01Le mois dernier, dans le cadre du défi littéraire et du genre Roman d’amour, j’ai décidé de lire deux romans qui mettent en scène le deuil amoureux. Le premier qui a attiré mon regard depuis déjà quelques années est Les cascadeurs de l’amour n’ont pas droit au doublage de Martine Delvaux. Ce petit bouquin publié chez Héliotrope me fascinait bien entendu par le titre fortement inspirant et ludique. Or, rien n’est drôle dans ce court roman de Delvaux. On y suit une femme blessée par un amour qui lui a menti. Son amoureux, un Européen, s’est avéré une déception immense dans ses prises de décisions, d’opinions et dans sa façon constante de rabaisser celle qu’il dit aimer. La femme passionnée est attirée par cet amour plus grand que nature qui lui fait vivre les plus grandes émotions et tourments.
Elle décide donc de quitter cet amour néfaste, et ce, malgré la douleur intense de se séparer de celui qui a été une promesse d’amour à ses yeux. Elle part toute seule à Rome, histoire de se retrouver et de guérir de cette passion noire qui fait si mal. J’ai trouvé l’écriture envoûtante et surtout extrêmement réaliste. Je sentais la douleur, la passion, la tendresse qui existait entre les deux amants. J’ai aussi senti une pulsion de vie de la part de l’amoureuse de le quitter, de mettre un terme à cette relation nuisible et surtout, j’ai été admirative envers ce choix de ne pas aller rejoindre cet homme synonyme de douleur, mais de plutôt partir à la rencontre de soi-même, pour se reconstruire un peu, après un amour si grand, si ravageur et toujours si beau et prometteur.
Ma deuxième lecture thématique deuil amoureux était Petite armoire à coutellerie de Sabica Senez. Hybride entre le roman, la poésie et le carnet de notes, Petite armoire à coutellerie nous entraîne littéralement en plein cœur d’une peine d’amour. La narratrice note au gré de ses envies ses émotions et ses pensées vis-à-vis l’amour perdu, trahi. Elle aborde ses vieux souvenirs douloureux, les heureux aussi et les autres, où elle a tenté de l’oublier dans les bras d’autres. J’avais réellement envie tout au long de ma lecture de m’arrêter et de noter les phrases tellement elles étaient belles. Je passais mon temps à me dire Je dois noter celle-là, je dois l’écrire dans l’article. Or, comme c’est arrivé au moins une douzaine de fois, je vais seulement en noter une. Et surtout vous inciter à courir le lire. J’ai rarement lu des phrases si coup de point pour décrire la peine de cœur et tout l’arc-en-ciel noir-gris d’émotions qui l’accompagne.
Ce n’était pas tant une envie de mourir qu’une peur d’en mourir. Au bout de mon sang.
La lecture de Caroline
Pour ma lecture de février, j’ai lu Des Papillons pis de la gravité d’Alexandra Larochelle et je vais être très honnête, je pense que j’ai un peu trop aimé ça. Le roman d’Alexandra, c’est de la « chick-lit » parfaite dans tous les sens du terme, un peu comme ceux d’Amélie Dubois, le genre de livre qui nous met un sourire aux lèvres tout au long de notre lecture. Certes l’écriture de l’auteure m’a paru un peu trop adressée à la version adolescente de moi-même par moment, mais contrairement à Marjorie dans sa critique, j’ai aimé que l’auteure nous invite à boire du vin avec elle et qu’elle nous parle directement tout au long du roman. Peut-être parce que très souvent j’accompagne mes lectures d’un verre de vin, alors j’avais souvent ma coupe à la main au bon moment, prête à l’emploi. Évidemment, je connaissais Alexandra Larochelle de nom, comme beaucoup de lecteurs (trices) de ma génération, mais je n’avais jamais lu ses livres, moi non plus. Bref, une belle petite histoire d’amour bien ficelée de jeune adulte (qui aurait très bien pu se glisser dans la première catégorie du défi), qui découvre le bonheur d’avoir de petits papillons au ventre et qui rappelle l’importance de ne pas trop prendre la vie au sérieux. Frédégonde (pauvre enfant!), le personnage principal du roman, est attachante à souhait dans toute sa maladresse et sa découverte de soi et de l’amour. Ça m’a rappelé de bien bons moments de ma vie et j’ai déjà hâte de lire la suite, car avec une fin comme celle-ci on en veut presque à l’auteure de nous avoir laissés comme ça! À lire un verre de vin à la main et le cœur léger…
Les lectures de Marion
Veiller la braise (Sara Lazzaroni)
J’ai lu ce livre avec de grandes attentes. En effet, les critiques de Marjorie et de Martine d’il y a quelques mois m’avaient déjà donné grandement envie de me plonger dans cette œuvre dont je connaissais déjà l’auteure pour avoir lu son premier roman Patchouli.
