Je ne suis vraiment pas le public cible des romans policiers. J’ai plutôt ouvert Apocalypse bébé parce que c’était de Virginie Despentes, enfant terrible de la littérature française, et non pas pour l’appartenance générique du roman. Eh bien, j’ai été servie !
Apocalypse bébé raconte l’histoire de deux détectives privées, Lucie et « L’Hyène », à la recherche de Valentine, adolescente parisienne en fugue. On se retrouve dans une dynamique « Sherlock/Watson », où La Hyène éblouit Lucie par ses qualités d’enquêtrice. Les deux femmes partent en mission à Barcelone pour mettre la main sur Valentine et la ramener à sa famille.
Bien qu’écrit il y a presque 6 ans, le roman de Despentes est patent d’actualité : il s’y produit un attentat terroriste en plein cœur de Paris qui fait des centaines de victimes. C’est un attentat « juste parce que », semble dire Valentine, juste parce que la société fait chier. Dans Apocalypse bébé, on fait sauter le patriarcat blanc et raciste, l’institution élitiste et bourgeoise, la religion comme la surconsommation. C’est une colère violente qui anime la jeunesse française et qui la pousse jusque dans ses derniers retranchements.
Le rythme soutenu des événements fait du roman de Despentes un véritable page turner. Le style argotique franchouillard ne fait pas dans la dentelle des longues descriptions de paysages et d’états d’âme. Les dialogues sont riches et cyniques, ils font rire autant qu’ils font grincer des dents.
Au final, le roman de Virginie Despentes fait table rase : on fait exploser Paris et on ne donne aucun élément de réponse. Juste parce que. C’est un roman sur la perte de repères au 21e siècle. C’est aussi un roman d’apprentissage qui tourne mal et qui donne à réfléchir longuement sur les événements les plus récents de l’actualité internationale.
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