All posts tagged: folie

Il n’y a que les fous: Courtes histoires pour un été rempli de folies

L’été, il y a deux sortes de lectures que je privilégie: soit les gros romans captivants qui te font tourner chaque page à une vitesse folle ou bien les recueils de nouvelles. J’aime pouvoir embarquer rapidement dans un univers, le vivre à fond et passer au prochain. C’est pourquoi, lors de mon dernier voyage, j’ai apporté avec moi Il n’y a que les fous, un recueil de nouvelles sous la direction de Casie Bérard. Elle a su rassembler des auteurs incroyablement talentueux, mais également complètement déjantés. En ouverture, Cassie Bérard nous dit ceci: «On ne sait pas trop pourquoi ils font ce qu’ils font. S’imaginer des complots, tordre le langage, craindre le vol, tomber dans des amours impossibles, suer en public, tuer en public, toujours franchir les limites. Mais ils le font.» Et effectivement, au fil des nouvelles, on voit bien que la folie peut jouer sur plusieurs plateaux et sous plusieurs formes. Il n’y a que les fous qui ne trouve pas nouvelle à son pied Ce recueil abrite sous ses pages plusieurs auteurs …

Elena Ferrante, poupée volée, l'am

Poupée volée ; entre obsession et maternité

Je me fais un point d’honneur de lire tout ce qui est traduit en français de l’auteure italienne Elena Ferrante, auteure de la série à énorme succès L’amie prodigieuse, série soit dit en passant EXCELLENTE que je vous recommande sans plus tarder, j’en ai d’ailleurs parlé ici et ici. L’an dernier, j’ai aussi lu Les jours de mon abandon de cette auteure. Comme ce dernier, Poupée volée est un roman individuel, qui ne concerne pas la saga, même si en le lisant, je ne pouvais m’empêcher de penser aux personnages de la série. J’ai d’ailleurs trouvé beaucoup de points communs entre le personnage principal et Leda; elles ont un peu un destin semblable. Alors si vous aviez besoin d’un livre pour l’attente du dernier roman, je vous recommande Poupée volée. Obsession  Poupée volée est un roman psychologique qui raconte l’histoire de Leda, une universitaire de 48 ans qui décide d’aller passer l’été près de la mer, proche de Naples, histoire de préparer ses cours tout en profitant du beau temps et en s’offrant des instants de calme. Mère de deux …

#lefilrougelit, amour, bibliothérapie, folie, En attendant Bojangles, Nina Simone, Olivier Bourdeaut

Ils dansaient sur Nina Simone

Petit cadeau, grande surprise Nous étions en train de bouquiner, j’étais à quelques jours seulement de mon retour au pays. Un de ces fameux moments où je sais très bien que je retrouverai sous peu ma pal (pile à lire) et qu’on n’alourdit pas ses valises davantage surtout quand il faut les remplir de bières et de chocolats belges! C’est mon meilleur ami qui me l’a tendu : « C’est pour toi, il faut absolument que tu lises ça et je ne sais pas si tu vas le trouver au Québec. » C’est ainsi que s’est glissé dans mon sac ce tout petit livre, si léger qu’il me rappelle les formats des romans Courte Échelle… Une folie fraîche et renversante nous emporte dans cette famille où l’extravagante mère vouvoie tout le monde y compris son fils, mais tutoie les étoiles, un père qui l’affuble d’un nouveau prénom quotidiennement et qui écrit des romans sans queue ni tête, un fils qui raconte des mensonges à l’envers parce que personne ne croirait la vie qu’il mène et …

Dée de Michael Delisle : l’envers du décor de la banlieue américaine

Ai-je manqué le mémo? Est-ce que tous mes professeurs de littérature québécoise ont comploté contre moi pour omettre volontairement de leur corpus l’auteur Michael Delisle? On dirait bien! Je viens de découvrir cet auteur (dont Laurence L. vous a parlé ici), poète lauréat du prix Émile-Nelligan en 1987, romancier émérite depuis le début des années 2000, et je suis subjuguée. Je vous parle aujourd’hui du court roman Dée, publié en 2002, roman magistral grâce, entre autres, à son laconisme particulièrement efficace. Longueuil dans les années 1950. Entre la campagne et la grande ville, on commence à goudronner les rues, à installer l’eau courante dans les maisons. C’était il n’y a pas si longtemps, pourtant l’histoire d’Andrée Provost prend place dans une maison digne des Filles de Caleb, une maison bancale, affligée par des armées de mouches et par des odeurs de porcherie. Dée a treize ans, mais elle a déjà les dents complètement cariées, connaît une sexualité précoce troublante, est destinée à travailler à l’usine dès l’âge de 15 ans. Avant même de réellement commencer, la vie …

« Celle que vous croyez » : Jeux de miroir amoureux

Camille Laurens (Laurence Ruel de son vrai nom) est une écrivaine française qui a signé plusieurs oeuvres intimistes avec des thèmes qui me parlent ; passion, amour, intimité. Elle est aussi membre du jury du prestigieux prix Femina. Dans plusieurs de ses oeuvres, elle touche à l’autofiction et s’amuse à jouer avec le réel, la vérité et la fiction. Son oeuvre Philipe où elle raconte le décès de son petit garçon en est un bon exemple. J’avais eu la chance de la découvrir, il y a de ça quelques années avec son roman Dans ces bras-là et j’avais bien aimé. C’est en lisant un petit billet (dont j’oublie la provenance!) sur son dernier roman que j’ai eu envie de me le procurer. On y faisait l’éloge tout en remarquant les thèmes actuels du roman ; identité virtuelle, relation amoureuse, paradoxes de la beauté, etc. Ça ne m’en prenait pas davantage pour que j’aille envie de me plonger dans sa dernière oeuvre. Avec Celle que vous croyez, Camille Laurens offre une oeuvre des plus modernes dans une …

La dualité des amours passionnels

L’amour est multiple. L’amour est contradiction. L’amour est dualité. L’amour est passion. L’amour est haine. L’amour est vérité. L’amour est mystère. L’amour est espoir. L’amour est désespoir. L’amour est folie. L’amour est tranquillité. Et tout ça, Ernesto Sábato l’a bien compris. Dans son ouvrage Le tunnel, l’auteur nous présente une histoire d’amour passionnel comme moteur du déclenchement de la folie chez le protagoniste. Qui n’a jamais vécu ce délire incontrôlable créé par une obsession soudaine pour l’être aimé ou admiré secrètement? La maladie d’amour est puissante, dévastatrice et bien peu souvent, mutuelle. Lorsque l’éclatement de l’âme se fait de façon solitaire, il arrive que le mal-aimé cède à son penchant impulsif. L’artiste peintre Juan Pablo Castel est un assassin. «Il y a eu quelqu’un qui pouvait me comprendre. Mais c’est précisément, la personne que j’ai tuée.» (p.15) Consterné par la vie qui lui semble être vide et sans substance, Castel voit une lueur d’espoir dans cette jeune femme qui s’est arrêtée devant l’une de ses toiles lors de son exposition. «Ce fut le jour du vernissage. …