C’est avec Javotte que j’ai découvert l’univers de Simon Boulerice et rapidement j’ai réalisé que je rentrais dans un imaginaire et un univers hors du commun. C’est aussi rassurant de savoir que des livres de Simon Boulerice, il y en a! Son oeuvre est plus qu’impressionnante et il ne s’arrête pas. Albums jeunesse, romans pour adolescents, pour adulte, il a le talent d’écrire de tout. Vous l’aurez deviné, Simon Boulerice, je l’aime.
Quand j’ai mis la main sur L’enfant mascara, déjà je savais que je rentrais dans une oeuvre qui ne me laisserait pas sortir indemne. Inspiré d’un drame qui s’est produit en Californie en 2008, ce nouveau roman pour adolescent raconte l’histoire horrible de Larry/Leticia qui, après avoir demandé à un garçon s’il voulait être son valentin, s’est fait tué dans son école secondaire par celui-ci. Un histoire où l’homophobie, la transphobie, la haine et la pauvreté sont présents et serrent le coeur tout au long.
Je n’ai pas pu faire autrement que de dévorer ce livre parce qu’il m’a habitée comme jamais. Je me suis liée d’une très forte sympathie pour le personnage principal Larry/Leticia. Dès les premières pages, on connait son tragique destin et ainsi, au fil des pages, on découvre de quelle façon ce jeune garçon a perdu la vie, toujours le coeur un peu serré de savoir le dénouement.
Larry voulait être une femme, Leticia. Il le disait qu’il ne se sentait pas garçon et dans les derniers instants de vie, il s’acceptait entièrement. Il osait s’habiller, se maquiller et se présenter comme son coeur le voulait vraiment. Ça m’a jetée par terre de lire le courage, l’estime qui vivait dans ce corps-là. J’étais plus que fière et émue de voir cette réalisation qui vient parfois si tard, parfois jamais dans une vie, de s’écouter et d’être juste soi. D’un autre côté, la haine qui habite le personnage de Brandon, l’objet de tous les désirs de Larry/Leticia, est troublante. L’homophobie qui l’habite me répugne et je ne pouvais pas faire autrement que de ne pas y croire. Ces gestes d’une si grande violence sont difficiles à saisir, à relativer et parfois les mots ne suffisent tout simplement pas pour comprendre le drame.
J’espère que ce roman, comme beaucoup d’autres de Boulerice- je pense à Jeanne Moreau a le sourire en envers– viendront créer des discussions dans les écoles secondaires. Il faut parler avec les jeunes d’homosexualité, de transexualité, d’amour, de désir, de respect des autres et d’acceptation de soi. Jamais avec des gants blancs et toujours facile d’approche, ses romans viennent créer des discussions qui sont nécessaires.
Élévé par une famille d’accueil, Larry/Leticia est confronté à la violence, à l’alcoolisme, à la pauvreté dès son plus jeune âge. Nourri à coup de plat Michelinas, son enfance n’a pas été de tout repos, loin de là. Cette détresse familiale s’ajoute à la longue liste des injustices, des drames et des douleurs qu’a vécus ce jeune adolescent qui au fond, voulait juste tout simplement aimer. C’est ça qui brise le coeur derrière tout ça, ce désir si profond qui parcourt les pages d’être tout simplement aimé en retour.
L’écriture de Boulerice, entièrement ancrée dans son époque, crée tout le réalisme derrière ses personnages. Que ce soit par ses références à la culture populaire (Allo Beyoncé et Céline!), par sa façon d’écrire les dialogues ou par sa narration des plus authentiques, on y croit entièrement. J’ai souvent de la difficulté à lire des romans pour adolescents, parce que je sens que l’adulte derrière son clavier essaie trop de plaire aux ados. Dans ce cas-ci, c’est tout le contraire. Et fort heureusement.
Le fil rouge tient à remercier les éditions Leméac pour le service de presse.
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