Enitan et Sheri sont deux jeunes filles en rupture contre l’ordre et le désordre d’un Nigeria à peine sorti de la guerre du Biafra, un pays où se succèdent coups d’Etat militaires et régimes dictatoriaux. Deux jeunes filles puis deux femmes qui, du début des années 1970 au milieu des années 1990, veulent échapper à l’enfermement d’une société oppressive et machiste. Sheri, belle et effrontée mais blessée à jamais, choisira l’exubérance et la provocation. Enitan tentera de trouver son chemin entre la dérive mystique de sa mère, l’emprisonnement de son père, sa carrière de juriste et le mariage lui imposant, en tant que femme, contraintes et contradictions.
J’ai entamé Le meilleur reste à venir de Sefi Atta parce que j’avais envie de découvrir de nouveaux auteurs et que la littérature de l’Afrique de l’Ouest me semblait riche et vaste. Je n’avais jamais vraiment lu de littérature nigériane, si ce n’est de Nous sommes tous des féministes de Chimamanda Ngozi Adichie. Martine a lu Autour de ton cou, alors que Marion a lu Americanah et toutes deux ont piqué ma curiosité envers ce pays, sa littérature ainsi que la force des femmes qui semble émaner de leurs écrits.
Dans ce roman, on suit donc Enitan, jeune Nigérienne vivant à Lagos, de l’enfance à l’âge adulte. À travers son histoire, c’est aussi celle d’un pays déchiré par la guerre civile qu’on découvre. Il n’est pas que trame de fond, mais bien partie prenante de l’histoire de cette jeune femme. Bien que l’histoire soit présentée comme celle d’Enitan et de Sheri, c’est vraiment le parcours d’Enitan qui constitue la grande majorité de l’histoire. L’amitié entre les deux femmes est tout de même primordiale, ne serait-ce que par les marquants contrastes qu’elle dévoile. Cette amitié est l’exemple parfait de celle qui passe le test du temps, envers et contre tous, malgré ces fois où l’on semble se perdre, pour mieux se retrouver.
Le monde reste à venir est un roman d’apprentissage, de prise de conscience, de découverte de soi. C’est une histoire où s’entremêlent politique, féminisme, corruption et questionnements identitaires, le tout de manière subtile et prenante à la fois. Le parcours d’Enitan, son éveil, la pousse petit à petit vers le militantisme, vers la cause des femmes emprisonnées. Il est intéressant de voir comment, au fil des pages, les deux amies se révoltent intérieurement et extérieurement contre la société dans laquelle elles vivent, contre certaines moeurs, coutumes et, surtout, contre les étiquettes et rôles desquels devraient s’acquitter les femmes du pays.
Bien qu’on y trouve quelques longueurs, il n’en reste pas moins que ce roman de Sefi Atta est un grand roman du quotidien qui raconte une femme, un pays et les accords et désaccords entre les deux.
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