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Bordeline : pour se sentir moins seul.e avec sa folie

Folle. J’ai eu peur de l’être, souvent. Trop longtemps, j’ai eu l’impression de l’être vraiment, aussi. C’est douloureux pour la tête et les émotions quand le mot te traverse de bord en bord. Ça transperce, fort. Ça te balance en bas de ta chaise. Ça te fait pleurer en p’tite boule dans les couvertes, le cœur serré. Ce mot-là il est resté ancré en moi comme une cicatrice qui n’a jamais voulu s’effacer. Il revenait à la charge, toujours. Folle. Je suis folle. Je suis crissement folle. Mes instants de paranoïa, mes délires non-justifiés, mon humeur changeante, mes états dépressifs, ça en faisait trop, je me disais : j’suis pas normale. Tout le temps. Ça revenait à la charge, encore. Une p’tite crotte abandonnée sur le bord de la route. Une guenille sale qu’on a oubliée dans le fond de l’évier. Un lapin dans sa cage qu’on n’a pas lavé depuis des jours. Je croyais être seule au monde. Un jour j’en ai parlé à un psy, puis à des ami.e.s et à ma famille. J’ai …

Les blessures d’un fantôme racontées par Ying Chen

Ying Cheng a déjà fait paraître plus d’une dizaine d’ouvrages, mais au moment de lire Blessures, son dernier roman, je n’avais lu aucun de ceux-ci. Maintenant que j’ai fait connaissance avec l’œuvre de Ying Chen, j’ai l’intention de lire davantage de ses romans, car j’ai trouvé ma lecture agréable, et son style et son approche uniques. Blessures aborde la vie d’un médecin né en Occident qui se rend soigner des blessés dans une guerre révolutionnaire à l’autre bout du monde. L’auteure nous raconte les errements du fantôme de celui-ci plusieurs années après sa mort alors qu’il retourne sur les lieux où, dans des conditions rudimentaires, il soignait des blessés sur le front. Bien que son nom ne soit jamais mentionné, la vie de l’homme dont il est question ressemble à celle de Norman Bethune. Pour ceux qui ne connaissent pas Norman Bethune, il s’agit d’un chirurgien canadien qui, en 1938, se rend en Chine alors que la guerre sino-japonaise est en cours. Dans une région rurale reculée de ce pays, il forme des soignants, opère des blessés et …

De l’autre bord de la 117 Nord, l’exil

Pour se rendre dans la ville où j’ai poussé mon premier cri d’existence, il faut manger quelques kilomètres d’asphalte de patience, rouler sur la 117 Nord et traverser la réserve faunique La Vérendrye. Je viens de refaire une ixième fois le périple. Croiser de temps en temps des camions qui transportent le fruit désolant des coupes à blanc. Tourner la tête à droite offrira un meilleur spectacle: un mélange d’images de lacs, de rivières, de gens qui font du pouce plus qu’ailleurs et des épinettes bien fières. Être entouré de l’odeur et du silence des arbres qui se tiennent encore debout. Un parfait trajet pour les contemplatifs. Enfin le temps aussi d’égrainer ses playlists. Il faut sortir ses meilleures trames sonores pour ces toiles de fond. La récompense au bout du chemin est le ciel d’Abitibi qui a un je-ne-sais-quoi de magnifique. Ça peut paraître loin comme bout de pays, mais c’est là où j’ai vu les gens être les plus proches. Vaste étendue de territoire, les gens s’y resserrent. Mais pour toutes sortes de …

100 ans d’Anne Hébert : une vie de création

Les éditions Fides ont sorti, pour rendre hommage au 100e anniversaire d’Anne Hébert, un album souvenir qui nous permet de retracer le parcours spectaculaire de cette grande auteure québécoise. Cet Album Anne Hébert créé par Bernard Chassé et Nathalie Watteyne revient sur toute la vie de l’écrivaine. Son enfance, ses débuts, son succès international et les derniers instants de sa vie. Ce que j’ai le plus aimé de cet album est l’équilibre entre la vie privée et la vie publique qui a été respecté. Le bouquin contient beaucoup de lettres d’Anne à son frère Pierre, de qui elle était extrêmement proche, elle y raconte ses angoisses d’écrivaine, son besoin d’intimité et toute l’inspiration qu’elle trouve dans la vie quotidienne. Les correspondances qu’elle entretient autant avec son frère, ses amis que ses parents sont porteuses d’une vérité et d’une authenticité envers la femme et non l’écrivaine de renommée internationale. J’ai aimé voir Anne Hébert d’un autre œil dans cet album. Non seulement, il est évident qu’elle était animée d’un besoin d’écrire plus grand que tout, on …

