Longtemps, j’ai essayé de nier les faits, de cacher la vérité. Mais aujourd’hui, le temps est venu pour moi de faire face à la réalité et de l’admettre : je suis une incorrigible otaku! Il faut dire que je suis tombée dedans quand j’étais petite, en écoutant des tonnes de séries japanime comme Le Petit Castor, Les trois mousquetaires ou Les mystérieuses cités d’or.
Aujourd’hui, j’en porte encore les séquelles, arborant en public des t-shirts à imprimés kawaii et visionnant en boucle les vidéos perturbantes de Kyary Pamyu Pamyu — déconseillées aux personnes souffrant d’épilepsie! J’aime le dépaysement et la surprise perpétuelle engendrés par les explosions multicolores et les débordements absurdes de ces artéfacts excessifs et surchargés.
J’ai malencontreusement transmis mon addiction à mes enfants, qui ont grandi entourés de Pokémon, d’Hello Kitty et de Mario Bros. Gamer invétéré, leur père a également contribué à leur perdition en les initiant à des jeux comme Kirby’s Adventure, Megaman et La légende de Zelda. Résultat : il n’est pas rare de les trouver en train de faire de l’origami au son frénétique de la J-pop vocaloïde, et l’Halloween, chez nous, se transforme immanquablement en convention de cosplay!
Bien entendu, ma consommation abusive de produits culturels japonais influence également mes choix de lecture. Voici quelques exemples de livres ayant contribué à ma déchéance, me faisant sombrer dans l’enfer de la monomanie nippone!
Mangacadabra!
Quand il est question du Japon et de livres, la première chose à laquelle on pense est bien évidemment les bandes dessinées. J’ai toujours aimé l’esthétique manga, mais il arrive que les personnages stéréotypés au contrôle émotionnel déficient finissent par m’énerver. Rassurez-vous : ce n’est pas le cas de Coco, l’héroïne de L’atelier des sorciers, ma dernière découverte du genre, créée par la très talentueuse mangaka Kamome Shirahama.

L’atelier des sorciers, tomes 1 et 2, de Kamome Shirahama
Forcée d’intégrer une école de sorcellerie pour sauver sa mère — et, accessoirement, le monde! —, Coco doit apprendre à maîtriser les éléments et repousser de puissants ennemis; le tout, bien entendu, en vivant des intrigues de cours d’école avec ses nouvelles camarades apprenties sorcières!
J’ai subtilisé les deux premiers tomes de cette série dans la bibliothèque de ma fille, par curiosité, et je dois dire que j’ai été impressionnée tant par la qualité des illustrations, précises et détaillées, que par celle du scénario. J’ai hâte de lire la suite!
Tutti frutti
Depuis l’adolescence, j’éprouve également une fascination obsessionnelle pour l’étonnante street fashion du quartier Harajuku, à Tokyo. Dans les années 1990, le photographe Shoichi Aoki a commencé à documenter le phénomène, puis il a fondé plusieurs magazines de mode. Fruits est un recueil de ses photographies. Gothic Lolita, Fairy Kei, Decora, Cyberpunk… Autant de styles vestimentaires hallucinants à découvrir!

Fruits : recueil de photos de Shoichi Aoki
Ce livre est une overdose de couleurs et d’originalité! Pas de texte : que du bonbon pour les yeux! Les photos éclectiques sauront plaire à tous les amateurs de pop art, de mode alternative et de contre-culture. Je ne me lasse jamais de les regarder!
Doki doki Murakami
Dans une perspective plus littéraire, j’aime beaucoup lire Haruki Murakami, le maître incontesté du roman moderne au Japon. J’aime son univers onirique et sa façon d’écrire, énigmatique. Ses histoires fantaisistes se caractérisent par des personnages désabusés, des réflexions existentielles et des épisodes de réalisme magique troublants.
J’apprécie particulièrement les nouvelles qui sont magnifiquement illustrées par la dessinatrice allemande Kat Menschik. C’est le cas de L’étrange bibliothèque, une fable angoissante dans laquelle une banale visite à la bibliothèque municipale tourne au cauchemar surréaliste! C’est un récit initiatique hypnotique, un labyrinthe métaphorique inextricable, pour les lecteurs qui sauront se résigner à en refermer la couverture sans avoir tout compris…

L’étrange bibliothèque de Haruki Murakami, illustré par Kat Menschik
Colorée, vivante et éclatée, la culture populaire japonaise est un puissant psychostimulant qui exalte ma créativité et surexcite l’enfant en moi. Il faut se rendre à l’évidence : toute tentative de sevrage est vaine, car la rechute est inévitable! En attendant de pouvoir réaliser mon rêve de visiter le Pays du Soleil levant, je devrai satisfaire ma geekitude à doses homéopathiques de ramen et de Cardcaptor Sakura!
Et vous, êtes-vous friand(e)s de littérature exotique? Quels pays vous font rêver?