Au-delà des livres
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Histoire d’une fille (pas toujours) végétale

Mars étant le mois de la nutrition, je vous brosserai un petit portrait diptyque de ma relation avec le végétalisme, qui répondra peut-être à quelques interrogations sur ce mode de vie encore assez méconnu; un bref historique aujourd’hui suivi d’un inventaire de mes essentiels la semaine prochaine. N’hésitez pas à nous faire part de vos expériences, questions ou réflexions alimentaires, qu’elles soient végés ou non!Featured image

Il y a deux ans, après quelques allées et venues dans le végétarisme, après maintes tribulations à travers choucroutes et escalopes, je décide de devenir végétalienne. L’un de mes choix qui s’avérera les plus libérateurs de ma vie. En effet, déjà enfant, je répugne à manger viande, œuf, lait, fromage, yogourt, poisson (surtout le poisson); tsé, les fameux enfants «difficiles », j’avais ma réputation! Déjà enfant, quelque chose clochait dans ma tête avec ça. C’était au-delà du dédain, une véritable incohérence à mes yeux. Mon imaginaire en puissance restait fixé sur l’image de l’animal et n’arrivait pas à décoller de celle-ci. Je buvais le lait en me pinçant le nez car ce liquide goûtait la vache, le pis de la vache.

Ceci dit, j’ai quand même, à la longue, fini par manger sans trop de problèmes ce que l’on mettait dans mon assiette, chez moi, chez les amis. Toujours avec un peu de réserves, à grands renforts de refoulement et de politesse.

Puis, je le dis ici sans gêne, j’ai commencé à sortir avec mon copain en 2009 et là, j’ai carrément commencé à bouffer de la viande. Pis j’ai aimé ça pour vrai, beaucoup, pis j’en mangeais pas à peu près. Juste pour vous dire, pendant un moment, suite à un voyage en Alsace, j’ai eu une grosse passe choucroute. Avec les saucisses pis toute. Ça a duré environ deux ans et demi, la viande big time. Jusqu’au jour où je me suis retrouvée face à moi-même et que je me suis dit que ça ne me ressemblait pas, que ça ne me correspondait plus. Comme en décalage horaire avec moi-même. J’avais pu de fun à manger de cette façon, me sentait lasse et surtout effrayée face à l’éthique animale. Bref, ce n’était pas moi et ce n’était pas ainsi que je voulais nourrir mon corps et mon esprit.

On me demande souvent si je regrette d’avoir mangé de la viande. Ma réponse est que je ne regrette pas ces moments carnivores. Ils font partie intégrante de ma vie.

C’était durant la grève du printemps érable, j’avais du temps devant moi. Je l’ai fait d’abord pour les animaux, pour l’environnement, pour ma santé. Pour mes papilles gustatives. J’ai lu sur le sujet, ratissé YouTube, réfléchi, j’ai essayé des trucs. J’ai d’abord cessé de manger de la viande, puis le fromage, longtemps après. Le yogourt a été le plus difficile à couper. J’ingurgitais alors beaucoup de yogourt, style un grand pot par jour, au déjeuner. Puis, un jour, sans le savoir, j’étais complètement végétalienne.

Depuis, je ne regrette rien. Ne m’ennuie de rien. Je le jure.

Parallèlement, mon chum était devenu végétarien. Et il en était malheureux comme une pierre. Ça n’a pas duré, cinq ou six mois, et il n’a d’abord pas osé me le dire quand il a recommencé à manger de la viande. Il avait peur de ma réaction, que je sois fâchée, déçue. Ce n’était pas le cas et ne le sera jamais. Que quelqu’un soit végétarien (ou végane) ou non ne m’importe guère, même s’il s’agit de mon copain, de ma meilleure amie, de ma famille. C’est un choix totalement personnel, comme tous les autres choix dans la vie d’ailleurs, selon moi. Et les choix méritent le respect, même s’ils sont différents ou complètement inverses aux nôtres. Si quelqu’un respecte mes choix alimentaires, alors je me dois de respecter les siens, et c’est ce qui fait en sorte que je suis végétalienne et que mon chum ne l’est pas et que tout est bien ainsi. Critiquer en dévaluant est le contraire de respecter, contrôler est le contraire d’aimer.

Le végétalisme est mon choix, celui que j’ai fait avec mon cœur d’enfant, celui qui me rend heureuse, me fait sentir vivante. Et honnêtement, je me sens mieux et plus en forme que jamais, à plusieurs niveaux. Toutefois, je ne prêcherais pas ici en faveur du végétalisme en disant que c’est le meilleur mode de vie, la recette magique et que tout le monde devrait l’adopter sur le champ pour éviter de mourir dans d’atroces souffrances; c’est un monde à explorer, mais un monde qui ne convient ou ne plaît peut-être pas à tous et encore moins instantanément. Je pense que chacun doit découvrir son propre bonheur et que celui-ci est protéiforme et peut évoluer au cours d’une vie, ce dont je peux témoigner de par ma propre expérience. Je ne crois pas à la solution unique et totalitaire, l’expérience de la vie est plus complexe, plus riche et mystérieuse que cela. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de s’alimenter, il n’y a que des gens qui se sentent bien ou mal par rapport à leur choix (citation de mon chum :)). Il faut savoir explorer, se tromper, parfois, rester ouvert d’esprit, s’informer par soi-même et pas seulement à travers ce que disent les autres. C’est primordial de rester à l’écoute de soi. Et de rester indulgent envers les autres, mais aussi envers soi-même.

Et vous, votre manière de manger vous comble-t-elle? Vous fait-elle apprécier chaque jour ce que vous portez à votre palais et dans votre bedon? Est-elle en accord avec vos valeurs, avec votre vision de la vie? Qu’appréciez-vous le plus? Pour ma part, ce sont les fruits. Je trippe sur les fruits, ils me procurent un bien-être indescriptible. Un prochain article vous présentera mes grands favoris et essentiels comestibles. Je vous souhaite de vivre dans un coup de foudre culinaire perpétuel, quels que soient vos choix. Comme je le vis depuis deux ans.

On m’a dit un jour que cela prenait deux ans pour que toutes les cellules de notre corps se renouvellent entièrement. J’aime penser que je suis maintenant une fille végétale.

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Fanie est étudiante au 3e cycle en Études littéraires à l’UQÀM. Enfant, elle avait tendance à se battre avec les ti-gars dans la cour d’école, ce qui expliquerait peut-être pourquoi elle rédige une thèse sur les figures de guerrières des productions de culture populaire contemporaine. Son arc comporte quelques cordes; en plus de faire partie de l’équipe des joyeuses fileuses, elle codirige le groupe de recherche Femmes Ingouvernable, collabore à la revue Pop-en-stock, à la revue l'Artichaut, ainsi qu’au magazine Spirale. À part de ça, elle a écrit le roman "Déterrer les os" (Hamac, 2016). Dans son carquois, on trouve un tapis de yoga élimé, un casque de vélo mal ajusté, trop de livres, un carnet humide, un coquillage qui chante le large et une pincée de cannelle – son arme secrète ultime contre les jours moroses. Féminisme et végétalisme sont ses chevaux de batailles quotidiens.

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