peux que vous recommander chaudement de monter à bord de ce navire de papier et de vous jeter à l’eau!
Et vous, quelles sont vos lectures d’hiver par excellence?
Je suis en pleine obsession pour Virginia, et ce livre-ci me tente autant qu’il me fait peur …
J’aimeAimé par 1 personne