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Bestiaire, Eric Dupont, Gaspésie, enfance

Bestiaire : le berceau salé d’Eric Dupont

Eric porte un regard sur son enfance. Les animaux qui amorcent son récit défilent et ramènent à la surface des anecdotes à saveur autobiographique. Sans être un véritable bestiaire (manuscrit regroupant des fables sur les bêtes), les chapitres débutent par le chat, le vacher à tête brune, le bigorneau, le chien, les poules, le grand-duc d’Amérique et le canari; ces animaux ouvrent la porte sur des anecdotes d’une puissance sans nom. Racontés adroitement avec un regard empreint de résilience, nous sommes invités à nous remémorer avec le narrateur, dans un défilé de métaphores, les nombreux personnages qui ont marqué sa jeunesse au cours de la Révolution tranquille. Il en va ainsi pour Nadia Comaneci, jeune gymnaste roumaine à la note parfaite et au sourire inoubliable, qui fera naître ce bijou : « Ma sœur et moi, les deux enfants condamnés à voltiger entre ces deux barres, avons offert au monde un admirable numéro de gymnastique familiale. » Parlant de famille, la dichotomie vécue chez l’un des protagonistes par son père, policier de la Sûreté du …

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Un ami lumineux : le plaisir de s’illuminer par la tête

On dirait que tout ce que touche Simon Boulerice se transforme en petits – grands – bijoux littéraires. Je suis certaine qu’il y en a plusieurs qui seront d’accord avec moi. Même si j’ai laissé tomber le projet (à mon grand désarroi) d’être à jour au niveau de toutes ses parutions (cet auteur est si prolifique que ça dépasse l’entendement!), à chaque fois qu’un de ses livres se retrouve dans mes mains, son univers m’enchante à coup sûr. Ça a été le cas, encore une fois, avec Un ami lumineux, album jeunesse paru à La courte échelle en avril 2017, dont les illustrations sensibles et délicates sont signées par Marilyn Faucher. L’histoire est en tout point craquante. Ludo doit maintenant vivre à la fois dans une maison à la campagne avec sa mère et dans un appartement en ville avec son père, car ses parents se sont depuis peu séparés. Et « il n’y a rien à faire, leur amour s’est éteint. Parce que l’amour, c’est comme un feu ». Malheureusement, Ludo n’aime pas vraiment …

Tous (un peu) extraterrestres, non?

Moi, je suis pas comme les autres. Je marche sur la Terre, je vais à l’école, j’ai une maison, un papa, une maman et un chien. Ça, c’est normal. Mais le truc bizarre, c’est que plusieurs fois par jour, je voyage sur une autre planète. L’imagination enfantine à l’âge adulte est trop souvent broyée par les responsabilités, le quotidien en urgence et les to-do-lists qui n’en finissent plus… Un album pour recommencer à rêver un peu : pourquoi pas? C’est avec des croquis délicats et colorés, avec un petit Léon adorable et attachant, que nous arrive le duo Jo Witek et Stéphane Kiehl. Cet album nous ouvre, avec justesse, une porte menant à l’univers imaginaire des enfants. Un album qui, sans aucun doute, fera surgir des souvenirs d’enfance; les bols de céréales, les dessins de craie, les mains sales, les premières journées d’école, les courses de petites voitures, toutes ces grandes premières fois… Léon est un petit garçon aussi sensible que rêveur. En apparence, il est un enfant comme les autres. Tout de ce qu’il …

