Poésie et théâtre
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« J’suis jamais malade en été d’habitude » : Rencontre avec l’auteure et comédienne Patricia Rivas

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Il y a déjà quelques semaines, j’ai assisté avec Marjorie à la représentation de la pièce de théâtre J’suis jamais malade en été d’habitude. Nous avons été incroyablement et positivement surprises de cette pièce racontant l’histoire d’une jeune femme qui apprend qu’elle est atteinte de la sclérose en plaques.

Avec beaucoup de sensibilité et d’humour, on suit cette jeune fille dans ses questionnements personnels lors de l’annonce de sa maladie à ses proches, puis dans son acceptation de cette maladie. La comédienne principale, Patricia Rivas, est tout à fait remarquable; elle a un regard très communicateur qui nous entraîne rapidement dans le récit. Elle est aussi l’auteure de cette pièce et est elle-même atteinte de la sclérose en plaques. J’ai été vraiment touchée et inspirée par son courage et son talent et j’ai donc eu envie de m’entretenir avec elle pour en savoir plus sur son processus créatif.

Je vous invite fortement à suivre la page Facebook de la pièce pour être informé des prochaines représentations; ça vaut vraiment la peine de se déplacer!

 

Comment s’est déroulée la période d’écriture? Est-ce que vous avez écrit en plusieurs mois ou, au contraire, l’écriture s’est faite d’un coup? Est-ce un récit autobiographique?

Il y a eu trois étapes d’écriture. Au départ, je souhaitais réaliser un projet qui porterait sur la sclérose en plaques chez les jeunes adultes. Plus particulièrement, je m’intéressais à l’impact de ce diagnostic sur leur identité, à un âge où on choisit des projets à forte charge identitaire, tels que fonder une famille ou s’investir dans une carrière. Comme je vis moi aussi avec ce diagnostic depuis les six dernières années, je me suis d’abord prêtée à l’exercice d’écrire quelques pages sur mon expérience personnelle, en vue de ce projet. J’essayais de centrer mon texte autour de descriptions d’états physiques nouveaux et des réflexions que ces états entraînaient ainsi qu’à mes rapports avec les autres.

Puis, quelques mois plus tard, j’ai présenté ce texte à mes collègues du collectif Les Intimistes. Nous l’avons retenu pour en faire le fil conducteur de notre première lecture publique (février 2017), et j’ai donc développé davantage mon texte pour cet objectif.

Enfin, la troisième étape d’écriture s’est déroulée en vue du Festival Fringe de Montréal (juin 2017). J’ai réécrit le texte pour l’adapter à un contexte solo et à la scène du Théâtre La Chapelle. Il y avait six représentations prévues pour mon spectacle pendant le festival et je voyais ça comme l’occasion de travailler sur le texte en continu. Avant de commencer les représentations, j’ai retravaillé mon texte en vue de le présenter au Fringe. Ensuite, entre chaque représentation au Fringe (jusqu’à l’avant-dernière), je l’ai modifié à partir des réactions de la salle et des feedbacks que je recevais.

Il y a un bel équilibre entre humour et drame dans la pièce de théâtre. Comment avez-vous travaillé le texte et votre jeu pour y parvenir?
Après avoir écrit une scène plus dramatique, j’avais moi-même envie de faire ou d’entendre des blagues, et j’ai essayé d’écouter ce besoin d’aller-retour.

Le thème central de la pièce est la sclérose en plaques. Comment ce sujet vous a-t-il inspiré à en faire une pièce? Et pour quelle raison avez-vous ressenti le besoin et le désir de le faire?

Il m’est venu l’idée de parler de l’identité chez les jeunes adultes à la suite d’un diagnostic de sclérose en plaques parce que je l’avais moi-même vécu. J’avais l’impression que c’était une bonne approche que de puiser le matériel d’écriture dans des souvenirs d’expériences réelles. Ce n’était pas mon objectif de départ de centrer ma pièce sur mon propre récit, mais ça l’est devenu ensuite. J’avais envie de partager ce que j’avais trouvé dans mon matériel. Les entrevues avec d’autres personnes atteintes sont devenues un matériel d’appui, qui ouvre mon histoire à celle d’autres personnes atteintes.

Aussi, depuis plusieurs années, je m’intéresse à la singularité et à la marginalité dans ma pratique artistique. Mon mémoire de maîtrise étudiait la feinte de l’idiotie en art comme mode rhétorique. Après mon diagnostic, il m’a semblé qu’il y avait peut-être certains rapprochements à faire entre la singularité que j’étudiais chez des artistes pour mon mémoire et la marginalité que peuvent ressentir plusieurs en découvrant ce nouveau diagnostic. Le déroulement imprévisible de cette maladie me rappelle également la préférence pour le hasard et l’improvisation chez les artistes que j’étudiais.

Est-ce qu’il sera possible de revoir J’suis jamais malade en été d’habitude bientôt? Comment être tenu informé des nouvelles dates de représentations?
Il n’y a pas de dates prévues pour l’instant. Voici les pages pour être au courant des prochains développements du projet :
Page Facebook
Site Internet 

Dans la pièce, on voit bien toute la solitude qui vient avec le fait d’être malade. Est-ce par choix que vous êtes complètement seule sur scène? En même temps, il y a une belle luminosité et beaucoup d’espoir dans cette pièce qui donne envie de suivre ses rêves et d’oser vivre sa vie comme on le souhaite. De quelle façon avez-vous conjugué solitude et espoir?
Oui, comme c’est un texte introspectif, qui prend la forme d’un journal intime, il m’a semblé que ce serait à propos d’être seule sur scène pour le livrer. Selon mon expérience, la solitude et l’espoir sont des sentiments qui s’alternent en boucle durant un deuil; c’est sans doute pourquoi ce sont des sentiments qui reviennent dans cette pièce.

La lecture du journal intime est une partie importante du spectacle. Quel est votre rapport avec l’écriture et l’introspection?
J’utilise des expériences que j’ai vécues pour raconter une histoire et partager cette expérience aux autres. Pour J’suis jamais malade en été d’habitude, j’ai puisé dans mes souvenirs d’avant et d’après la découverte du diagnostic, en essayant de traduire le plus fidèlement ce que j’ai vécu à chaque étape. Il ne s’agit pas d’un journal intime que j’ai réellement écrit durant cet épisode de ma vie, mais il m’a semblé que cette forme s’adaptait bien à ce que je souhaitais communiquer.

Vous faites aussi partie du collectif Les Intimistes. Qu’est-ce que vous apporte artistiquement ce collectif?
Faire partie de ce collectif me permet d’avoir une pratique régulière d’écriture au sein d’un groupe, avec des dates limites mensuelles. Chaque mois, nous avons un nouveau thème autour duquel chacune doit écrire un texte d’une dizaine de minutes. Pendant le mois, nous avons des rencontres, durant lesquelles nous lisons nos textes et nous recevons des autres membres du collectif des commentaires constructifs. Entendre les textes des autres est aussi très inspirant. Tout ça m’aide énormément, et je sais que je n’écrirais pas autant si je n’étais pas dans ce collectif. Aussi, le fait de lire nos textes devant public à chaque fin de mois est très utile pour entendre concrètement les réactions des autres.


Je tiens à remercier Patricia pour l’invitation à cette pièce.

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