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Ici, ailleurs : Fuir pour oublier

J’ai découvert Matthieu Simard un peu par hasard, sur les tablettes de ma librairie de quartier de l’époque. J’ai commencé avec La tendresse attendra et je n’ai pu m’empêcher de lire sans attendre tous les autres livres de sa bibliographie, les uns après les autres, en un court laps de temps, dans mon petit appartement de Verdun. J’attendais Ici, ailleurs comme j’ai pu attendre mes Moon Shoes, bien entourés au stylo dans le catalogue Sears, en ’94. Résumé Marie et Simon ont fui la ville en espérant renaître à la campagne. Ils ne le savent pas encore, mais ils sont destinés à une fin tragique; ils seront le couple du « meurtre suivi d’un suicide ». Fisher dira qu’il ne l’avait pas vu venir, les Lavoie diront que nous étions pourtant « du ben bon monde », Alice ne dira rien et nos sangs se mélangeront dans les craques du plancher de la maison centenaire que nous venons d’acheter. Nous sommes invités à les suivre dans leur quête d’oublier le drame qui les a poussés …

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Sur les traces de Charlotte

Les plus perspicaces d’entre vous auront remarqué que ce livre porte mon nom. C’est d’ailleurs ce qui m’a attirée à lui. Il me narguait du bas de ma (trop grosse) pile de livres à lire et a miraculeusement fini entre mes mains, vainqueur contre tous ces autres ouvrages qui attendent depuis déjà trop longtemps. Charlotte, de David Foenkinos, est un livre simple et tragique, mais aussi un livre d’une douceur incroyable, malgré les sujets lourds dont il traite. L’obsession d’un auteur pour une artiste Huit ans. David Foenkinos a passé huit ans de sa vie à penser à Charlotte Salomon, l’artiste peintre qui mourut à l’âge de vingt-six ans alors qu’elle était enceinte. Huit ans à retracer ses moindres pas, et à essayer de comprendre une femme qui était tout sauf simple. Huit ans qui se terminent par ce livre, cadeau qu’il nous offre et qui nous permet de connaître cette femme que la vie a laissé tomber. C’est que, dès les premières pages, Charlotte est un prénom qui est lourd de sens. Comment s’en …

Le jeu de la musique : Entrevue avec Stéfanie Clermont

En septembre, notre choix s’est arrêté sur un livre bien attendu de la rentrée littéraire : Le jeu de la musique. Premier roman de l’auteure Stéfanie Clermont, il fût rapidement encensé par la critique et par les lecteur.e.s, avec raison. C’est une magnifique fresque moderne, un juste portrait de notre génération, que nous offre l’auteure. Ce fût, pour nous deux, un coup de cœur que nous avions grandement envie de partager, malgré la rapide popularité de celui-ci – c’est toujours un risque à prendre lorsqu’on choisi des nouveautés pour les coffrets. Voici l’entrevue que nous avons réalisée avec Stéfanie Clermont. Composé d’une trentaine de nouvelles, Le jeu de la musique est qualifié de roman par nouvelles. Comment expliquez-vous cette appellation? Il s’agit plutôt d’un livre de nouvelles interreliées, ou de ce qu’on appelle en anglais un short story cycle. J’ai écrit le livre comme ça d’abord parce que le genre littéraire de la nouvelle me parle beaucoup et que je compte plusieurs auteurs de nouvelles parmi mes auteurs préférés : Lorrie Moore, Alice Munro, Raymond Carver. …

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Jouer avec le feu pour ne pas mourir de froid

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en commençant la lecture de Le reflet de la glace de Geneviève Drolet un soir de semaine. Je pouvais anticiper la qualité de l’écriture, parce que j’ai lu Attaches : une histoire grise, parce que le Guide des saunas nordiques était offert dans l’un des coffrets du Fil rouge l’an dernier et qu’il s’agit d’une auteure de grand talent à la plume aiguisée. Mais je ne pensais pas être incapable de refermer le livre avant d’avoir lu la toute dernière page et ainsi m’endormir bien plus tard que prévu. Marcher sur un lac gelé On pourrait croire que les très courts paragraphes — trois, quatre pages chacun — nous permettent une pause, un souffle avant de reprendre notre lecture. Mais c’était plus fort que moi : je devais en découvrir plus. Je ne pouvais m’arrêter, et l’auteure m’en donnait plus que je n’en demandais. Je vous le dis tout de suite, il ne s’agit pas d’une histoire rose bonbon. On entre dans la tête d’un personnage troublé, une jeune …

