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Ce qui se cache au fond des bois

La curiosité est un vilain défaut à bien des égards. Elle alimente notre soif de savoir, de vérité et de justice. Si bien que parfois, elle rend le quotidien moins perceptible. Ainsi, nous ne sommes plus autant ancrés dans notre réalité, mais plutôt dans celle que nous cache l’autre. La curiosité nous pousse à nous ouvrir de manière peu conventionnelle à ce qui nous est inconnu, mais il n’en demeure pas moins qu’elle est le fantasme de nos questions sans réponses. Si bien qu’il faut souvent apprendre à gérer ce spasme, cette idée si peu rationnelle de tout savoir, au risque de se faire mal. Je suis une personne de nature très curieuse. Je me fais un mandat de découvrir et de rester à l’affût des nouveautés culturelles. Mais lorsqu’il s’agit de celui ou celle qui me fait face et des sentiments qu’il ou qu’elle ressent, j’éprouve toujours un certain malaise. Un sentiment de voyeurisme qui me pousse à me replier souvent sur moi-même et sur mes propres peurs. Drôle de sentiment ce que nos …

Mon premier coup de coeur pour un album jeunesse : Chien Bleu

Chien Bleu est le tout premier album jeunesse que j’ai acheté pendant mes études en enseignement au primaire. Mon exemplaire, à la tranche un peu écornée maintenant, en porte encore la trace dans le coin droit d’une de ses premières pages : 2011. Dans un de mes précédents articles, j’ai déjà parlé d’une professeure que j’ai eu la chance d’avoir à l’université et à qui je dois plusieurs coups de cœur en littérature jeunesse : Chien Bleu fait également partie de ses précieux legs ! Il y a maintenant sept ans, en sortant d’un cours où elle nous en avait fait la lecture, je me souviens m’être dit : «il me faut ce livre». Je considérais toujours les périodes où elle nous lisait les albums à voix haute comme de petits cadeaux dans mon horaire : quel bonheur que de se faire ainsi faire la lecture ! Je me souviens qu’elle le faisait très sobrement – rien de théâtral dans son approche – et allait droit à l’essentiel. Elle maîtrisait l’art des silences et savait nous transmettre la beauté …

La milléclat dorée : une histoire de persévérance

Je suis une grande amoureuse du travail et des choix  des Éditions de La Pastèque : je crois n’avoir jamais été déçue de mes lectures. J’ai cru remarquer que La Pastèque rejoint de plus en plus un public plus jeune et cela m’enchante énormément puisque je travaille dans les écoles primaires. Je me fais un vrai plaisir à me procurer leur dernière trouvaille. Plongé dans l’univers de La milléclat dorée, voilà que je fais la rencontre de Renard, qui est un grand amoureux de la nature, et tout particulièrement des plantes. Tout comme moi, il en fait la collection et son salon en est rempli. C’est lorsqu’il feuillette un vieux livre de botanique qu’il découvre une page sans image de plante. Le mystère commence : il faut qu’il découvre où se trouve la milléclat dorée, une plante très rare qui ne pousse que dans les montagnes. Renard doit absolument la trouver et l’ajouter à sa collection! Comme tout bon aventurier, il prépare son kit de survie : une carte, un casse-croûte, un imperméable jaune, etc. …

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S’il ne fallait en lire qu’un

À l’époque, on disait d’une terre boisée, acquise par les colons français arrivés en Nouvelle-France, qu’elle était de bois debout. Que la forêt était son constituant premier, et que le travail qu’on devrait faire pour défricher la terre et construire sa maison serait gigantesque. Le père d’Alexandre, protagoniste principal du dernier ouvrage de Jean-François Caron, De bois debout, publié aux éditions de La Peuplade, est de ces hommes qui n’ont pas peur de suer sang et eau pour mener à terme un projet. Il ne craint pas les heures passées à s’arracher la peau des doigts, à se briser le dos pour accomplir la besogne quotidienne. Le père d’Alexandre est un homme de peu de mots, un amateur de silence, un homme qui, toutefois, s’il ne parle pas souvent, ne le fait jamais sans y avoir réfléchi longuement. Un homme qui n’aime pas les livres qui éloignent, dit-il, de la vraie vie. Et c’est sur la mort de cet homme que s’ouvre De bois debout. Tué à bout portant par un policier, devant son seul enfant. …

Entre fragilité et hostilité : l’intime

Paru en octobre dernier aux Éditions Poètes de brousse, Amélia est le deuxième recueil de poésie de Laurence Lola Veilleux, son premier étant Chasse aux corneilles (2014). Je n’ai pas tendance à choisir un livre seulement par instinct, je m’informe et je m’inspire des lectures des autres (#lefilrougelit), puis je choisis ce que je vais lire. Au Salon du livre de novembre dernier, je me suis laissé guider quasi aveuglément à travers les publications de Poètes de brousse. Amélia a été choisi par sa couverture envoûtante et son titre énigmatique. Qui est Amélia? Amélia est cette fille prise dans les bois, hors du temps, comme la décrit l’auteure du recueil. Elle y habite, elle y apprend à chasser, à pêcher, à dépecer, à faire ce qu’elle doit faire et non ce qu’elle veut faire. À travers les métaphores puissantes, Amélia se dévoile comme mise à nu devant nous, elle est l’animal pris au piège de sa propre vie, celle où l’issue semble inexistante, celle gardée par son père dans un monde qui ne lui appartient …