Littérature québécoise
Comments 3

Une année noire dans l’est de Montréal

Le fil rouge le fil rouge lit bibliothérapie littérature lecture livres les livres qui font du bien Jean-Simon DesRochers Les inquiétudes L'année noire

La lecture est au cœur de ma vie depuis toujours. J’ai parfois l’impression que je lisais avant de savoir lire. Lire m’apporte beaucoup de choses intangibles que je peux difficilement décrire. Cela me permet entre autres de passer à travers les différentes épreuves de la vie un peu plus facilement.

Mais la lecture peut aussi me faire mal. Surtout lorsque j’arrive à la fin d’un livre qui m’a habitée pendant plusieurs jours. J’arrive même à regretter d’avoir commencé à lire ce bouquin tellement je ressens un vide soudain. Un peu comme si on me forçait à sortir dehors, dans le vent glacial, en plein party, et qu’on me fermait la porte au nez violemment alors que tous mes amis continuaient à s’amuser à l’intérieur. Je voudrais n’être jamais venue. Alors que je me suis attachée à tous ces personnages, que j’ai appris à les connaître, à croire que toutes ces péripéties leur arrivaient, à m’imaginer leur univers aussi clairement que si j’y vivais, ils partent tous d’un coup et me laissent dans ma froide solitude.

Le pire c’est qu’en ouvrant pour la première fois Les Inquiétudes, le 1er tome du nouveau roman L’année noire de Jean-Simon DesRochers, je savais bien dans quoi je m’embarquais. J’avais beaucoup trop aimé La canicule des pauvres et j’étais trop contente de recevoir son nouveau livre avant sa sortie, directement dans ma boîte aux lettres. Je savais que j’allais aimer son nouveau livre; j’en avais l’intuition. J’allais forcément souffrir en arrivant à la fin, car j’allais finir de lire le roman trop rapidement et être abandonnée par les personnages sans préavis.

Jean-Simon Desrochers Les inquétudes L'année noire littérature québécoise le fil rouge lit roman livre Montréal

L’année noire ne ressemble pas à La canicule des pauvres même si on retrouve quelques mêmes personnages, plusieurs années plus tard. L’intrigue se passe cette fois-ci dans l’Est de Montréal. Cet autre décor apporte un ton beaucoup plus noir. Les personnages sont tristes. Leur vie est grise et monotone. Et surtout, l’histoire principale est tragique. Parti faire un tour de vélo dans son quartier, Xavier, huit ans, n’est pas rentré souper. L’hypothèse de la fugue est rapidement écartée, le petit garçon s’est fait kidnapper. Commence alors une année noire pour ses parents, Diane et Alexandre, mais aussi pour l’ensemble du quartier. Pendant six mois, on suit la vie d’une vingtaine de personnes habitant le même coin et la noirceur s’étend sur la vie de tous ces gens.

Dans la chronique que j’avais faite pour La canicule des pauvres, j’avais déjà fait une référence à Bret Easton Ellis. La comparaison pour Les inquiétudes est encore plus flagrante. Non seulement les scènes de sexe sont très crues, mais en plus, la violence est très visuelle et détaillée comme dans American Psycho. Je préfère prévenir pour les gens qui sont facilement choqués : ce roman n’est vraiment pas pour vous. Certaines scènes sont très traumatisantes, car on y parle de sévices subis par des enfants. Jean-Simon DesRochers ne cache pas la part très obscure de l’être humain. Ces histoires terribles de pédophiles, on préfère parfois se fermer les yeux et ne pas les imaginer. Ici, pas le choix d’être au courant, l’auteur nous décrit tout sans retenue.

Mis à part ces scènes un peu trop brutales pour moi, le livre ne m’a pas déçue. Il nous immerge complètement dans la tête de ces hommes et femmes ordinaires qui tentent jour après jour de ne pas sombrer. Comme le tout se déroule à Montréal, à quelques pas de chez moi, et que la plume de l’auteur est encore une fois si vive et réelle, je n’ai pu que m’attacher, comme si j’étais moi-même une voisine qui observait le tout de ma fenêtre.

J’ai essayé de le lire doucement. Me forcer à ne lire qu’un chapitre par jour. Rien à faire. J’étais incapable d’arrêter de le dévorer.  Alors forcément, le moment fatidique est arrivé : la dernière page.

Heureusement, ce n’est que le tome 1. Le tome 2 arrive à l’automne 2017. Le printemps et l’été sont mieux d’être plaisants pour me faire patienter!

Et vous, pour quel livre avez-vous eu le plus de tristesse en arrivant au mot Fin?

—-

Le fil rouge tient à remercier les éditions Les Herbes rouges pour le service de presse.

3 Comments

  1. Ping : Ce que les fileuses ont acheté pour le #12août j’achète un livre québécois dans le cadre du défi #Jelisunlivrequébécoisparmois | Le fil rouge

  2. Ping : Les Certitudes : le désordre de Montréal | Le fil rouge

  3. Ping : Les coups de coeur littéraires 2017 des fileuses | Le fil rouge

Laisser un commentaire

Entrer les renseignements ci-dessous ou cliquer sur une icône pour ouvrir une session :

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s