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À bâbord! Revue des possibles

J’adore éplucher les articles de revues indépendantes qui abordent de front des enjeux sociaux d’actualité et qui osent l’éditorial. Cela permet sans aucun doute de se faire une tête politisée et aide à prendre position sur des sujets parfois lourds. Avec hâte et ravissement, j’ai donc lu la revue sociale et politique À bâbord! dont le plus récent numéro porte le thème « Abitibi : territoire des possibles ». Revue des possibles À bâbord! est une revue indépendante sans but lucratif qui vise entre autres à informer, à développer la pensée critique et à valoriser les rebelles et les rébellions partout au Québec et à travers le monde, sur des enjeux qui concernent l’organisation de la société. Les valeurs défendues par le collectif d’écrivains et écrivaines sont l’égalité, la liberté, le respect de l’environnement et la justice. Cela donne un bref portrait, et si dans le langage maritime, « à bâbord » signifie « à gauche » lorsqu’on regarde vers l’avant du bateau, ce n’est sûrement pas un hasard. Abitibi, tu donnes le goût Le thème …

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Traité des peaux : une couverture contre l’obscurité

Il y a quelques mois, j’ai regardé un documentaire qui m’a beaucoup secouée : Angry Inuk, réalisé par Alethea Arnaquq-Baril. Le film parle de la chasse au phoque dans l’Arctique : controversée dans le Sud (Brigitte Bardot et ses sorties enflammées, Paul McCartney qui batifole dans la neige avec des blanchons), mais élément essentiel du mode de vie inuit. Sans complaisance et sans excès de bons sentiments, Arnaquq-Baril y explique l’importance de la chasse dans l’économie et les pratiques locales. Mais elle pose aussi des questions impossiblement lourdes : comment résister aux séquelles de la colonisation? Comment préserver une culture et ses savoirs traditionnels dans un monde à la modernité envahissante? Les nouvelles de Catherine Harton soulèvent les mêmes enjeux. Leurs fils s’enchevêtrent, partant du Groenland, bifurquant par le Nunavik et s’échouant en Abitibi. Les histoires suivent dans leur quotidien des personnages, Inuits ou Algonquins, qui naviguent en eaux troubles : ils ne sont ni tout à fait coupés des traditions ancestrales, ni tout à fait imperméables au monde des Blancs. La rencontre avec ces derniers, cependant, est faite …

De migrations et d’origines : Outardes de Catherine Côté

L’Abitibi, c’est les mines, la forêt à perte de vue, les camps de chasse perdus dans le bois; c’est Val-D’Or et Rouyn-Noranda; c’est une terre colonisée sur le tard, lors de la crise économique des années 1930; c’est des petits lacs où se saucer l’été pour se sauver des mouches à perte de vue; c’est un hiver interminable avec le lourd silence qui l’accompagne, un « silence [qui] pren[d] toute la place » (p. 38). L’Abitibi, c’est Richard Desjardins et Raoûl Duguay. L’Abitibi, c’est aussi le sujet du premier recueil de Catherine Côté, Outardes, dernier titre parut à la collection poésie des Éditions du passage. Poésie des origines, Outardes raconte l’Abitibi où Côté n’a jamais habité; l’Abitibi qu’elle a explorée à la recherche des traces de ses ancêtres. Montréalaise, Côté a ses racines familiales en Abitibi. Avec son recueil, elle explore l’impossibilité en même temps que la nécessité de prendre racine dans un passé et un territoire inconnu. L’étau se resserre D’emblée, le sujet poétique est situé géographiquement : les vers « je suis fille de fleuve / …

De l’autre bord de la 117 Nord, l’exil

Pour se rendre dans la ville où j’ai poussé mon premier cri d’existence, il faut manger quelques kilomètres d’asphalte de patience, rouler sur la 117 Nord et traverser la réserve faunique La Vérendrye. Je viens de refaire une ixième fois le périple. Croiser de temps en temps des camions qui transportent le fruit désolant des coupes à blanc. Tourner la tête à droite offrira un meilleur spectacle: un mélange d’images de lacs, de rivières, de gens qui font du pouce plus qu’ailleurs et des épinettes bien fières. Être entouré de l’odeur et du silence des arbres qui se tiennent encore debout. Un parfait trajet pour les contemplatifs. Enfin le temps aussi d’égrainer ses playlists. Il faut sortir ses meilleures trames sonores pour ces toiles de fond. La récompense au bout du chemin est le ciel d’Abitibi qui a un je-ne-sais-quoi de magnifique. Ça peut paraître loin comme bout de pays, mais c’est là où j’ai vu les gens être les plus proches. Vaste étendue de territoire, les gens s’y resserrent. Mais pour toutes sortes de …