Dans le cadre de notre événement En 2015, je lis un livre québécois par mois, nous avons lu le roman Javotte de Simon Boulerice! On vous invite à nous faire part, dans les commentaires, de votre lecture ou sur notre groupe Facebook Un livre québécois par mois où l’on discute de nos lectures, communes ou pas!
Ce roman, publié en 2012, est un peu une construction moderne du conte de Cendrillon avec la mythique soeur méchante, Javotte. En emmenant le lecteur dans une société des plus modernes avec des adolescents des plus normaux, Simon Boulerice a-t-il réussi à récréer le conte de fées de Cendrillon dans une petite ville au sud de Montréal?
Ce que j’en ai pensé
J’ai lu Javotte en l’espace d’une soirée, tellement le personnage m’a fascinée. Javotte est incroyablement surprenante, on tourne les pages et on craint de plus en plus de ses gestes comme de ses pensées. Elle fait et pense des choses si violentes et méchantes, mais parfois aussi si singulières et attentionnées, qu’on ne peut faire autrement que de la trouver entière. Javotte souffre tellement au fond de la mort de son père et de son grand besoin d’aimer qu’on s’attache à elle et ce, malgré sa profonde méchanceté. Son si grand besoin d’attention m’a énervée par moment et j’étais exaspérée de la voir mettre tant d’énergie à faire du mal, sauf que cela ajoute au personnage. Je sais que plusieurs personnes ont trouvé le personnage trop « noir » pour continuer leur lecture, mais personnellement, c’est ce qui m’a donné envie de continuer. Je voulais comprendre la douleur de Javotte et surtout, j’ai craqué pour l’écriture. Un peu sous le genre journal intime, on entre entièrement dans les pensées (extrêmement dérangeantes!) de Javotte et on la laisse nous guider dans ses folies… L’humour noir créé par Simon Boulerice m’a faite rire, mais rire jaune. Il a un vrai talent pour avoir su créer un personnage adolescent si complexe et si détestable, mais pour nous avoir amené à l’apprécier et même à rire de ses pensées noires! Cette lecture m’a définitivement donné envie de lire Martine à la plage du même auteur!
Ce que Marjorie en a pensé
Je crois qu’il faut un talent bien spécial pour mettre en scène un personnage tel que Javotte. Elle est détestable, horripilante et, plus que tout, destructrice. Ses raisonnements m’ont parfois laissée avec un goût amer dans la bouche tellement ils étaient étranges, malsains et méchants. Malgré cela, on peut percevoir, à travers cette cause perdue qu’est Javotte, une certaine vulnérabilité qui, loin de la rendre attachante, la rend tolérable le temps d’une lecture. J’ai vraiment aimé ce roman, quoi que j’en suis sortie un peu engourdie par les pensées et actions de la jeune fille. Simon Boulerice a sans aucun doute réussi à mettre du piquant, ainsi qu’une bonne dose de réalité, à ce vieux conte de Disney. À mon avis, la grande force de ce roman se trouve dans toute la construction des personnages, que ce soit Javotte, Anastasie ou bien Stephane. Aucun d’eux n’est laissé intact par le plume de Boulerice qui se place, avec ce roman, aux antipodes de ses romans jeunesse.
Ce que Karina en a pensé
Je peux commencer cette critique en disant que ce fut ma première lecture de l’auteur Simon Boulerice et que ça ne sera pas ma dernière. Les très courts chapitres et l’écriture vive de l’auteur m’ont beaucoup aidée dans l’appréciation de ma lecture. Je suis même presque triste que ma lecture soit déjà terminée (vite, je dois me procurer un autre Boulerice!). L’idée est simple: inventons une histoire contemporaine d’un célèbre conte, Cendrillon. Utilisons des personnages détestables: les belles-sœurs de Cendrillon, mais avant la rencontre de celle-ci. Je dois vous avouer que je croyais que nous allions rencontrer Cendrillon bien plus tôt. Comment dire? Javotte est… fascinante. Boulerice a très bien réussi son coup. Comment nous faire détester et aimer un même personnage. Javotte est loin d’être attachante, elle n’est faite que de pure méchanceté et c’est ce qui la rend si intéressante. Et avouons-le, elle est également une opportuniste. Bref, malgré le fait qu’elle soit détestable, nous souhaitons en connaître plus. Ce que j’ai le plus apprécié du roman est l’écriture imagée et remplie de références de Boulerice. Dans le roman, il est beaucoup question de plaire, d’acceptation et de beauté. Javotte tente d’être féminine, mais dans sa maladresse d’adolescente, elle en est incapable. Pour conclure, je ne peux que vous conseiller cette lecture à sujet parfois «trash», mais laquelle nous apprécions.
Ce que Louba-Christina en a pensé
Le côté sombre de la princesse.