« Amanita Virosa » d’Alexandre Soublière, un roman d’amour noir moderne

Amanita Virosa : Amanita virosa, de son nom vernaculaire Amanite vireuse, aussi appelée Ange de la mort, ou Ange destructeur, est un champignon basidiomycète mortel du genre Amanita de la famille des Amanitaceae. (Source : Wikipédia) Le titre choisi par Alexandre Soublière est plutôt mystérieux aux premiers abords. On se demande premièrement ce que ça veut dire, à moins bien entendu que vous soyez mycologue, soit un spécialiste des champignons. En fermant le roman, on comprend un peu plus. D’emblée j’avoue que j’avais été parmi ces lecteurs qui attendaient la prochaine oeuvre d’Alexandre Soublière avec impatience, mais peut-être pas pour les mêmes raisons que tous. J’avais lu Charlotte before Christ et même si j’avais bien aimé ma lecture, il y avait une immaturité dans l’écriture qui me chicotait. Bien sûr, j’avais compris le langage jeune et franglo et j’étais entièrement d’accord pour dire que cela s’intégrait parfaitement aux personnages et à leur contexte. Toutefois, je trouvais l’écriture très nombriliste et un peu trop empreinte de la génération Yolo. En ouvrant Amanita Virosa, je souhaitais intérieurement ne pas …

«Pauvres petits chagrins» : Jamais assez de douceur

«C’était la première fois que nous articulions notre principal point de désaccord. Elle voulait mourir et moi je voulais qu’elle vive et nous étions des ennemies qui s’aimaient. Nous nous sommes fait un câlin tendre et maladroit parce qu’elle était dans un lit, attachée à des trucs.» L’une est une pianiste incomparable, une virtuose de la musique, et l’autre est une écrivaine de livres pour enfants sur le rodéo, mère de famille, amante maladroite. L’une d’elle veut mourir, tente sans cesse de mettre le point final à cette vie qu’elle ne sait mener. L’autre tente de la garder en vie, au détriment de tout, à bout de bras, à bout de souffle. Elfrieda et Yolandi. Deux soeurs. Miriam Toews relate dans Pauvres petits chagrins l’histoire bouleversante de deux soeurs, de leur enfance jusque dans la quarantaine. Elfrieda la pianiste talentueuse tente de mettre fin à ses jours, encore une fois. Yolandi accourt à son chevet et tente par toutes les manières possibles de la ramener du côté de ceux qui veulent vivre. Elfrieda mène une vie …

La nostalgie de la maison d’enfance

Dans les premiers articles publiés sur le blogue, je vous parlais du livre Ce n’est pas une façon de dire adieu, écrit par Stéfani Meunier. J’avais vraiment eu un coup de coeur pour cette auteure et pour sa façon de créer des ambiances par l’écriture. Dans ce roman, elle racontait une histoire de trio amoureux sur fond de musique des Beatles et de New York sous la pluie. C’est honnêtement un des romans qui m’aura le plus marquée en ce qui concerne l’ambiance du livre. Lorsque j’y repense, je sens l’odeur de la pluie, du thé et la musique des Beatles. Voilà, ce qui m’avait tant charmée de cette auteure québécoise, son pouvoir de créer chez les lecteurs, le sentiment d’évasion par la lecture. C’est ce qui m’a donné envie en 2013 (Je sais ça a pris du temps avant que je le lise!) de lire son plus récent roman On ne rentre jamais à la maison, publié aux éditions Boréal. J’en ai profité durant le temps des fêtes cette année pour m’installer confortablement et le …