J’ai découvert Matthieu Simard un peu par hasard, sur les tablettes de ma librairie de quartier de l’époque. J’ai commencé avec La tendresse attendra et je n’ai pu m’empêcher de lire sans attendre tous les autres livres de sa bibliographie, les uns après les autres, en un court laps de temps, dans mon petit appartement de Verdun. J’attendais Ici, ailleurs comme j’ai pu attendre mes Moon Shoes, bien entourés au stylo dans le catalogue Sears, en ’94.
Résumé
Marie et Simon ont fui la ville en espérant renaître à la campagne. Ils ne le savent pas encore, mais ils sont destinés à une fin tragique; ils seront le couple du « meurtre suivi d’un suicide ».
Fisher dira qu’il ne l’avait pas vu venir, les Lavoie diront que nous étions pourtant « du ben bon monde », Alice ne dira rien et nos sangs se mélangeront dans les craques du plancher de la maison centenaire que nous venons d’acheter.
Nous sommes invités à les suivre dans leur quête d’oublier le drame qui les a poussés à fuir, à travers des bribes d’espoir, au cœur d’un village fantomatique aussi mal en point que nos deux protagonistes.
Nous survivons en échangeant nos mensonges comme les enfants échangent leurs jouets. Dans ce village qui ne nous ressemble pas nous apprendrons à inventer les vérités qui nous feront le plus de bien. Je sais maintenant que nous ne pourrons jamais oublier le passé, mais c’est ce que nous essaierons de faire malgré tout. Oublier le passé et nous aimer aujourd’hui. Isolés loin d’ailleurs, nous masquerons nos cicatrices à coups de fausses espérances.
Un village étrangement captivant
Matthieu Simard nous offre une histoire et des personnages qui créent une ambiance étrange, quasi ensorcelante. J’ai été hypnotisée par ce court récit à deux voix, doté d’une atmosphère mystérieuse, presque irréelle. Bien que les personnages principaux et leurs non-dits ont su capter mon attention, ce sont surtout les personnages secondaires qui ont su créer une espèce de magie qui opère sur moi. Dans ce village en décrépitude et rempli de secrets que le.la lecteur.trice découvre petit à petit, personne n’est banal, que ce soit Fisher l’homme à tout faire, la famille Lavoie ou bien la jeune fille sourde et muette. Et il y a le parc sans enfants et l’antenne dont tout le monde parle sans donner de réelles explications, symbole des malheurs qui ont touché les habitants… J’ai été conquise par ce court roman et surtout imprégnée de son atmosphère puissante, pour ne pas dire poétique, lyrique.
Une écriture renouvelée
J’ai été agréablement surprise par le renouvellement de l’auteur. Tout en changeant de maison d’édition (de Stanké à Alto), il a osé sortir de sa zone de confort, de sa formule gagnante, et le résultat est magnifique. En prime, la version non corrigée que j’ai reçue m’a donné la possibilité d’encadrer la face de mon auteur adoré; n’est-ce pas fantastique? 😉
Quel.le.s auteur.e.s ont continué de vous charmer après avoir renouvelé leur plume?
Le fil rouge remercie les Éditions Alto pour le service de presse.
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