Le roman Veiller la braise est beau, parce que l’écriture est imagée, souple, douce, évocatrice et poétique. Et en même temps, ce que le roman raconte est banal, c’est l’amour au quotidien, c’est ce qui se brise puis se répare, ce sont les concessions, les petites choses, la beauté d’aimer l’autre malgré tout le reste. Les mots de l’auteure jouent avec les sentiments et on perçoit la complexité de ceux-ci au travers des épreuves vécues par les deux protagonistes. Et l’amour est palpable dans les mots, les phrases, les virgules, les silences. C’est beau parce que c’est simple et extrêmement vrai.
La narration qui alterne entre les deux personnages est parfois mélangeante, parfois dérangeante. Les indices qui nous permettent de savoir qui parle sont minces (la fille parle à la 2e personne, le gars à la 3e) et j’ai trouvé que cela brisait parfois le fil de l’histoire, puisque nous étions pris à déchiffrer les indices. Mais en même temps, cette belle complexité participe à rendre l’œuvre ce qu’elle est, elle brouille les frontières tout en mettant en évidence la beauté d’un quotidien pas nécessairement ordonné.
33, chemin de la Baleine (Myriam Beaudoin)
33 chemin de la Baleine est l’histoire d’une vieille femme atteinte d’Alzheimer qui reçoit la visite d’un jeune qui lui remet un paquet de lettres anciennes et qui lui fait la lecture. Les lettres sont en fait celles qu’elle-même a écrites dans le passé à son mari alors que celui-ci avait quitté sa maison pour un moment, qui s’est finalement avéré être long et sans retour, mais la vieille femme ne s’en souvient pas. Le roman se compose donc presque uniquement de lettres récitées les unes après les autres et entrecoupées de conversations et d’intermèdes du moment présent, et de la volonté d’un homme à vouloir rendre les souvenirs à une femme qui a oublié.
Si j’ai été attirée par ce deuxième roman de Myriam Beaudoin, c’est que j’ai plus qu’adoré Hadassa, dont l’intrigue se situait dans les communautés juives de Montréal. Cependant, mes ardeurs ont été quelque peu refroidies face à ce roman qui se veut touchant et sentimental, mais dans lequel j’ai eu beaucoup de difficulté à embarquer. J’ai trouvé les lettres quelque peu longues et redondantes, et les dialogues entre la vieille femme et l’homme peu naturels. Et même si on apprend que la vieille femme n’a plus toute sa tête, ses paroles m’ont semblé enfantines, voire idiotes, surtout quand elle répète les mêmes choses plusieurs fois, qu’elle oublie coup sur coup ce qu’on lui dit ou qu’elle répond d’une façon beaucoup trop naïve. Et même si on reconnaît l’écriture articulée de l’auteure, j’ai trouvé que celle-ci n’arrivait pas à rendre le récit réaliste, ni à me toucher en tant que lectrice. Bref, peut-être ce livre a-t-il un public un peu plus âgé que moi, public qui apprécierait davantage le ton, le rythme et le sujet de cette histoire.
La lecture de Karina
Pour le mois de février, je voulais faire changement d’un roman d’amour classique entre une femme et un homme (ou femme avec femme, homme avec homme). Le roman Reine de Françoise De Luca m’intéressait par sa couverture et par sa quatrième couverture : « Ce roman d’amitié est une vibrante déclaration d’amour adressée à une amie de jeunesse, femme haute en couleur, tardivement retrouvée. C’est l’histoire d’une de ces amitiés totales de l’adolescence, qui semblent inconditionnelles, mais qui se trouvent durement éprouvées par le passage à l’âge adulte, l’affirmation des ambitions, des idéaux, des valeurs de chacun. » Retrouver deux femmes qui vivent une amitié forte et passionnée m’interpellait. Je crois que l’amitié est plus forte que l’amour. Sauf que l’histoire entre ces deux jeunes femmes est particulière. L’une est sage et l’autre sauvage. Elles se sont choisies. Pourtant ça n’a pas toujours été facile, elles se sont perdues et retrouvées à plusieurs reprises. Elles ont vécu le grand amour, mais elles ont toujours été là l’une pour l’autre aux moments les plus importants pour elles et c’est, je crois, ce qui est important dans une amitié. Ce n’est pas les absences qui comptent, mais plutôt tous ces moments importants où on est là pour l’autre. C’est ce que font ces filles. La sage, toujours présente à supporter la sauvage, à être dans son ombre. Mais c’est qu’elle a un grand vide à combler. Elle ne l’a pas eu facile. La sauvage a eu une mère alcoolique et suicidaire. Et elle est ainsi devenue orpheline à un très jeune âge. Elles ont vécu toutes les étapes importantes d’une vie. Mort, naissance, mariage, collocation, etc. Toutes les étapes importantes qu’on peut vivre lors d’une relation amoureuse. Outre cette histoire d’amitié, Françoise De Luca a une magnifique plume. Elle a une écriture très poétique et on se laisse bercer par ses mots. Ses mots créent une ambiance, une couleur. Je me suis plu dans cette lecture.
La lecture de Marjorie
Sérafim et Claire, c’est deux parcours juxtaposés par chapitres, entrecoupés de lettres et de descriptions de photographies. C’est l’histoire de Claire Audette, danseuse ambitieuse en soif de succès, et celle de Sérafim, jeune photographe portugais avant-gardiste qui quittera son village d’origine à la suite d’un échec amoureux.
