Enseignante de littérature dans un cégep, j’ai motivé un groupe de douze étudiants à participer au Prix littéraire des collégiens 2017 au cours de la session d’hiver. Toutes les deux semaines, nous nous rencontrons pour discuter des œuvres sélectionnées, pour les décortiquer et les critiquer et ainsi en déclarer une gagnante du Prix littéraire des collégiens 2017.
Des femmes savantes de Chloé Savoie-Bernard était la lecture pour la cinquième et dernière rencontre du Prix.
Les étudiants n’ayant que très rarement lu des recueils de nouvelles, ils ont découvert ce genre et accroché par la brièveté de celui-ci. Ils ont trouvé que la nouvelle se prêtait bien au message que l’auteure voulait passer, l’essentiel étant dit directement et sans détour.
La majorité des participants au prix étant des filles, elles ont vécu différentes émotions en lisant : « Ça nous rentrait dedans. » Une lecture simple et facile, mais percutante et très vulgaire : « Ça ne remonte pas l’estime. »
Savoie-Bernard utilise un langage cru, représentatif des actions de ces femmes, toutes aussi crues. Ce sont des femmes en détresse, malades de l’intérieur, obsédées, certaines ayant des déviances, d’autres porteuses de douleurs incomprises et d’estime de soi faible. Les étudiants ont trouvé que ces femmes rappelaient des réalités actuelles : l’hypersexualisation, la femme-objet, l’image et l’utilisation du corps de façon négative.
L’auteure se rend loin, parfois un peu trop, mais suffisamment pour choquer et faire réfléchir.
Une étudiante a soulevé le fait que ces femmes savantes étaient toutes les femmes et aucune en même temps. Des femmes conscientes qui, malgré leur éducation, dévient de cette perfection obligatoire imposée par la société, des femmes imparfaites qui sont bien vivantes, dans leurs succès autant que dans leurs échecs.
Coup de cœur des étudiants pour Liste des raisons pour lesquelles tu devrais m’aimer et Nue.
Un verdict oscillant entre 6/10 et 8/10, les étudiants ayant apprécié la lecture de l’œuvre, son style bien travaillé, mais ont trouvé que l’auteure ne présentait qu’une seule facette de la condition féminine, celle un peu vulgaire, donnant un constat plutôt incomplet.
Résultat du vote
Mon groupe d’étudiants, après avoir voté secrètement, a donc choisi ses trois œuvres préférées : en premier, Le poids de la neige; en deuxième, Des femmes savantes; et ex æquo en troisième place, Mektoub et Les maisons.
Lors de la remise du Prix au Salon du livre de Québec, c’est Le poids de la neige de Christian Guay-Poliquin qui a remporté le grand honneur.
Bravo Vanessa pour ton engagement à faire connaître et aimer le livre et les auteurs. Ces auteurs
écrivains qui se disent de façon toute plus originales les unes que les autres!
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