Il y a de ces lectures qui marquent l’imaginaire et qui restent en nous longtemps, Jane, le renard et moi en fait partie. Il a eu longtemps une place de choix dans ma maison, sur ma cimaise où je prenais souvent le temps de m’immerger dans l’atmosphère si tendre de cette bande dessinée, la lire était tel une médiation pour moi, j’en ressortais ressourcée, chavirée et toujours entièrement comblée. Rares sont les bijoux littéraires qui me font cet effet, des années passées, mais Jane le renard et moi, c’est mon chouchou. (Et celui de bien d’autres gens, bien heureusement, les livres tels que celui-là méritent d’être partagés, lus, et relus.)
Alors, vous devinerez que j’avais le coeur serré d’apprendre que le merveilleux duo d’Isabelle Arsenault et Fanny Britt retravaillait ensemble de nouveau. J’étais heureuse, mais inquiète aussi. Et si je restais sur ma faim, et si Jane, le renard et moi, n’était pas égalable ? Des soucis de lectrice un peu intense me direz-vous, mais c’était un réel conflit dans mon coeur. Lorsque j’ai reçu Louis parmi les spectres, j’ai lâché un petit cri aigu parce que je savais déjà en touchant le bouquin que l’expérience serait comparable. Premièrement, c’est l’épaisseur de la bande dessinée qui m’a attirée. Un gros 160 pages de bonheur.
Louis parmi les spectres, c’est l’histoire de deux frères, Louis qui a onze ans et son petit frère. Les parents des garçons viennent tout juste de se séparer, car le père a un problème grave d’alcool. Louis est aussi amoureux fou de Billie et il tentera tout au long du bouquin de trouver du courage pour aller lui parler.
Le personnage de Louis est incroyablement sensible et allumé. Il comprend toute la maladresse et la complexité qui englobent la relation entre ses parents. Il comprend la douleur de son père, son problème et la fatigue de sa mère. J’ai beaucoup aimé le fait que ce soit des personnages masculins, car j’ai réalisé en le lisant que c’est très rare qu’on donne la parole à des jeunes garçons. Leur sensibilité, leur vulnérabilité et la justesse avec laquelle ils perçoivent la réalité m’ont beaucoup émue.
Le trait de crayon d’Isabelle Arsenault est magnifique, tout comme le jeu des couleurs. Comme dans Jane, le renard et moi, la couleur prend tout un sens dans le récit. On y voit de la lumière lors des scènes plus joyeuses, par exemple lorsque Louis parle de Billie. Tandis que lorsqu’on voit son père pleurer un soir d’alcool, le gris et le bleuté nous démontrent toute la détresse du personnage. Le texte de Fanny Britt est toujours si intelligent, efficace et sensible. On y décèle toute la profondeur et l’intelligence des personnages en quelques phrases. Avec si peu de mots, elle en fait des personnages entiers auxquels on s’attache instantanément. Je pense au père comme à la mère. Ils sont démontrés tout en nuance et en authenticité, ils ne sont pas parfaits, mais on y perçoit toute leur bonté dans leurs qualités comme dans leurs défauts.
Je ne peux faire autrement qu’espérer avoir la chance de relire une oeuvre de ce duo des plus précieux en littérature québécoise. D’ici là, Louis parmi les spectres ira rejoindre Jane, le renard et moi sur ma cimaise, histoire de me réconforter en attendant.
Le fil rouge tient à remercier les éditions La pastèque pour le service de presse.
Ping : Nos suggestions d’album ou roman jeunesse pour le mois de février du défi #jelisunlivrequébécoisparmois | Le fil rouge
Ping : Nos suggestions de roman écrit par une femme pour le mois de mars du défi #jelisunlivrequébécoisparmois | Le fil rouge
Ping : Autour des livres : Rencontre avec Fanny Britt, écrivaine | Le fil rouge
Ping : Nos suggestions de romans graphiques/bandes dessinées pour le mois de mai du défi #jelisunlivrequébécoisparmois | Le fil rouge
Ping : La magie des aventures de ruelles du Mile-End | Le fil rouge
Ping : Quelques suggestions pour retrouver le plaisir de lire, petit à petit | Le fil rouge
Ping : Un livre québécois par mois : Février : La Pastèque | Le fil rouge