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Les employés d’Olga Ravn, être humain ou pas?

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Au début de l’année, je me suis donné comme « résolution » de lire plus de genres que je n’ai pas l’habitude de lire, comme du fantastique, de l’horreur, du policier et de la science-fiction. J’ai une amie qui est probablement la plus grande admiratrice de la maison d’édition La Peuplade. Elle m’a rapidement convaincue de lire Les employés d’Olva Ravn, une danoise de 33 ans, quand il est sorti en librairie début février. Il est publié sous la collection « Fictions du Nord » où l’on retrouve d’ailleurs Agathe d’Anne Cathrine Bomann et Fair-Play de Tove Jansson.

Une dystopie où le mystère est maître

Dans une écriture en fragments, la plume d’Olga Ravn nous plonge à l’intérieur d’une dystopie moderne. Dans un futur plus ou moins lointain, à des centaines de milliers de kilomètres de la planète Terre, des humains et des ressemblants (que l’on peut comparer à des robots hyper réalistes) travaillent sur le six millième vaisseau et viennent de découvrir la Nouvelle Découverte où la neige brûle la langue.

Les humains et les ressemblants semblent différents les uns des autres aux premiers abords. Ils sont ceux qui ont été enfantés et ceux qui ont été créés. Ceux qui vont mourir et ceux qui ne mourront pas. Mais plus l’histoire avance, plus la frontière s’estompe entre les deux. L’histoire prend forme sous plusieurs dépositions, numérotées dans un ordre aléatoire, mais chronologique au récit d’une durée de dix-huit mois. Ces dépositions sont écrites autant par les humains que par les ressemblants, même qu’il n’est pas toujours évident de différencier les deux. Elles permettent d’évaluer la vie à bord du réseau et la nature des relations entre ressemblants et humains.

À bord, il y a les Objets. Ces Objets permettent de garder les humains sains mentalement, d’éprouver de la nostalgie, de rêver. Mais tout a une limite dans un futur où la science semble encore plus avancée qu’elle ne l’est maintenant. Mais l’est-elle vraiment?

Je n’ai jamais été employé. J’ai été créé pour travailler. Je n’ai jamais eu d’enfance non plus. Alors j’ai essayé de m’en inventer une. Mon collègue humain parle parfois de son envie de ne pas travailler, il prononce alors des paroles bizarres, totalement insensées, qu’est-ce qu’il dit?: « On est plus que son travail » ou plutôt : « On ne se réduit pas à son travail.  Déposition 031 (p. 34)

L’écriture d’Olga semble faite pour ne pas tout dire au lecteur. Elle laisse des trous dans l’histoire qui sont à compléter selon la lecture qu’on en fait. En plus d’être ingénieux, ce choix littéraire est audacieux. Cela permet de laisser le mystère planer tout au long du récit, nous en laissant juste assez pour deviner ce qui se passe hors des dépositions. L’écriture de l’autrice s’adapte bien au récit en crescendo et nous garde sur le bout de notre chaise tout au long de la lecture.

Une fiction prophétique?

À l’ère où nous sommes, où nous avons l’impression que les dangers face à l’humanité s’accumulent, la dystopie que l’on retrouve dans Les employés semble presque prophétique. Bien que j’ai adoré le livre et que je l’ai dévoré en deux jours, il me laisse un léger goût amer. Il me donne l’impression, bien que ce soit de la science-fiction, que certains aspects du livre, comme les ressemblants et le besoin de trouver une nouvelle planète, semblent assez réalistes. Peut-être était-ce l’intention de l’autrice?

Le livre apporte également un message important face à la nécessité de chérir ce qui se trouve autour de nous, autant au niveau de son appartement que de notre planète Terre. Le roman dénonce également les régimes totalitaires, car sans jamais être mentionnés, c’est ce qu’on semble percevoir à travers les différentes dépositions de l’atmosphère du vaisseau.

Suis-je coulé dans le programme comme une rose dans du verre? Déposition 165 (p. 143)

Fonctions et émotions, humains et ressemblants, tous s’entremêlent dans une narration stylistique où l’autrice joue avec le fragment pour s’éloigner du récit linéaire. Ce que j’aime le plus de ce roman, c’est qu’il m’a poussé à m’interroger sur moi-même et sur l’humain en général.

Lisez-vous des romans dystopiques? Est-ce qu’ils vous permettent une interrogation face à la vie humaine?

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