Impatiente de lire mon premier Boulerice, je suis enchantée que Javotte soit le choix de lecture du défi En 2015, je lis un livre québécois par mois, pour février. J’ai décapité le roman licencieux et lacérant en quelques heures. Le livre clos, j’entame ici ma critique, encore tourmentée par les images marquantes de ce roman animé d’un souffle saccadé et d’une voix rafraîchissante et percutante.
Je connaissais de nom et d’image l’auteur prolifique Simon Boulerice et j’attendais que ce jour arrive, celui où j’aurais entre les mains un livre de cet être coloré que je ne peux qu’admirer et jalouser en même temps. Ne me demandez pas pourquoi j’ai attendu si longtemps, je n’ai pas la réponse.
Dès les premières lignes, j’ai entendu sa voix. Une voix toute là. La voix présente, d’un auteur vrai et audacieux. Bien sûr, j’ai laissé passer cette belle surprise pour me laisser prendre par le personnage de l’adolescente Javotte Tremaine, résidente d’un monde sans magie et d’un quotidien banal. Dans le premier chapitre, tout est là. Tout est dit, il ne nous reste qu’à apprécier et à nous laisser prendre au jeu.
Qui n’a pas un jour rêvé d’être une princesse ? Qui n’a jamais joué la comédie pour oublier un peu le sinistre de sa vraie vie? Qui n’a jamais entretenu d’idées assassines pour quelqu’un qui te vole la vedette? Et qui n’a jamais fantasmé sur le prince charmant? D’une manière ou d’une autre, on a toutes un petit côté conte de fées, certaines l’ont juste un peu plus que d’autres.
Tout au long du texte, j’ai pris plaisir à déroger de l’histoire pour penser à celle qui l’a inspirée, le conte de Cendrillon. D’où est extirpé un personnage d’arrière-scène, Javotte, pour l’occasion placée en premier plan, au «JE» de ce roman. Mais bien qu’elle soit mise à l’avant ici, Javotte reste de celles qui doivent user de beaucoup d’imagination pour être remarquées. J’apprécie énormément l’idée d’inventer une vie, une réalité intangible, à un personnage de l’ombre et d’être fataliste quand même en ne lui offrant que la moitié de son désir.
L’histoire est donc cousue sur celle que l’on connaît tous, avec une saveur d’aujourd’hui, de modernité, d’école secondaire, de trottoir en ciment, de désirs sexuels et de vengeances sans scrupules. Dès le départ, on se débarrasse du père dans un moment de presque beauté. Du cutex rouge sur une robe blanche. Et de grands éclats de rire. Javotte a une sœur, sa naïve cadette Anastasie. Leur mère, froide comme la glace est peu présente. Javotte déteste à en tuer une certaine Carolanne, présage d’une Cendrillon qui arrivera à la toute fin du récit. Le prince charmant, un certain Luc, n’est pas si charmant, heureusement il a une sœur qui le complète par sa gentillesse et son amour de débutante.
Le roman est composé de courts chapitres se liant l’un à l’autre, mais aptes à vivre l’un sans l’autre. Les phrases sont courtes, saccadées, c’est le souffle de la princesse qui s’essouffle à force de vouloir jouer la comédie et de croire de moins en moins à son rôle.
Je suis de nature très visuelle et ce roman de Boulerice est fortement illustré, de par la force des descriptions, la mention récurrente des couleurs (surtout que les sœurs Javotte et Anastasie, si on s’en souvient bien, sont différenciables par leur fétichisme aux couleurs vert et violet).
Finalement, ce que j’aime du personnage de Javotte, c’est qu’elle est l’actrice de sa vie et elle connaît son rôle. Elle se fait tout de même rattraper par la vraie vie et elle se satisfait de ce qu’on lui donne.
Je crois que vous pourriez aussi aimer Ma belle blessure de Martin Clavet et Les sangs d’Audrée Wilhelmy, pour le besoin de fantasmer une vie ridiculement banale et à chercher la beauté dans la douleur et dans la cruauté humaine.
Questions pour susciter la discussion
1-Qu’avez-vous pensé du personnage de Javotte? Vous a-t-elle semblé incroyablement méchante ou vous avez ressenti de la compassion pour elle?
2- La relation de Javotte avec sa soeur Anastasie vous a-t-elle rappelé celle de Cendrillon avec sa méchante belle-soeur?
3- Qu’est-ce que la sexualité dans Javotte a suscité en vous? De l’étonnement? Du dégoût? De l’inquiétude?
4- Souhaiteriez-vous une suite?
5- Que pensez-vous des décisions de vengeance du personnage?
6- Lirez-vous un autre Boulerice ou avez-vous déjà lu un de ses romans?
7- Irez-vous voir la pièce de théâtre adaptée du roman?
Pour les fans de Javotte, une adaptation théâtrale de la pièce a été créée, au Théâtre Denise-Pelletier. Les représentations auront lieu fin mars et début avril, cliquez ici pour connaître les dates et pour acheter vos billets!
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