Littérature jeunesse
Comments 2

« Ce sont des choses qui ne se font pas » Sauf pour Emma!

Sophie Bienvenu, illustrations de Camille Pomerlo, La princesse qui voulait devenir générale, Éditiions de la Bagnole, roman jeunesse, féminisme, guerre, liberté, identité, affirmation de soi, princesse, roi, trans, Et au pire on se mariera, le fil rouge, le fil rouge lit, les livres qui font du bien, roman jeunesse, littérature québécoise jeunesse, premier roman jeunesse, conte universel, stéréotypes de genre

Je suis une grande amoureuse de l’œuvre de Sophie Bienvenu, je vous en ai déjà parlé ici, ici et ici. Alors lorsque j’ai su qu’elle publiait un premier livre pour les jeunes, j’ai d’emblée voulu le découvrir. Or, en sachant que ce roman jeunesse parlait de stéréotypes de genre, qu’il abordait les questions du féminisme, de la liberté et de l’affirmation de soi, je ne pouvais pas être plus heureuse! Je plaide pour des œuvres jeunesse inclusives, non-moralisatrices et féministes.

Illustré par la Montréalaise Camille Pomerlo, La princesse qui voulait devenir générale est un roman jeunesse qui brise les stéréotypes attachés aux genres. Emma rêve d’être générale, tandis que son frère rêve d’être une reine. Leur père, le Roi Philippe, les empêchera d’être ceux qu’ils rêvent d’être, parce que « ce sont des choses qui ne se font pas ». Cette phrase sera au centre de tout ce que son père dira et croira. Heureusement, Emma croit en ses rêves et en sa volonté d’être ce qu’elle veut vraiment être. Elle quittera donc le royaume sans prévenir personne dans l’espoir de partir en guerre. Elle essaiera de trouver des peuples qui voudront bien se mettre en guerre contre elle, mais cette quête sera plus ardue qu’elle ne le pensait.

J’ai beaucoup aimé le fait qu’au cours du récit, le narrateur nous demande notre avis sur le déroulement du récit :

« Comment aurais-tu fait, toi, pour chasser l’ours ? »

J’ai le sentiment que ces passages pourront mener à de grandes discussions, que ce soit l’enseignant-e avec ses élèves, les parents avec leurs enfants ou bien tout simplement le lecteur-trice seul-e qui se mettra à rêver des nombreuses possibilités du récit. C’est le genre d’ajout qui prône l’imagination des lecteurs-trices et qui ajoute du dynamisme à la lecture.

Le roman est vraiment écrit comme un conte universel avec les rôles préétablis des contes classiques : le roi, la princesse, le royaume, etc. L’histoire est aussi écrite en respectant un peu les codes des contes, mais toujours en la rendant moderne et actuelle. Par exemple, le roman débute ainsi :

« L’histoire se passe il y a très longtemps, bien avant la naissance de l’arrière-arrière-grand-mère de ton arrière-arrière-grand-mère. Tellement longtemps que les voitures n’existaient pas (les gens se déplaçaient à cheval et en carrosse), tellement longtemps qu’on écoutait de la musique sur des objets appelés « disques » et que la télévision était en noir et blanc » 

Choisir son destin 

Il s’agit d’un des romans jeunesses les plus féministes et inclusifs que j’ai lu en littérature québécoise. Le personnage d’Emma m’a particulièrement plu ; j’ai aimé sa détermination, son désir de réaliser ses rêves et de le faire selon ses propres principes et non ceux de son père. Une princesse qui désire devenir générale, pourquoi pas? Le petit frère de Emma, Gigi, de son côté, rêve de devenir une reine et grâce à sa soeur, il le deviendra.

Gigi tombera sous le charme de Simon et voudra devenir une fille pour être une reine et ensuite se marier, mais son père refusera. Or, Emma et sa bande réussiront, ensemble, à se battre et faire changer les choses « qui ne se font pas ».

« -Notre père, Phillipe le Cent-dix-huitième, nous a chassés du château et du royaume. Il refuse que je sois une fille et que nous nous marions, parce que sont des choses qui ne se font pas. Oh! Emma, qu’allons-nous faire ? »

Bref, je conseille ce livre à tous les enseignantes-e qui ont envie de créer des discussions avec les élèves concernant les «choses qui ne se font pas ». Parler de ses rêves, de l’identité de genre, des stéréotypes et des obligations sociales avec les jeunes est un gage d’ouverture face à ces sujets. J’admire et encourage ces œuvres jeunesse féministes, ça fait du bien à lire… Et ça donne envie de voir plus souvent des éditeurs jeunesse se positionner avec des textes ouvertement féministes.

Avez-vous des suggestions de romans jeunesse inclusifs et féministes à me conseiller?


Le Fil Rouge tient à remercier les Éditions de la Bagnole pour le service de presse.

2 Comments

  1. Ping : Les coups de coeur littéraires 2017 des fileuses | Le fil rouge

Laisser un commentaire

Entrer les renseignements ci-dessous ou cliquer sur une icône pour ouvrir une session :

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s