Quand je suis en panne de lecture, que ma capacité d’attention me fait défaut et que les romans me semblent être des projets interminables, lire un manga est un excellent remède à mes maux de lectrice. Puisqu’il se lit rapidement et qu’il ne m’épuise pas mentalement, il me fait du bien et ma motivation à lire se réactive comme par magie ! Il m’est donc venu à l’idée de vous proposer trois séries manga différentes, qui m’ont toutes permis de m’évader et de continuer à lire.
Le mari de mon frère, Gengoroh Tagame
Yaichi habite seul avec sa fille Kana. Un jour, un homme se présente à lui comme étant le mari de son frère jumeau qui a refait sa vie au Canada et qui est maintenant décédé. Il héberge donc Mike, son beau-frère venu d’Amérique du Nord pour découvrir le Japon, le pays qui a vu grandir son défunt frère. Vivant dans un pays où le mariage entre personnes de même sexe n’est pas encore légalisé, Yaichi, marqué par des préjugés homophobes, ouvrira tranquillement son esprit, aidé par sa jeune fille Kana, en découvrant le mari de son frère. Les questions pertinentes de sa fille lui feront réaliser que ses inquiétudes par rapport à l’homosexualité proviennent de sa propre ignorance. Yaichi a des réactions douteuses qui peuvent lui donner l’image d’un imbécile. Mais puisque ses réactions et ses réflexions se font en douceur, on aura tendance à s’attacher tout de même au personnage.
Quelques pages ont un contenu clairement éducatif; ces passages, où Mike s’adresse directement au lecteur, informent à propos de la culture gai et ce, sans ton moralisateur. Les personnages sont attachants, en particulier la petite Kana, intelligente et pleine de vie ainsi que son oncle Mike, un homme doté d’une touchante sensibilité. En plus du thème de l’homosexualité, le deuil et les liens familiaux sont au cœur du récit. Les illustrations sont très lisses, mais facilitent la lecture par leur simplicité. L’histoire est très sobre, sans rebondissements. C’est une lecture qui fait du bien, en toute simplicité.
Les fleurs du mal, Shuzo Oshimi
Sawa surprend Takao à voler les vêtements de gymnastique de la fille qui fait battre son cœur. Elle menace alors Takao de dévoiler qu’il est un pervers en brisant son secret. (Le crime de Takao peut vous paraître banal, mais il faut penser qu’au Japon, la réputation est extrêmement importante et peut être facilement détruite.) L’adolescent devient vite sous l’emprise de Kawa, une jeune fille pour le moins marginale, qui lui fera du chantage et le poussera à l’autodestruction morale en lui imposant des défis à relever qui prouveront sa vraie nature perverse. S’il est terrorisé par Kawa et rongé par la culpabilité, il prendra rapidement goût à la déviance, laissant place à ses pulsions.
Comme vous devez vous en douter, le titre fait référence à l’ouvrage de Baudelaire et qui fascine le personnage principal, un adolescent s’évadant par la lecture. Dans ce thriller psychologique, l’auteur réussi à créer une ambiance malsaine et intrigante, créant une tension tout au long de la trame narrative. Kawa, l’adolescente solitaire et atypique par sa vulgarité, est entourée d’une aura de mystère qui donne envie d’en connaître davantage sur son histoire. Takao, le jeune lycéen plutôt quelconque, réservé et mal dans sa peau, captivera par sa facilité à se laisser manipuler par Kawa et par sa descente vers la déviance. Les illustrations des décors -inspirées par des lieux que l’auteur a lui-même côtoyés- sont très travaillées par rapport aux visages des personnages. Ce manque d’uniformité m’a un peu agacée, mais cela n’a pas gêné ma lecture, qui fut très prenante.
Nuisible, Satomi Yù, Hokazono Masaya
Depuis quelques temps, Ryoichi fait des cauchemars morbides mettant en scène un monstre cannibale caché sous les traits d’une jeune fille à la beauté ensorcelante. Quand une nouvelle élève arrive dans sa classe, Ryoichi est sous le choc; elle ressemble trait pour trait à la toute aussi séduisante que dangereuse jeune fille de ses cauchemars. Alors que le thermomètre monte étrangement à Tokyo, les insectes s’en prennent soudainement agressivement aux chiens et aux chats.
Ce manga est un habile mélange d’horreur, de fantastique, de romance, de suspense et d’enquête. J’ai eu un coup de foudre pour la jolie couverture ainsi que le côté un peu brouillon (et macabre!) des illustrations. Dans cette courte série en trois tomes, l’intrigue se déroule rapidement, sans longueurs; idéal pour ceux et celles voulant essayer le genre.
Selon vous, quelles sont les meilleures séries manga à découvrir afin de convaincre les plus sceptiques ?
Merci pour ce chouette article ! 🙂
Personnellement, je trouve que Quartier Lointain de Taniguchi est une excellente manière d’inviter les plus sceptiques du genre à en lire, pour les adeptes de romans de graphiques 🙂
Akira, du grand Katsushiro Otomo ! Une grande claque au niveau de l’histoire…
Pour les fans du genre policier et des intrigues surnaturelles Soil ou Wet Moon d’Atsushi Kaneko, dont le trait est hyper différent des mangas qu’on connaît. Il m’a d’ailleurs réconcilier avec le manga après quelques années à bouder pour peu de raison…
Et pour les histoires de vie quotidienne et d’introspection vraiment chouettes, Inio Asano est un auteur à découvrir !
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