Dans son dernier roman, Sophie Fontanel nous entraîne dans un monde des plus facilement jugé ; celui de la mode. La vocation joint deux histoires, soient celle de Sophie, rédactrice au magazine Elle, et celle de son arrière-grand-mère Méliné, Arménienne arrivée à Paris avec sa mère Knar.
Cette jonction entre le présent et le passé s’incline aussi entre la fiction et le réel. Sophie Fontanel ayant réellement été à la tête du Elle magazine, s’est inspirée de son expérience pour écrire l’histoire au présent. Pour la partie au passé où elle traite du parcours de son arrière-grand-mère, elle a puisé dans la fiction, malgré la réelle existence de cette femme amoureuse des beaux vêtements. Allez fouiller le mot-clé #LavocationSophieFontanel sur Instagram, l’auteure a eu la généreuse idée de partager des archives familiales qui viennent sceller l’entreprise littéraire de cet ouvrage.
Sous un fond de crise migratoire, la famille de Sophie est fascinante par son rapport à la vocation, à ces passions qui rendent la vie plus belle, plus endurable. Méliné est fascinée par les magazines de mode, par la classe des Françaises et par la beauté des tissus. Tandis que du côté de son arrière-grand-père, c’est la passion du bois et de l’ébénisterie qui le tient en vie. Ce couple est l’exemple indéniable que les passions changent des vies et que de faire réellement ce qu’on aime parvient à surmonter bien des épreuves.
Grandir de Sophie Fontanel, dont j’ai parlé dans cet article, traitait de sa relation avec sa mère vieillissante et la dureté de voir ceux que l’on aime vieillir et dépérir. Il y a donc une belle délicatesse et tendresse de la part de Fontanel pour ces femmes, pour ces générations antérieures de femmes qui l’ont fait devenir celle qu’elle est aujourd’hui. J’ai été touchée par les pensées de Fontanel, qui répétait souvent comment Méliné serait impressionnée de savoir que sa descendance travaillait dans un des plus grands magazines de mode. Loin de là, l’idée du prestige qu’est le monde de la mode, le désir allait plus loin. Entre ces femmes, une adoration des beaux habits – comme le dit si bien Méliné – existe et est le moteur social d’une confiance en soi, voire dans le cas de Méliné, d’une raison de continuer, de garder espoir.
Ce désir d’écrire une histoire sur le monde de la mode vient de cette volonté de montrer que l’élégance n’est pas toujours ce qu’on croit (lire, ce qu’on voit dans les magazines de mode) et aussi certainement un désir de démontrer l’absurdité de ce monde parfois. Fontanel nous emmène dans les bureaux du Elle magazine, sur les passerelles des grands défilés et nous fait réellement voir toute la dureté de ce milieu. Tout n’est pas noir ni blanc dans le monde de la mode, mais rien n’est futile pour autant et c’est un peu l’essence même du roman. L’amour des belles choses, du design, de la beauté et des habits, tout cela est tellement plus que du superflu. C’est après plus de 15 ans chez Elle magazine que Sophie a quitté ce monde pour se positionner comme écrivaine et aussi, disons-le, comme figure inspirante du monde de la mode, plus particulièrement sur Instagram. Elle a quitté cet emploi il y déjà un an et gageons que cette liberté lui a permis l’écriture de ce bouquin en toute franchise.
Pour l’amour d’Instagram

Finalement, je ne pouvais pas vous laisser sans vous partager ma dernière découverte instagramienne (!), le compte de Sophie Fontanel @sophiefontanel. Un peu comme la Lena Dunham française, Fontanel offre un regard frais et complètement décomplexé du monde de la mode. En entrevue, elle le dit elle-même qu’Instagram a eu une influence sur sa vie : « Je ne suis plus soumise à la notoriété du média qui m’emploie » Elle est libérée, créative, drôle, décomplexée et pour toutes ces raisons, mon coup de coeur assuré.
Elle authentifie Instagram de ces clichés parfaits qui viennent avec le monde de la mode et ça fait drôlement plaisir.