Réflexions littéraires
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La fin de mon parcours à la maîtrise

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C’est la fin. Il y a maintenant deux ans, presque jour pour jour, je vous faisais part de ma décision de commencer mes études aux cycles supérieurs en études littéraires. Rappelez-vous, je venais de trouver mon directeur de maîtrise, je lisais toute l’oeuvre de Nothomb et je voguais tranquillement sur les eaux tumultueuses de l’esthétique de la laideur. Cela ne vous dit rien? Je vous réfère au texte Un long voyage de solitude : mon parcours à la maîtrise pour vous mettre à jour. En fait, ce que vous êtes en train de lire est la suite. Qu’est-ce qu’il y a en eu du chemin de fait depuis le 7 mars 2016!

C’est la fin. Vraiment. Ma date de dépôt est le 4 mai. La vie est bien faite. Le 4 mai, c’est le May the 4th be with you, la journée mondiale de Star Wars. En ce jour de mai, je serai adoubée grande Jedi de la galaxie. Mon entraînement de Padawan sera enfin complété. Un crayon pour sabre laser et la force mentale de convaincre d’une hypothèse littéraire réfléchie depuis plus de deux ans. L’empire n’a qu’à bien se tenir.

Plus sérieusement, c’est vraiment la fin quand tu corriges tes 288 notes en bas de page. C’est vraiment la fin quand tu pagines le monstre. C’est vraiment la fin quand tu passes à l’imprimerie pour remettre la première version papier à ton directeur de maîtrise. Comme il était temps. Je n’avais pas tort il y a deux ans déjà, cela aura été un long voyage de solitude. Malgré la présence de mes amis, les encouragements de mon copain et la disponibilité généreuse de mon directeur de mémoire, j’aurai été très seule. L’ordinateur, Nothomb et moi. Après le 4 mai, je divorce de Nothomb pour six mois. Rien de définitif. Maintenant, je pense même comme elle. Contamination des mécanismes.

Accoucher de ces cent vingt-huit pages fut la tâche la plus difficile que je me suis fixée depuis le tout début de mon existence. Il m’a fallu de la patience et de la détermination pour me rendre jusqu’au bout. Évidemment, on m’avait avertie et prévenue de l’ampleur du travail qui m’attendait et du temps considérable que je devrais y accorder. Or, on ne peut jamais imaginer à quel point cela est exigeant. C’est comparable à un de ces petits parasites qui s’incrustent dans ta tête et qui ne te quittent jamais. C’est là, telle une obsession qui te fait ouvrir grands les yeux en plein milieu de la nuit. Une ombre qui rôde matin et soir dans l’espoir de te revoir sur son sillage. Bref, le sujet de mémoire s’ancre dans ton ventre. Il ne te quitte jamais. Il te colle à la peau. Il te grave le corps.

Tu réécris beaucoup. Tu ne sais plus comment le dire. Tu reformules afin de combler les attentes rigoureuses d’un lecteur assidu. Tu lis des ouvrages qui te mènent vers d’autres références et bientôt, la bibliothèque est ta deuxième maison. Tu connais mieux Amélie Nothomb que toi-même. Par moments, tu en traites avec passion et avec une certaine étincelle de folie dans les yeux. À d’autres, tu refuses strictement d’en parler. C’est un sentiment ambivalent que tu finis par ressentir face au monstre auquel tu as donné vie. Tu as alors la preuve que tu en es bien à la fin.

Quand tout se met en place, que tu lis les chapitres un après les autres et que chacune des parties s’emboîtent à la perfection, tu sais que cela en a valu la peine. Tu es persuadée que le chemin que tu viens de parcourir aura fait de toi une meilleure personne. Un individu dont la capacité de réflexion vient de gagner bien des niveaux en passant à travers cette expérience unique. De Padawan à Jedi. Tu en discutes avec tes collègues et tu comprends finalement que tu n’as jamais été seule. Elles traversaient les mêmes difficultés. Elles lisaient au point de ne plus voir les mots. Elles doutaient. Elles pensaient à tout abandonner. Elles remettaient leurs compétences en question. Somme toute, elles se retrouvaient à la ligne d’arrivée, à l’orée d’une glorieuse et fière traversée entre les mots. À toutes mes consoeurs et mes confrères des cycles supérieurs en études littéraires, continuez le voyage.

Et vous, quel a été votre plus grand défi? Comment êtes-vous parvenus à le surmonter?

 

Crédit photo : Michaël Corbeil

 

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Mais qu’importe l’éternité de la damnation à qui a trouvé dans une seconde l’infini de la jouissance?» (Charles Baudelaire, Le Spleen de Paris) Les vers de Baudelaire auront été la source de son épanouissement en tant que bizarroïde de ce monde. La poésie, Marika la vit au quotidien à travers tous les petits plaisirs qui s’offrent à elle. Une grimace partagée avec une fillette dans le métro, la fabrication d’un cerf-volant dans un atelier strictement réservé aux enfants, un musicien de rue interprétant une chanson qui l’avait particulièrement émue par le passé, lui suffisent pour barbouiller le papier des ses pensées les plus intimes. Chaque jour est une nouvelle épopée pour la jeune padawan qu’elle est. Entre deux lectures au parc du coin, un concert au Métropolis et une soirée au Cinéma du Parc pour voir le dernier Wes Anderson, elle est une petite chose pleines d’idées et de tatouages, qui se déplace rapidement en longboard à travers les ruelles de Montréal. Malgré ses airs de gamine, elle se passionne pour la laideur humaine. Elle est à la recherche de la beauté dans tout ce qu’il y a de plus hideux. Elle se joint au Fil Rouge afin de vous plonger dans son univers qui passe des leçons de Star Wars aux crayons de Miron en faisant un détour par la voix rauque de Tom Waits et le petit dernier des Coen. Derrière son écran, elle vous prépare son prochain jet, accompagnée de son grand félin roux, d’une dizaine de romans sur les genoux et d’un trop plein de culture à répandre

Un commentaire

  1. Marion Gingras-Gagné says

    Bravo, Marika, pour cette arrivée à la ligne d’arrivée. Je te comprends tout à fait, ce sera mon arrivée aussi. Plus que quelques dernières corrections et ce sera le dépôt, les vacances, la satisfaction, la fin des angoisses et le repos du cerveau.
    Comme toi, cette maîtrise a peut-être été le plus grand défi que j’ai eu à surmonter. Somme toute, on y est arrivées.
    Bon countdown jusqu’à la grande finale et bonne chance dans tes projets. 🙂

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