En entamant Sérafim et Claire, je m’attendais un peu naïvement, quoiqu’un peu normalement, à une histoire d’amour entre les deux protagonistes. Ce roman ne tourne pourtant pas autour d’une histoire d’amour pour ainsi dire, du moins, ce qui se passe entre Sérafim et Claire n’est pas la pierre angulaire de l’œuvre. Je dirais plus que c’est un roman qui s’attarde à l’amour des passions, qui explore les limites et les possibles de ceux qui cherchent à percer, qui veulent vivre de leur art, envers et contre tout. C’est vraiment cet amour qui, à mon avis, transperce les pages de ce roman. Chacun des personnages est allumé par une passion, par quelque chose de plus grand que soi, par une soif de créer, de militer, de dénoncer, qui les poussera parfois trop loin, aux antipodes de la gloire.
La lecture de Roxanne
Au mois de février, j’ai lu Golden Square Mile de Maxime Catellier et, très franchement, je ne suis pas trop certaine de quoi en penser. Pour un roman d’amour, ça en est tout un! L’amour passionnel, l’amour qui rend fou. Par contre, l’écriture de l’auteur m’a un peu refroidie. Je pense que l’histoire, qui n’avance pas vraiment au cours du roman, aurait été beaucoup plus pertinente sous forme de poèmes. Ce roman aurait été plus agréable à lire s’il avait été un recueil de poésie. Le rythme créé par les rimes et les enchaînements aurait mieux servi cet amour à sens unique. Au contraire, on se retrouve ici dans une marre de phrases interminables qui ne semblent mener nulle part. Je m’avoue déçue de Golden Square Mile, mais j’irai peut-être explorer la poésie de Catellier, puisqu’il en a publié précédemment!
Le roman d’amour québécois que j’ai lu au mois de février est Hamaguri, le deuxième tome de la pentalogie Le poids des secrets de l’auteure Aki Shimazaki. J’avais lu le premier tome il y a quelques années et j’ai eu envie de retrouver le style d’écriture de l’auteure qui m’avait charmée par sa simplicité et sa poésie.
Hamaguri, c’est l’histoire de Yukio qui fait un pacte d’amour éternel avec son amie Yukiko, juste avant que la vie les sépare, alors qu’ils sont encore des enfants. À l’adolescence, ils se retrouvent sans se reconnaître, éprouvant toujours des sentiments très forts l’un pour l’autre. Ils sont séparés à nouveau et Yukio passe ensuite sa vie à espérer la retrouver, jusqu’au jour où sa mère tente de lui faire comprendre la vérité.
C’est un roman rempli d’amour, de rapports familiaux complexes, de blessures et de non-dits. J’ai été ravie de retrouver la plume épurée de l’auteure ainsi que l’atmosphère enivrante qu’elle réussit à créer.
Je ne vous en dirai pas trop sur ce petit roman ne contenant qu’une centaine de pages. Je vous laisse découvrir cette touchante histoire qui est reprise d’un point de vue distinct et racontée par un narrateur différent dans chacun des tomes.
La lecture de Marie-Hélène
Recueil de nouvelles érotiques sous la direction de Stéphane Dompierre, Travaux manuels. Ce collectif en est un très intéressant puisqu’il regroupe plusieurs artistes autour d’une même thématique : l’érotisme. Au fil des nouvelles, je me suis reconnue dans plusieurs personnages – #lolpaslol – et je me suis également interrogée face à des fantasmes auxquels je n’avais jamais ne serait-ce que conceptualisé. L’histoire de Stéphanie Boulay (du groupe Les sœurs Boulay!), entre autres, m’a particulièrement intriguée. Je vous laisse la découvrir, mais ça parle d’animaux marins pis d’un professeur de plongée. Bref, certaines histoires sont réellement captivantes et contrebalancent bien la redondance et les clichés qui peuvent être présents au sein d’autres textes (deux ou trois, je dirais) dans le livre. J’ai un gros coup de cœur pour celle de Michel-Olivier Gasse, le tout premier récit du recueil. On y voit le développement d’une tension sexuelle amour-haine, et c’est une situation particulièrement émoustillante. De plus, il faut dire que l’auteur ne joue pas dans les tournures de phrases super extravagantes et va directement au but, ce qui peut s’avérer particulièrement efficace dans ce genre de littérature. Je vous conseille de lire ce livre comme l’on déguste un bon spiritueux : avec modération, un chapitre à la fois. Histoire de faire durer le plaisir. Bonnes soirées.
Je suis tellement d’accord avec toi pour Petite armoire à coutellerie ! Il faut absolument le lire. C’est rapide et c’est beau mais beau…
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Merci pour ces belles suggestions! 🙂 Bien hâte de lire Les cascadeurs, qui se trouve dans ma pile, pas trop loin dans les prochains à lire! 😉
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Je viens de commencer Veiller la braise ! Et ooooooh que c’est beau !!!! Merci pour vos sélections qui me correspondent à chaque fois ! Merci, merci, merci ! Je me délecte de tous ces mots.
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