On dirait que tout ce que touche Simon Boulerice se transforme en petits – grands – bijoux littéraires. Je suis certaine qu’il y en a plusieurs qui seront d’accord avec moi. Même si j’ai laissé tomber le projet (à mon grand désarroi) d’être à jour au niveau de toutes ses parutions (cet auteur est si prolifique que ça dépasse l’entendement!), à chaque fois qu’un de ses livres se retrouve dans mes mains, son univers m’enchante à coup sûr. Ça a été le cas, encore une fois, avec Un ami lumineux, album jeunesse paru à La courte échelle en avril 2017, dont les illustrations sensibles et délicates sont signées par Marilyn Faucher.
L’histoire est en tout point craquante. Ludo doit maintenant vivre à la fois dans une maison à la campagne avec sa mère et dans un appartement en ville avec son père, car ses parents se sont depuis peu séparés. Et « il n’y a rien à faire, leur amour s’est éteint. Parce que l’amour, c’est comme un feu ». Malheureusement, Ludo n’aime pas vraiment la ville, il s’y sent seul et sans amis. Mais il y a une chose qu’il adore plus que tout de ses séjours en ville et ce sont les feux de circulation. Il les trouve fascinants.
Un jour, il demande à son père : « qui s’occupe de changer la couleur des feux de circulation? » et son père de répondre la plus belle réponse qui soit : « un petit monsieur très patient », qui se trouve à l’intérieur du poteau. De là, Ludo laisse aller son imagination dans tous les sens, se liant d’amitié avec le petit monsieur des feux de circulation – son ami lumineux – en lui offrant des tartines à la fraise (pour le feu de circulation rouge), à l’orange (pour le feu de circulation jaune) et à la rhubarbe (pour le feu de circulation vert).
Et il en oublie presque que ses parents ne s’aiment plus.
Cet album dessine un portrait magnifique du pouvoir de l’imagination, de cette naïveté si précieuse de l’enfance, et de ses idées grandioses qui dépassent tout. De l’émerveillement propre aux enfants qui permet d’oublier un tant soit peu les égratignures de la vie. Un livre qui, vraiment, illuminera chacun qui s’y plongera.
Les illustrations de Marilyn Faucher sont d’ailleurs en tout point en concordance avec cette idée d’illumination : colorées, vives et toujours dans les teintes du rouge, du jaune et du vert. Même les pages les plus sombres, où c’est la nuit, il y a toujours un trait de lumière qui éclaire Ludo, comme de la grande espérance. C’est beau et plein de vie. Faucher rend avec justesse, à travers son coup de crayon délicat et doux, l’univers naïf, simple et vrai de ce récit.
Un ami lumineux est un très bel album qu’on peut lire et relire aux enfants au coucher, afin qu’ils s’endorment avec les plus belles fantaisies et un émerveillement sans borne.