J’ai toujours entretenu un rapport plutôt froid avec la poésie. Ce n’est simplement ni naturel, ni instinctif pour moi de me diriger vers les vers (!!), je me dirige toujours vers les récits, la prose, les essais. N’empêche que mon désir de découverte est grand et que, cet automne, je me suis donné comme défi personnel de lire quelques recueils, question d’espérer tomber sur quelque chose qui m’allumerait ou bien qui me confirmerait que la poésie, ce n’est tout simplement pas pour moi.
Ça fait que, si j’écris cette critique, c’est évidement parce que je suis tombée sur quelque chose qui m’allume. Ce quelque chose, c’est le recueil Brasser le varech de Noémie Pomerleau-Cloutier.
Brasser le varech est un recueil intime, contemplatif, fort, bercé et supporté par la nature. Je l’ai lu une fois, puis une seconde fois, à voix haute. Je pense que j’ai trouvé, dans le fait de lire tout haut, une façon de mieux apprivoiser la poésie, d’en comprendre les nuances, les intonations, ce qui se cache dans l’espace entre les mots.
En 5 parties – Souches, Pousses, Coupe à blanc, Drave, Reboisement – Noémie Pomerleau-Cloutier nous transporte dans son univers teinté de nature, pierre angulaire et constant pilier à travers les épreuves: la mort du père, la dérive, le déracinement, l’exil, la construction de soi. La recherche d’un ancrage est aussi omniprésente dans la poésie de Pomerleau-Cloutier, malgré les coupes à blanc, « les incendies qui façonnent la forêt boréale » (p.31), il y a toujours ce fameux quai à construire. C’est tout ce grand lexique tellement universel, celui du sol que frôlent nos pieds chaque jour, celui de tout ce qui nous entoure, qui m’a fait tant de bien. L’omniprésence de la nature vient adoucir les moments difficiles, les épreuves, et illustre si bien chacune des émotions dépeintes dans Brasser le varech.
L’auteure le mentionne justement dans cette entrevue: « J’ai utilisé les descriptions de plantes de la Côte-Nord pour illustrer des émotions». Et je dois dire que ça fonctionne très bien. Sans même connaître toutes les plantes et fleurs mentionnées – d’ailleurs, je me suis promise de le relire un jour en faisant mes recherches sur chacune d’entre elles – j’ai tout de même ressenti les émotions qui y étaient rattachées et j’ai eu l’impression de découvrir la flore de la Côte-Nord d’une toute autre façon.
Pour moi, ce recueil a eu l’effet d’une petite bombe, j’ai eu l’impression d’enfin découvrir une plume – en poésie- qui me parlait, dans un langage forestier et floral qui en devient presque méditatif. Pourtant, c’est aussi débordant de force et de vulnérabilité – des caractéristiques qui, à mon avis, sont complémentaires et acolytes plutôt qu’opposées. D’une voix au « tu » qui est à la fois propice aux rapprochements et à la prise de distance, j’ai eu l’impression d’être complètement investie dans chacun des poèmes, de me laisser glisser entre les pages, d’être happée par la force de certaines images, ébranlée par mes propres élans de tristesse et par mes «woah, c’est beau ça» qui semblaient prendre voix sans même que j’y réfléchisse.
Bref, on peut dire qu’avec Brasser le varech, j’ai découvert une poésie qui m’a touchée et qui m’a certainement donné le goût de poursuivre mon exploration du genre.
Et vous, quel recueil de poésie vous a donné envie d’en lire davantage ?
Pour apprivoiser la poésie, je vous propose aussi cet article d’Ariane.
Merci à La Peuplade pour le service de presse
Photo: Alexandra Girard
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