Ariel, de la poésie envoûtante

Sylvia Plath, ce nom. Ce nom qui, dès qu’il est évoqué, nous envoûte dans la beauté de son art. Ariel est sans doute le recueil de poésie le plus connu de l’auteure et poétesse. On y retrouve ses poèmes les plus populaires. Bien qu’écrit de son vivant, ce recueil a été publié en 1965 à titre posthume, soit deux ans après son suicide en février 1963. Il est évident que Sylvia Plath a su laisser sa marque dans le monde littéraire par une écriture sincère et symbolique. Ted Hughes, son mari, a fait le travail d’assembler et de choisir les poèmes à inclure dans le recueil afin de donner un résultat authentique à l’image de l’auteure tourmentée. En effet, Sylvia Plath, très bonne étudiante, était considérée suicidaire pendant une grande partie de sa vie. Elle aura essayé à maintes reprises de s’enlever la vie, en vain, pour finalement y arriver un triste jour de février. C’est à travers ce recueil et ses œuvres littéraires, comme La Cloche de détresse, un roman autofictionnel, que se développe une …

Un paradis strictement réservé

Je me suis toujours curieusement intéressée à la vie après la mort. À mon avis, il n’y a rien de plus mystérieux. Personne ne sait. Personne ne saura jamais. Du moins, pas de son vivant. Pour cette raison, la littérature qui offre une vision possible de ce que pourrait être l’au-delà m’est toujours apparue comme étant intrigante. Les histoires mettant en scène ce questionnement, omniprésent dans la vie des humains, fructifient l’imagination et apportent toujours avec elles son lot de frivolité, mais également de complexité. Le cycle des Dieux de Bernard Werber en est un excellent exemple. Ce genre de livres a souvent tendance à mélanger mythologie, théologie, science et théorie personnelle. Et selon moi, c’est dans l’infini des possibilités qu’il devient intéressant de s’immiscer en tant que lecteur avide de savoir. Lorsque Neil Smith a été invité à l’émission Plus on est de fous, plus on lit de Radio-Canada pour parler de son tout premier roman Boo, ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Mon copain est revenu à la maison ce soir-là, l’esprit …

Sous la cloche

Au cours du lancement des coffrets littéraires du Fil rouge, il y a avait un panel sur la littérature avec des auteures québécoises; lors de cette soirée, j’ai appris l’existence d’une auteure américaine, Sylvia Plath. Unanimement, cette auteure, plus précisément son roman The bell jar, La cloche de détresse en français, était un incontournable, en plus d’être un livre bouleversant, mais éblouissant. C’est l’histoire d’Esther Greenwood, elle a dix-neuf ans et passe un séjour à New York, car elle a gagné un concours de poésie organisé parc un magazine populaire. Elle se retrouve donc dans cette grande ville toujours en action avec douze autres filles et participe à des soirées, des événements de mode, etc. Sous une toile de fond des années cinquante, Esther perd intérêt pour les activités préalablement organisées, pour s’inventer ses propres aventures à travers la ville agitée, des bonnes comme des moins bonnes. À son retour de New York, elle retrouve la petite ville de banlieue monotone où elle a grandi, il faut dire qu’Esther a toujours eu une vie mouvementée, …

Chroniques d’une anxieuse : c’était quoi la question, déjà?

Ce matin-là je m’étais réveillée de mauvaise humeur. Je détestais tous les hommes. Et tant qu’à y être, toutes les femmes aussi. Je détestais tout le monde et personne en même temps. Je détestais les gens qui toussaient trop fort dans le métro et les p’tits gars énervés qui manquent de respect. Je détestais tous les gens qui se pensent VIP dans la vie, qui croient dur comme fer que tout leur est dû. Je détestais les gens qui faisaient du bruit durant TOUT le film au cinéma avec leur sac rempli à rebord de popcorn. Et je détestais surtout la fille qui m’avait toussé dans les cheveux la veille dans l’autobus et qui avait pouffé de rire quand je lui avais dit que ça ne se faisait pas. J’en voulais surtout à la vie de m’avoir fait comme ça. Comme quelqu’un qui se questionne toujours trop, qui a de la misère à lâcher prise, qui ressent la vie avec tellement d’intensité que ça finit par la gruger par en-dedans. Je lui en voulais. Beaucoup. …

«Pauvres petits chagrins» : Jamais assez de douceur

«C’était la première fois que nous articulions notre principal point de désaccord. Elle voulait mourir et moi je voulais qu’elle vive et nous étions des ennemies qui s’aimaient. Nous nous sommes fait un câlin tendre et maladroit parce qu’elle était dans un lit, attachée à des trucs.» L’une est une pianiste incomparable, une virtuose de la musique, et l’autre est une écrivaine de livres pour enfants sur le rodéo, mère de famille, amante maladroite. L’une d’elle veut mourir, tente sans cesse de mettre le point final à cette vie qu’elle ne sait mener. L’autre tente de la garder en vie, au détriment de tout, à bout de bras, à bout de souffle. Elfrieda et Yolandi. Deux soeurs. Miriam Toews relate dans Pauvres petits chagrins l’histoire bouleversante de deux soeurs, de leur enfance jusque dans la quarantaine. Elfrieda la pianiste talentueuse tente de mettre fin à ses jours, encore une fois. Yolandi accourt à son chevet et tente par toutes les manières possibles de la ramener du côté de ceux qui veulent vivre. Elfrieda mène une vie …