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Portrait d’un être fictif : Le cas d’Oscar

Vous en avez sans doute entendu parler. Peut-être l’avez-vous même croisé. Je vous le décris. Il est tout petit et il porte une tuque rose pour cacher l’absence de poils sur son crâne. Lui, il dirait qu’il ressemble à un martien. Moi, je dirais qu’il ressemble à l’un des garçons les plus mignons que vous ayez rencontrés dans votre existence. Vous l’avez reconnu? C’est pourtant simple, c’est le petit Oscar d’Oscar et la dame rose d’Éric-Emmanuel Schmitt. Il y a déjà plusieurs fois que je relis cette petite plaquette. C’est qu’à chaque lecture, elle me met un baume sur le cœur. Je classerais ce livre dans les romans qui nous font du bien, et ce, malgré son propos tristounet, c’est-à-dire la maladie du jeune Oscar, la leucémie. Récemment, j’ai vu renaître ce petit personnage dans ma classe de deuxième secondaire. Nous avons donné à lire ce joli roman à nos élèves. Chaque lettre d’Oscar lu en leur présence faisait apparaître de grands sourires sur leur visage ou faisait naître des éclats de rire francs. C’est là …

Portrait d’un être fictif: Le cas de Prétextat Tach

Il m’est arrivé de tomber amoureuse de pervers fictifs. Bien entendu, il s’agissait d’amour né dans la haine. Or, l’amour et, surtout, la fascination étaient au rendez-vous. D’ailleurs, je vous ai déjà avoué mon penchant pour les méchants (juste ici), mais avec Prétextat Tach, c’est une autre paire de manches. Il n’y a pas de pitié, de victimisation ou de remord. Il n’y a que perversité, vulgarité, et ce, parmi une intelligence inouïe, une répartie grandiose et une désinvolture admirable. Apparemment, j’aime aussi la complexité et la dualité qui habitent certains des êtres que nous sommes. Pour ceux qui n’auraient jamais eu la chance de faire la connaissance de Prétextat Tach (honte à vous!), il s’agit de l’un des deux protagonistes principaux du tout premier roman d’Amélie Nothomb, Hygiène de l’assassin. Dès mon premier regard sur la chose, celle-ci m’a complètement séduite: «Quatre mentons, des yeux de cochon, un nez comme une patate, pas plus de poil sur le crâne que sur les joues, la nuque plissée de bourrelets, les joues qui pendent – et, par égard …

Portrait d’un être fictif : Holden Caulfield, mon ami, mon amour

Ce grand classique qui n’a plus besoin de présentation, L’attrape-coeurs est toujours lu et acheté. Publié pour la première fois en 1951 par le discret J. D. Salinger, The Catcher in the Rye est devenu un des bouquins américains des plus lus aux États-Unis. Vendu à plus de 60 millions d’exemplaires partout autour du globe, je ne suis certainement pas la seule complètement folle et marquée par l’histoire fort simple du jeune Holden Caulfield. À la différence près, que L’attrape-coeurs est le livre le plus important et significatif de ma vie. Longtemps, je disais qu’il était mon préféré, mais en le relisant j’ai constaté que non. Ce n’est pas le genre de roman où je bois littéralement le choix des mots. Vous savez ce genre de roman où vous sentez que les mots coulent d’eux-mêmes, vous lisez et vous avez l’impression de lire 100 fois mieux qu’à l’habitude tellement il y a une justesse dans la danse que font toutes ces lettres entre elles? Et bien, L’attrape-coeurs ce n’est pas ça. J’irais même jusqu’à dire …

Portrait d’un être fictif : Le cas de Lyra (Partie 2)

Maintenant que j’ai vingt-quatre ans et toutes mes dents, le personnage de Lyra me paraît à présent si peu sans la présence de Will. Will apparaît dans le deuxième tome de la trilogie. Il fait la rencontre de Lyra dans un autre monde que celui de la jeune fille. Bref, le monde de Will est le nôtre à première vue. Il se développe une complicité extraordinaire entre les deux protagonistes et pourtant, Will n’est pas d’emblée un jeune garçon sympathique et charmant. Il se veut plutôt discret et une de ses spécialités est sa capacité à disparaître parmi la foule. Je me reconnaissais également en lui. En présence de Will, Lyra prenait de la maturité. Elle demeurait la même fille audacieuse et ambitieuse, mais elle devenait plus réfléchie et moins impulsive. D’ailleurs, Will adorait la détermination de Lyra : « Il perçut dans sa voix et il vit sur son visage une détermination qu’il connaissait bien et qu’il aimait plus que tout. » (Le Miroir d’Ambre, p. 344) Tous les deux se complétaient parfaitement. Chez notre …

Portrait d’un être fictif : Le cas de Lyra (Partie 1)

‘I prefer a girl hero.’ ‘I always wished I was an orphan. Most of my favorite characters are. I think their lives are more special.’ -Suzy de Moonrise Kingdom. J’étais un peu comme Suzy Bishop lorsque j’avais son âge. Une enfant perturbée ne sachant pas trop qui elle est et où elle va. En quête constante d’une place où se poser. Or, comme elle, je me connaissais un intérêt particulier pour les livres et les histoires enchantées. Je cherchais des modèles à travers la littérature et c’est bien souvent eux qui me faisaient prendre conscience de ma non-solitude. Entourée de ces personnages fictifs, je me sentais soudainement au bon endroit. Comme elle, je préférais les héroïnes, mais j’avais de la difficulté à les trouver parmi le lot de personnages masculins. Comme elle, plusieurs de mes personnages favoris étaient orphelins et il m’est arrivé à quelques reprises de les envier honteusement. En somme, j’étais une enfant assez discrète et il pouvait s’avérer très ardu de tenter de comprendre ce qui se passait derrière ces grands yeux …

Portrait d’un être fictif: Le cas de Fanfan

Ma progéniture féminine portera ce nom. L’inspiration ne vient pas de ce fameux personnage de Fanfan La Tulipe. Il s’agit plutôt de la Fanfan d’Alexandre Jardin. J’ai fait sa connaissance dans ma classe de quatrième secondaire. Il y avait cette petite bibliothèque dans laquelle nous devions choisir quatre livres à lire pour l’année en cours. Lire ne m’a jamais posé problème. Je pense que vous commencez à le comprendre. Or, les choix qui nous étaient proposés ne me rejoignaient pas et les romans dits à l’eau de rose pullulaient les quelques étagères qui nous étaient dédiés. J’ai tout de même laissé mes préjugés de côté et j’ai choisi le livre à la couverture la plus kitsch de la bibliothèque. Les choix qui nous paraissent les plus insensés se révèlent être parfois les plus importants. Le personnage principal de ce roman n’est pas Fanfan. Il s’agit plutôt d’Alexandre Crusoé, l’homme qui en tombe amoureux. D’ailleurs, ai-je le droit de parler d’amour? N’est-il pas plus question de passion dans ces 250 pages? Du moins, à mon égard, …