En mai, c’était le début de nos trois clubs de lecture de l’été à Montréal. Nous avons lu trois livres complètement différents pour ce premier mois, les avis ont été mitigés et c’est ce que nous préférons, car cela créé des discussions excessivement riches! C’était aussi un grand plaisir de retrouver d’anciennes participantes et d’en rencontrer des nouvelles. On sent déjà que cette session estivale sera riche en inspirantes discussions autour des livres. Voici donc les comptes rendus de nos rencontres :
Groupe #1, Rencontre au café Sfouf, lecture : Journal d’un réfugié de campagne de Jean Bédard
Il s’agissait, pour toutes les participantes, de la première immersion dans l’oeuvre de Jean Bédard. De notre côté, deux participantes d’un autre de nos clubs de lecture ont adoré les romans de cet auteur, donc nous avions quelques attentes pour cette lecture. Or, ce livre-ci est bien loin d’être un roman.
Comme le titre l’indique, il s’agit vraiment du journal de l’auteur qui vit à la campagne et qui partage son temps à entretenir sa terre et à enseigner à l’université. Entremêlé d’explications philosophiques et biologiques sur l’agriculture, l’auteur partage ses pensées face à cette vie écologique qu’il est fier et heureux d’avoir choisie.
Malheureusement, le livre est loin d’avoir fait l’unanimité. La plupart des participantes ont trouvé leur lecture confuse, principalement parce qu’on avait l’impression que l’auteur écrivait davantage pour lui que pour ses lecteurs et qu’on ne savait pas trop où se positionner en le lisant.
Journal est définitivement le bon mot à afficher sur un livre comme celui-ci. Néanmoins, le terme réfugié nous a un peu fait réfléchir et nous n’étions pas tout à fait en accord avec son utilisation. Bien qu’on saisisse l’idée de « refuge », le titre aurait gagné à faire une nuance compte tenu de ce que veut réellement signifier réfugié à une époque comme la nôtre.
Bref, en général, nous avons été émues devant certains passages de l’oeuvre. Par exemple, lorsqu’il explique comment faire pousser des patates ou la scène avec la petite fille. Il y avait véritablement un amour de la terre qui transcendait cette oeuvre et c’est ce qu’on décide d’en garder. La sensibilité de l’auteur vis-à-vis la beauté des saisons a aussi plu à quelques lectrices.
Ce n’était malheureusement pas une lecture marquante, ni un gros coup de coeur, mais nous avons passé un très beau samedi matin à en discuter au lumineux café Sfouf, alors, somme toute, nous gardons un joli souvenir de cette matinée à rêver de campagne…
On retrouve donc notre groupe en juin pour discuter de Quelques lieux de Constance de Catherine Lavarenne. À suivre!
Groupe féministe, Café Zoha, Lecture : Moi aussi je voulais l’emporter de Julie Delporte
Pour cette première rencontre, nous avions lu Moi aussi je voulais l’emporter de la bédéiste Julie Delporte et toutes les participantes ont affirmé avoir aimé leur lecture. Toutes se sont entendues sur la beauté des illustrations et sur la richesse du propos.
Bien que ce n’était pas commun pour de nombreuses lectrices de lire des romans graphiques, elles ont su apprécier celui-ci. Ce sont surtout les thématiques liées à la maternité qui ont suscité des discussions lors de notre rencontre. Comme Julie Delporte aborde la difficulté pour les femmes de conjuguer vie artistique et maternité, la discussion nous a amenées à parler de charge mentale, du magnifique La femme qui fuit d’Anais Barbeau Lavalette et à s’ouvrir les unes aux autres sur ces thématiques. Et, avouons-le, à parler de beaucoup d’autres choses aussi!
Nous nous sommes aussi attardées au titre qu’on trouvait toutes très évocateur du propos de l’oeuvre. Cette injustice de la langue française a mené aussi vers une discussion sur celle-ci. Certaines participantes ont partagé des souvenirs d’enfance dans lesquels elles apprenaient qu’en français, et bien, le masculin l’emporte sur le féminin. Cette première injustice à été, sans le savoir, un premier par vers le féministe : « Et pourquoi nous ne sommes pas égales ? » Question posée par de nombreuses petites filles apprenant à écrire qui ne saisissent pas cette inégalité de la langue.
Bref, nous avons passé une magnifique première séance qui a duré plus de deux heures! C’est avec grand bonheur qu’on retrouvera en juin cette belle cohorte de femmes allumées, curieuses et éloquentes pour discuter de La guerre n’a pas un visage de femme de Svetlana Alexievitch, une oeuvre racontant la Deuxième Guerre mondiale du point de vue des femmes, chose malheureusement trop peu faite dans l’Histoire.

Photo : Vanessa Coutu
Groupe #3, Café Sfouf, Lecture : Souffler dans la cassette de Jonathan Bécotte
Minuscule petit livre qui se lit en quelques minutes à peine racontant l’histoire entre deux amis d’enfance, Souffler dans la cassette a su créer de bonnes discussions autour de notre table. Bien que ce n’est pas tout le monde qui a adoré sa lecture, la plupart ont adoré la nostalgie qui se dégageait de l’oeuvre.
Cette lecture nous a menées à discuter de ce que sont l’amour et l’amitié quand nous sommes enfants, de la pureté des émotions et des désirs des enfants, mais aussi de la brièveté des amitiés et des amours. Cette lecture nous a aussi plongées dans une certaine forme de nostalgie et plusieurs participantes nous ont raconté des souvenirs d’enfance. Sans le savoir, c’était une lecture parfaite pour faire connaissance entre les nouvelles participantes et les anciennes.
L’écriture de Jonathan Bécotte a aussi été globalement une belle découverte, on a apprécié la forme du roman très près des poèmes et surtout le talent de l’auteur pour arriver en si peu de mots et de pages à démontrer toute la richesse et la beauté de la relation entre les deux garçons.
Bien que plusieurs ont trouvé leur lecture trop courte, c’était néanmoins une lecture qui a plu à la majorité et qui, surtout, a fait de cette première rencontre de la session, un moment fort agréable. On se retrouve donc au Café Zoha en juin pour discuter de La crue d’Ariane Béssette, un roman beaucoup moins lumineux.
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