Art et créativité
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Journal d’une femme artiste à Percé – Partie III –

Je suis en plein cœur d’un dilemme majeur. Comme la plupart des Québécois, ou des gens de passage, j’ai attendu la venue du soleil des semaines durant. Il fallait garder le moral et surtout apprivoiser la brume, la grisaille, la pluie et les gens maussades. Mais plus souvent qu’autrement, on avait le droit à un temps joueur de tour, soleil et averses, avec au bout (parfois) un ou plusieurs arcs-en-ciel. Et août s’est amené, avec lui notre bonne étoile, sa chaleur, les sourires en fusée et enfin on a pu sortir les vêtements de saison.

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Ce matin, alors que je suis déjà en retard pour l’écriture de ce présent article, je traverse le parking entre la Vieille-Usine et la plage et je descends près des vagues, abandonnant mes chaussures à l’ombre d’une bûche polie (garder ses chaussures sur la plage, pourquoi ?). «Écrire sur le bord de la mer, quelle bonne idée !»

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Avec la mer, arrivent les dilemmes ! Par exemple, ici à L’Anse-à-Beaufils (Percé), la petite plage semi-rocailleuse est reconnue pour sa forte teneur en agates oeillées (petits cercles) et donc, pour moi qui suis devenue une ramasseuse de pierres et de jolies roches, me voilà prise de vertige à chaque pas. Je deviens une cueilleuse concentrée et plus rien ne m’arrête, sauf peut-être la lourdeur de mon sac à dos. Trouver la plus belle agate est une quête inassouvie (j’exagère…à peine).

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Aujourd’hui, la mer m’a tout de même offert un vrai beau petit bijou trois couleurs. Merci !

Et il y a cette mer, hypnotisante. Avec sa musique qui «dit tout sans rien dire». Son mouvement, qui m’accroche et me ramène sans cesse. L’immensité et l’infini face à moi. Alors j’avance vers elle et je ne veux plus que plonger (mais j’ai laissé mon maillot, qui d’ailleurs n’a servi que deux petites fois depuis juin, alors que l’an passé, il était ma seconde peau). Devenir la mer moi aussi.

Mais je reste là, en bordure et je laisse les vagues me frapper. Les minutes passent sans consistance et je reste là. Je ne demande plus rien au monde. Sans temps. Plus de monde. Je ne suis même plus tout à fait là. Je suis autre ou ailleurs. Quelque part entre les deux.

Me voici à te parler de la mer, au lieu de te parler de l’art. Mais la mer et l’art, c’est pareil.

*

La nuit dernière, j’ai dormi au centre-ville de Percé (vous me direz, «Centre-ville, Percé…hummm !», mais oui, il y a un centre-ville à Percé). J’ai dû migrer vers le bas de la côte pour quelques jours. Et je ne me souviens pas avoir déjà dormi si près des vagues. Je vis, bien sûr, entourée d’eau, je perçois la mer de chez moi, mais il est rare que j’entende aussi bien les vagues venir frapper aux flans de la terre de cette manière. Ma nuit, balancée au rythme de la mer. Les battements de mon cœur, même chose. Comme pour plusieurs, j’ai un rapport presque religieux à la mer. En sa présence, je comprends mieux, je trouve des réponses à des questions lancées et je nais et je renais encore et encore. C’est chaque fois un genre de baptême.

Je ne peux vivre trop longtemps à distance de la mer. L’appel sourd finit toujours par m’engourdir la tête. Comme l’est pour certains, le bruit du centre d’une grande ville. Ce vrombissement sourd, qui à force se transforme en bruit de vague.

Qui m’appelle, encore et encore.

*

La mer et l’art, c’est pareil.

Apprendre à voir les choses et à les ressentir.

Laisser l’émotion monter.

Les vagues parler pour moi.

Être mon reflet.

*

Quelques jours passés, avec maman, on a eu envie d’un café. On marchait au centre-ville de Percé (hey oui !) et on s’est arrêtées à la boulangerie le Fournand. J’ai toujours adoré les salles de bain à cet endroit (!), elles sont tapissées d’affiches de divers évènements culturels et certaines datent de plusieurs années. Alors c’est un plaisir de se perdre quelques minutes entre quatre murs et un plafond tapissés de l’histoire artistique de Percé.

J’ai d’abord été attirée par son allure actuelle. Puis par son titre Regroupement présenté par la Maison de la culture de Percé. Je me suis dit «wow !», l’air rêveur de celles qui veulent à tout prix visiter Paris pour vivre la bohème. Intriguée, j’ai commencé à me questionner sur la personne de ces gens photographiés. J’ai cru en reconnaître quelques-uns, alors j’ai continué à explorer en allant découvrir les noms de ces artistes exposants. Et, totalement surprise, je me suis rendue compte que je les connaissais presque tous.

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Ces artistes, certains que je connais et admire depuis grand nombre d’années et d’autres que je découvre petit à petit.

Les voilà qui, une fois de plus, m’inspirent par leur seule présence (je suis impressionnable, certes, mais curieuse de l’autre et éblouie plus souvent qu’autrement par lui).

Je tiens à saluer et à remercier ces grands artistes gaspésiens (qu’ils soient encore ou non parmi nous) qui tiennent encore de grands rôles dans la dynamique culturelle de cette ville singulière et qui continuent de m’inspirer. Ils sont aussi le souffle en continu de l’art à Percé. Et moi, je suis fière de marcher sur leurs traces.

Danielle Gagné, Arnold Flynn, Francine Laberge, Yves Gonthier, Marius Jomphe, Mao, Jocelyne Audet, Rachel Thibault et Chris Varady-Szabo.

Merci.

Avouez qu’ils ont fière allure !

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Louba-Christina Michel est une passionnée. Elle écrit depuis qu’elle sait comment faire et même avant, dans une sorte d’hiéroglyphes inventés. Et dessine depuis plus longtemps encore, elle a dû naître avec un crayon dans la main. Elle est transportée par tout ce qui touche à la culture et dépense tout son argent pour des livres et des disques (hey oui!). Elle prend beaucoup trop de photos de son quotidien, depuis longtemps. Des centaines de films utilisés attendent d’être développés dans des petites boîtes fleuries. Sa vie tourne autour de ses grandes émotions, de ses bouquins, de l’écriture, de l’art, du café et maintenant de sa chatonne princesse Sofia. Après une dizaine d’années d’errance scolaire et de crises existentielles, entre plusieurs villes du Québec, elle est retournée dans son coin de pays pour reprendre son souffle. Elle travaille présentement à un roman et à une série de tableaux.

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