All posts tagged: création littéraire

Le profil du papillon lune (partie 2), par Kim Renaud-Venne

Pour lire la première partie de la nouvelle, c’est ici! ** Quelques collègues harassés commencèrent à délaisser une à une leurs chaises de bois, aussi chancelantes qu’inconfortables, pour retrouver leurs lits douillets et leurs cernes du lendemain. La soirée avait passé sans que Robyne s’en rende compte, mais en voyant ces manteaux s’enfiler et ces regards fatigués, elle sentit quelques picotements tout le long de ses bras, comme un rappel lancé par cette autre Robyne : celle qui avait l’habitude de s’affoler lorsque l’heure du convenable prenait le bord. Agissant par mimétisme, elle fit ses aurevoirs et marcha seule en direction de son appartement, un peu froissée par cette partie d’elle-même qui la dévisageait quand le plaisir cherchait à entrer. Le bar n’était pas loin de chez elle, ce qui rendit la soirée tout de même satisfaisante. Elle connaissait bien le quartier, les ruelles bordées de vieux logis aux airs charmants et calmes qui la menèrent vers le sien. Elle repensa à cet intermède de vie qu’elle venait de quitter, déjà disposée à l’analyser. Elle …

Le profil du papillon lune (partie 1), par Kim Renaud-Venne

Elle frottait depuis vingt minutes, si bien qu’elle s’arracha le bout de l’ongle en poussant un cri rageur. C’était l’index, le travailleur. On pouvait bien lui détruire les mains si c’était pour lui laisser la pensée libre ne serait-ce que pour quelques heures, voire quelques minutes. Elle prit les grands moyens et sortit l’éponge en laine d’acier. Antiadhésive, mon œil. Robyne se râpa le creux des mains, ravivant à regret son eczéma. Un couteau, il fallait un couteau avec des dents, le genre d’ustensile qui s’enfonçait immanquablement dans une de ses phalanges lorsqu’elle coupait du pain le matin, la tête encore engourdie par le sommeil. Entre deux soupirs exagérés, Robyne alimenta une fois de plus ses réflexions sur le non-sens de son existence. Déloger la crasse, racler la cendre. Ses yeux commencèrent à se troubler quand elle se mit à frictionner vigoureusement, en invitant tout le poids de son torse, pour qu’enfin la souillure diabolique renonce. Pulvériser ce qui reste de solide afin que l’étincelant remplace la saleté. « Demain, ce sera à refaire », …

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Je ne sais pas penser ma mort : un essai qui résonne

Dès que j’ai aperçu Le titre Je ne sais pas penser ma mort, j’ai su que je désirais lire cet essai. C’était plus fort que moi, mon attention avait été piquée. Il faut dire aussi que j’aime ce que font les Éditions La Peuplade et que je trouvais le bouquin fort joli, ce qui ne nuit pas, du moins pour ma part. Cet essai regroupe plusieurs textes et réflexions que l’auteure Marisol Drouin a écrits à la suite de l’abandon de son roman sur lequel elle travaillait depuis cinq ans. Elle se met donc à écrire plus librement, sans contraintes et sans attentes; c’est ce qui a donné Je ne sais penser ma mort. Un essai plein d’honnêteté qui résonne en moi, depuis la fin de ma lecture. On se retrouve devant des textes qui n’ont pas nécessairement de linéarité les uns avec les autres, mais c’est grâce à la voix de l’auteure, grâce à sa plume sincère et engagée, que je me suis vue lire ce livre en quelques petites heures. Tout d’abord, c’est …

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Petit exercice d’écriture : entre père et fille

Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de mon père et, pour célébrer, pour lui offrir un petit quelque chose de spécial, je fais cet article. Il m’avait parlé, à quelques reprises, de son intérêt à voir publiés nos deux textes sur le blogue, chose due, chose faite. Bonne fête papa !! Tout a commencé par un extrait de Plus on est de fous, plus on lit! Je ne sais plus lequel mais il s’agissait d’un exercice d’écriture où, à tour de rôle, chacun donnait une phase à l’autre et il avait deux heures pour écrire un texte qui débutait avec la phrase choisie par l’autre personne. Mon père, ayant trouvé l’idée bien originale et intéressante, me lança le défi. On a tous deux pris bien plus de deux heures pour écrire nos textes et nous l’avons fait en alternance. Mon père m’a donné une phrase, j’ai écrit un texte. Je lui ai donné une phrase et il a simplement continué ce qui avait été écrit, avec la phrase donnée. C’est un exercice pas trop contraignant et vraiment plaisant à faire, …