Essais
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L’estime de soi et l’autiste

Avril, mois de l’autisme.

L’autisme est un sujet qui m’intéresse depuis plusieurs années. Je côtoie, depuis maintenant près de cinq ans, des enfants qui ont un trouble du spectre de l’autisme (TSA). J’essaie de les aider du mieux que je peux. C’est pourquoi j’aime m’outiller grâce à des livres qui parlent de ce qu’ils vivent. Je trouve ces lectures toujours pertinentes, car elles me permettent de me mettre plus facilement à leur place.

SACCADE est un centre d’expertise en autisme que Brigitte Harrisson (elle-même autiste) et Lise St-Charles ont fondé. Le modèle proposé par l’organisme se veut être un langage autiste, un peu à l’image du langage des signes pour les sourds et muets. Ces femmes veulent sensibiliser la population à la réalité autistique.

Il y a de cela deux ans, les deux femmes ont écrit un livre pour expliquer ce qu’est l’autisme. Ce livre, L’autisme expliqué aux non-autistes, est très bien vulgarisé pour que monsieur et madame Tout-le-Monde puissent comprendre les difficultés que peuvent vivre les personnes autistes, qu’elles soient classées de «haut niveau» ou pas. Lorsqu’on parle d’autisme de «haut-niveau», on fait habituellement référence au syndrome d’Asperger.

Quand on pense à l’autisme, on a souvent l’image du personnage du film Rain man en tête, mais ce n’est pas toujours la réalité. Les autistes ne naissent pas avec des dons particuliers. Ce qui les rend doués, ce n’est pas un talent inné, mais plutôt une passion débordante pour un sujet en particulier. Leur talent vient donc de leur passion. On appelle cela les intérêts restreints, par exemple: les dates, les dinosaures, les voitures, etc. Ils vont tout faire pour approfondir le sujet qui les passionne et faire des recherches très poussées s’il le faut. Les images sont très importantes pour eux, alors ils réussissent à emmagasiner des milliers d’images dans leur tête en lien avec leur intérêt.

Qui êtes-vous, mes chers élèves?

En tant qu’intervenante, je crois qu’il est important de rappeler à mes élèves TSA qu’il existe des gens comme eux, et que cela ne les empêche pas de faire de grandes choses. Ils vont vivre des difficultés que les neurotypiques ne vivront sûrement jamais. Mais certaines personnes qui ont un autre type de problème, comme un trouble du langage, peuvent expérimenter des difficultés semblables. Plusieurs autistes vivent avec des difficultés à communiquer ou à gérer leurs émotions.

Comme dirait Brigitte Harrisson, la différence entre les autistes et les non-autistes, c’est la façon dont leur cerveau fonctionne. Le cerveau neurotypique fonctionne sur l’automatisme tandis que le cerveau autiste est plus «manuel»: il réfléchit à toutes les étapes. Imaginez comme cela doit être épuisant!

Et maintenant, qu’en est-il de votre estime de soi?

Le sujet de l’estime de soi chez les autistes complète le livre avec divers exemples de la vie quotidienne, que ce soit prendre sa douche, aller travailler ou avoir de petites réussites sociales. Les autrices nous font réaliser toutes les difficultés que peuvent vivre les personnes avec le TSA. Par exemple, un de mes jeunes a un «délai» quand on lui parle parce qu’il n’arrive pas à visualiser les choses qu’on lui dit. Il doit alors se faire une image dans sa tête et prendre le temps de comprendre la consigne. C’est à moi, en tant que neurotypique, à l’aider par une représentation visuelle ou tout simplement à être patiente. Rien ne sert de le presser, de lui répéter plusieurs fois la consigne; il faut le respecter dans cette attente. Ça ne deviendra que plus frustrant pour lui. Plus tard, je sais qu’il découvrira des trucs pour se faire comprendre et cela facilitera son quotidien (par exemple, avoir un carnet sur lui pour l’aider à visualiser les choses).

La leçon la plus importante qu’on peut retrouver dans ce livre est que, même si l’autiste parle, ça ne veut pas dire qu’il nous comprend. Les représentations visuelles sont primordiales, ainsi que de normaliser les comportements autistiques (par exemple, le battement de main, le balancement, etc.). Ces comportements, vus par un neurotypique, peuvent sembler étranges, mais ils permettent aux personnes autistes de se réguler. Les empêcher de faire ces gestes serait comme leur dire d’arrêter d’être eux-mêmes.

Je vous partage ici un épisode de l’émission «Ça ne se demande pas…», de la chaîne AMI, où on rencontre divers autistes, hommes et femmes, qui répondent à des questions qui peuvent être embarrassantes. Une bonne façon d’en apprendre plus sur ce trouble, de manière différente!

Et, pour finir, voici certaines personnes connues qui sont ou étaient peut-être autistes:

  • Sophie Bienvenu – autrice
  • Louis T – humoriste
  • Stephen Wiltshire – dessinateur
  • Marie Curie – physicienne et chimiste
  • Albert Einstein – physicien
  • Temple Grandin – professeure de zootechnie, ambassadrice de l’autisme
  • Howard Hughes – aviateur, entrepreneur, fondateur de TWA
  • Isaac Newton – théoricien de la loi universelle de la gravitation
  • Alexander Graham Bell – inventeur du téléphone
  • Henry Ford – inventeur, fondateur de l’entreprise automobile Ford
  • Steve Jobs – fondateur de Apple
  • Satoshi Tajiri – créateur des Pokémon
  • Mark Zuckerberg – fondateur de Facebook
  • Thomas Edison – inventeur, fondateur de General Electric
  • Greta Thunberg – militante pour le climat, dont un des aïeux Svante Arrhenius (Asperger aussi?) fût l’un des premiers prix Nobel de chimie en 1903
  • Michel-Ange – artiste pluri-disciplinaire
  • Léonard de Vinci – inventeur et artiste
  • Bill Gates – fondateur de Microsoft
  • Bobby Fischer – champion du monde aux échecs
  • Lionel Messi – footballeur, Ballon d’or

Connaissez-vous d’autres personnes autistes?

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