Bordeline : pour se sentir moins seul.e avec sa folie
Folle. J’ai eu peur de l’être, souvent. Trop longtemps, j’ai eu l’impression de l’être vraiment, aussi. C’est douloureux pour la tête et les émotions quand le mot te traverse de bord en bord. Ça transperce, fort. Ça te balance en bas de ta chaise. Ça te fait pleurer en p’tite boule dans les couvertes, le cœur serré. Ce mot-là il est resté ancré en moi comme une cicatrice qui n’a jamais voulu s’effacer. Il revenait à la charge, toujours. Folle. Je suis folle. Je suis crissement folle. Mes instants de paranoïa, mes délires non-justifiés, mon humeur changeante, mes états dépressifs, ça en faisait trop, je me disais : j’suis pas normale. Tout le temps. Ça revenait à la charge, encore. Une p’tite crotte abandonnée sur le bord de la route. Une guenille sale qu’on a oubliée dans le fond de l’évier. Un lapin dans sa cage qu’on n’a pas lavé depuis des jours. Je croyais être seule au monde. Un jour j’en ai parlé à un psy, puis à des ami.e.s et à ma famille. J’ai …