Une des découvertes les plus frappantes de 2016, et ce même si l’année ne fait que commencer, est l’oeuvre de Chimamanda Ngozi Adichie. L’année dernière, Marjorie a parlé de son essai We should all be feminists et plus tôt cette année, Marion a écrit une critique d’Americanah, son plus récent roman. Je les remercie donc de cette découverte parce que c’est le coeur plein de gratitude que j’ai refermé Autour de ton cou, un recueil de nouvelles. Ça faisait un bon moment que je n’avais pas découvert une plume des plus singulières, mais aussi une perspective des plus négligée.
À priori, je ne lis jamais de nouvelles. Simplement parce que j’aime les longs récits où on prend le temps de se plonger dans le quotidien d’un personnage et cette lecture m’a rappelé ce sentiment. Dans Autour de ton cou, j’aurais pris un roman entier pour chacune des nouvelles écrites. Voyons le positif ; cela m’a justement donné envie de lire les romans de l’auteure.
Néanmoins, il y a dans les nouvelles de Ngozi Adichie un tel talent de narration qui crée une atmosphère d’emblée. Les nouvelles ont beau tenir sur 30 pages, elle a réussi à nommer la banalité du quotidien et on se sent entièrement inclus dans l’histoire.
Au fil de ces nouvelles, on fait la rencontre de femmes nigériennes habitant soit au Nigéria ou aux États-Unis. Que ce soit dans des récits d’exil ou ancrés dans la réalité du Nigéria, le regard envers les femmes est franc, honnête, plein de compassion et de tendresse. Il n’est pas à nier que Chimamanda Ngozi Adichie apporte une perspective féministe à ces destins teintés de magie où l’exil vers l’Amérique est un symbole de liberté. Les douze nouvelles sont toutes aussi touchantes et criantes de vérité les unes que les autres.
J’ai particulièrement aimé la façon si nette, nuancée et réellement engagée de représenter les femmes dans toutes leurs pluralités ; de la médecin des États-Unis à la marchande d’oignons.
Le prochain sur ma liste : L’autre moitié du soleil.
Elle avait fini par comprendre qu’élever les enfants à l’américaine, ça signifiait jongler d’une angoisse à l’autre, et que cela venait d’une surabondance de nourriture : parce qu’ils avaient le ventre plein, les Américains avaient le temps d’avoir peur que leurs enfants aient une maladie rare sur laquelle ils venaient de lire un article, et ils pensaient qu’ils étaient en droit de protéger leurs enfants des déceptions, du besoin et de l’échec. Parce qu’ils avaient le ventre plein, les Américains pouvaient s’offrir le luxe de se féliciter d’être de bons parents, comme si s’occuper de son enfant était l’exception et non la règle.
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