Quand j’ai su que Stéphanie Boulay allait sortir un roman, j’étais plus qu’heureuse à l’idée de retrouver un peu des textes des Soeurs Boulay dans un livre. C’est sûrement la réaction que plusieurs ont eue. C’est peut-être aussi pourquoi je m’attendais à un savant mélange entre Veillez la braise et Coeur de slush (va savoir sur quoi je me base, je n’ai même pas lu Coeur de Slush)
J’étais bien loin de la vérité, mais celle-ci est encore mieux, complexe, surprenante et touchante à la fois.
On se retrouve donc dans l’univers bien unique du personnage principal, écrit au je. Elle vit dans les bois avec Titi, sa soeur ou sa mère, elle ne le sait pas trop. On la suit au gré des gelées, des saisons, des états de Titi. C’est une perspective bien différente que nous offre Stéphanie Boulay. On comprend que la jeune fille qui se raconte n’a pas toute sa tête, comme elle le dit. N’empêche qu’elle vit son premier amour, sa première véritable amitié, ses crises d’adolescence et la naissance de son corps de femme, comme n’importe quelle fille de son âge, quoi qu’on ne sache pas exactement quel âge elle a.
L’univers que nous offre Stéphanie Boulay est flou et indéchiffrable. C’est la foret, la rivière, la nature en grand, sans réel point d’ancrage. C’est les loups et les sorcières, la dépression, les violences et le froid, c’est dense, comme les bois. Le tout étant allégé par le choix des mots, par le style à la fois éclaté et doux de l’écriture.
Ce qui m’a épatée et plu dans ce roman, c’est l’universalité qui en émane, c’est à quel point l’auteure réussit à créer et mettre en scène un personnage différent qui, en même temps, est un peu nous tous. Une jeune femme qui comprend qu’un jour on n’a plus voulu d’elle, qui a peur qu’on l’abandonne, une jeune femme qui a ses propres désirs, ses propres envies, qui a peine à faire confiance et qui a envie d’amour.
C’est la façon dont elle raconte le beau et le laid, dans un langage poétique et imagé. On comprend, à demi-mots, les crises et les peines, les moments lourds comme les plus légers. On comprend tout, comme Elle, malgré tout. Un chose est sûre, l’écriture de Stéphanie Boulay se prête magnifiquement bien au récit, ou peut-être est-ce le récit qui se prête aussi bien à son style.
Quoi qu’il en soit, À l’abri des hommes et des choses est un récit touchant, universel et émouvant, à la symbolique forte et aux interprétations multiples.
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