Littérature étrangère
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S’aimer un peu plus, à tout jamais

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Il y a de ces livres qui nous bercent depuis l’enfance. Ceux qui façonnent notre manière de penser, d’agir et de vivre en société. Ce sont des histoires simples qui nous font rire et pleurer par leur façon de traiter le quotidien avec autant de distinction. Et par leur sensibilité, ils traversent les années et les courants pour marquer les générations à venir. Parmi ces rares œuvres se distingue un récit éternel : Little Women, de Louisa May Alcott. Qui n’a jamais rêvé de faire partie d’une telle famille? D’être de ces bals, d’écouter Beth jouer au piano ou de s’enflammer comme Jo sait si bien le faire? Encore aujourd’hui, nombre de mes amies me rappellent que Little Women a été un point tournant dans leur vie; c’est ce qui leur a permis de s’aimer en tant que femme dans une société dictée par des hommes.

Porté à l’écran par la talentueuse Greta Gerwig et regroupant une distribution cinq étoiles, Little Women bénéficie d’un élan de popularité auprès des jeunes et des plus vieux. Snobé par l’industrie hollywoodienne, mais encensé par la critique… Que faut-il retenir de cette proposition? Mais surtout, est-il pertinent d’offrir une nouvelle vie au roman de Louisa May Alcott?

Retour sur le roman culte et sur son adaptation cinématographique…

Ce que femme veut

« I like good strong words that mean something. »

Paru en 1868, Little Women retrace le chemin des quatre filles du docteur March pendant la guerre de Sécession. Privées de leur père qui est parti au combat, les jeunes filles vivent les hauts et les bas du passage de l’enfance à l’âge adulte en compagnie de leur mère. Il y a la douce Margaret, la timide Beth, la têtue Amy et l’intrépide Jo. Inspiré de la vie de l’autrice Louisa May Alcott et de ses trois sœurs, il s’agit d’une autobiographie romancée.

Si, à bien des égards, Little Women est une œuvre jeunesse, j’ai plutôt la conviction qu’il s’agit d’un roman sans âge. Encore aujourd’hui, je prends goût à cette histoire, et je l’apprécie même davantage. M’y étant replongée quelques semaines avant le visionnement du film, j’ai été aussi captivée qu’à ma toute première lecture. Si la première partie de l’œuvre est bien juvénile, on prend rapidement goût, comme lecteur, à la tournure de la narration. Car au fil des pages, l’écriture s’affine, devient plus engagée et confiante. De plus, les personnages créés par Alcott réflètent des personnalités si différentes et pourtant, complémentaires. On peut se retrouver dans chacune des jeunes femmes, même si on est toutes portées à préférer Jo. Car l’héroïne du roman est en elle-même un sujet bien complexe et fascinant. C’est un esprit libre qui choque par sa manière d’être et de penser. Elle inspire à elle seule l’espoir et l’indépendance. Bien que Little Women nous offre certaines envolées romantiques, il y a quelque chose de très avant-gardiste dans la façon de penser et d’écrire de l’autrice. Il y a, chez ces sœurs, une espèce de sororité qui défie toute compétition ou amertume. Comme dirait Jo, la vie est beaucoup trop courte pour se fâcher avec ses sœurs. C’est un roman puissant qui change notre manière de penser et de nous épauler entre femmes. C’est une œuvre sur la création, la liberté et l’amour inconditionnel que les femmes ont entre elles. Car si Little Women m’a appris une chose en particulier, c’est que nous sommes toutes et chacune des sœurs.

Ce qui nous séparera nous unira

« For with eyes made clear by many tears, and a heart softened by the tenderest sorrow, she recognized the beauty of her sister’s life – uneventful, unambitious, yet full of the genuine virtues which ‘smell sweet, and blossom in the dust’, the self-forgetfulness that makes the humblest on earth remembered soonest in heaven, the true success which is possible to all. »

Ce qui est admirable avec l’adaptation de Greta Gerwig, c’est que la réalisatrice a réussi à rendre l’œuvre pertinente par sa modernité et par ses flèches lancées à la société actuelle. Un remake est rarement aussi convaincant que celui-ci. Que ce soit grâce à des remarques sur la politique américaine ou sur la carrière des femmes, on sent que Gerwig a longtemps pensé à créer un film qui pourrait traverser les époques. S’appropriant l’histoire et n’hésitant pas à modifier certains détails pour la rendre plus accessible, elle charme son auditoire par la modernité et l’élégance du récit. Les dialogues sont à couper le souffle, et la chimie entre les actrices est fascinante, limite étourdissante! Un climat de quiétude traverse ces deux heures de film, malgré la vivacité de la famille. On ne peut passer sous silence la proposition de Saoirse Ronan en Jo March, un rôle qui semble avoir été conçu pour elle. La scène finale entre Jo et sa mère est un baume pour l’âme. On sent toute la volonté, la candeur et le courage de cette jeune fille voulant s’illustrer comme une femme à part entière, et non comme l’objet d’un conjoint. Mais le véritable coup de maître de Gerwig est d’avoir rendu le public empathique envers le personnage d’Amy. Le jeu tout en finesse de Florence Pugh nous offre une tout autre perspective du personnage – il faut l’admettre – le moins aimé des sœurs March. Sa candeur, sa spontanéité et son regard teinté sur la femme qu’elle doit devenir dans la société font d’elle un personnage phare du film. Nul doute que Greta Gerwig était destinée à nous offrir sa version du récit. À mes yeux, il s’agit de la meilleure adaptation de l’œuvre. Si la force de Gerwig réside dans la scénarisation et dans la direction d’acteurs, elle nous offre tout de même des images à couper le souffle. La campagne américaine, les hivers féeriques et les couleurs vives des costumes restent en tête bien des semaines après le visionnement du film.

Lorsque j’ai appris que Little Women n’avait eu que de singulières et minimes nominations dans différents galas, j’ai été énormément déçue. Non seulement parce que j’ai la conviction qu’il s’agit d’un des meilleurs films américains de l’année, mais surtout parce que l’œuvre porte tout un message d’espoir. Encore cette année, aucune femme n’a été mise en nomination comme réalisatrice aux Golden Globes. À ce jour, seulement cinq femmes ont été nommées dans cette catégorie, et ce en 77 éditions. Ce qui me pousse à affirmer que, malgré les années et les batailles, il y a encore énormément de chemin à faire quant à l’émancipation des femmes. Et bien que je sois déçue de ce snobisme culturel, je n’ai aucun doute que l’œuvre de Louisa May Alcott et l’adaptation de Greta Gerwig peuvent faire taire les sceptiques. Car, oui, Little Women est toujours autant d’actualité et aussi pertinent.

Et vous, quels livres vous ont aidé à porter un regard unique sur le féminisme?

2 Comments

  1. Ping : S’aimer un peu plus, à tout jamais | Le fil rouge – Le Bien-Etre au bout des Doigts

  2. Totalement d’accord à propos du film. Je crois que j’ai vu toutes les adaptations existantes et celle-ci est certainement la meilleure! Par conte, je n’ai toujours pas lu le livre. Je me désole qu’il y ait si peu de traduction francophone disponible! Je n’aurai d’autres choix que de le lire en anglais.

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