La tendreté de l’enfance, du livre à l’écran

Les adaptations cinématographiques d’œuvres littéraires nous rendent tous sceptiques. Le pari est souvent élevé, et si le film ne devient pas rapidement numéro un, on le classe dans la catégorie indéfiniment longue des mauvaises adaptations, car ce qui fait un bon livre ne signifie pas toujours un bon résultat sur nos écrans. Il suffit de penser à The Girl on the Train ou à la populaire série Divergent. Mais parfois, notre scepticisme étant si élevé, les surprises jaillissent de certaines œuvres qu’on croirait impossible d’adapter; que ce soit The Lord of the Rings ou plus récemment le magnifique IT. Pour ma part, je suis une très grande admiratrice de ce procédé. Il y a quelque chose de fascinant de permettre une seconde vie à ces personnages. Ce sont des œuvres qui prennent des risques extrêmes et qui sont dotées d’une telle qualité littéraire qu’on ne peut s’imaginer de les laisser dans notre bibliothèque. Et la plupart du temps, si le film est un échec, l’œuvre, elle, persiste. Et vice versa. Dernièrement, j’ai eu la chance de …

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Cartes : un atlas jeunesse pour découvrir le monde

C’est en travaillant en librairie que j’ai pu me plonger dans l’univers des atlas jeunesse. Un monde infini que je ne connaissais que très peu venait de s’ouvrir à moi. C’est une de mes collègues qui m’a montré — sur un plateau d’argent, avec un jet de lumière éblouissant et un alléluia victorieux — le très magnifique atlas Cartes : voyage parmi mille curiosités et merveilles du monde de Aleksandra Mizielinska et Daniel Mizielinski, auteurs polonais. Mon cœur a bondi lorsque je l’ai aperçu. Ce grand livre était parfait en tout point. Je ne pouvais m’arrêter de l’usurper, en me faufilant dans la section jeunesse de la librairie quand un temps mort me le permettait, afin de le feuilleter avec ravissement. Ce livre bleu me fascinait. Destiné à un jeune public, Cartes présente plusieurs pays de tous les continents, cartographiés à l’ancienne, à la manière des cartes des grands explorateurs d’autrefois. Chaque page est ornée d’illustrations minutieuses, détaillées et naïves qui désignent à tout coup une particularité du pays présenté. On y découvre les attractions principales, …

Récit de jeunes rescapés

Les glissades d’eau sont souvent synonyme d’euphorie. Elles sont singulières par leur éphémérité et leur authenticité. Il faut l’admettre ; nager dans l’eau pendant des heures entières n’aura jamais procuré autant de satisfaction à un enfant. C’est le summum du divertissement, le Saint-Graal de nos jeunes étés. 
Mais si, comme moi, vous avez été cloîtré à une vision équivalente à celle de vos grands-parents, les glissades d’eau ont souvent été associées à la terreur. Car contrairement aux autres enfants de votre âge, le divertissement avait ses limites et ses conséquences. Je garde un souvenir très précis de cette peur constante. Celle de perdre ses lunettes, de devoir s’abstenir d’aller rejoindre mes amis dans la piscine à vague ou celle des nuits précédentes, où mon sommeil cédait à l’angoisse et aux mauvais scénarios déjà envisagés. Malgré tout, de loin ou de près, les glissades d’eau restent gravées dans notre mémoire comme l’équation d’une jeunesse absolue. Car pendant un bref moment, vous vous sentez à la fois en danger et immortel. C’est d’ailleurs cette idée qui a influencé un …

La fin de l’innocence

L’été est une saison unique. Chaque année, elle nous tient en haleine par son imprévisibilité. C’est elle qui anime les conversations et les espoirs de chacun. Elle marque la fin de l’hibernation et le début d’un souvenir ancien. Elle se dissocie des trois autres par sa légèreté, ses chaleurs et ses nuits sans fin. C’est le temps des glaïeuls, de l’amour et de la nouveauté. Je garde un souvenir précis de mes étés de jeune adolescente. Ces 2 mois qui nous semblent éternels et qui nous dissocient de la tempête qui gronde entre les casiers de la jungle du secondaire. C’est le seul moment où rien ne nous oblige à quoi que ce soit. Pas besoin de fuir, de faire semblant, de survivre. C’est la possibilité infinie de slush, de premières bières et de marathon THE O.C. (j’avais une belle vie, eh oui). C’est être soi-même complètement, et c’est se découvrir à travers nos propres yeux. 

C’est aussi la fin de l’innocence, l’éveil des sens et de l’émancipation. C’est s’opposer à toute figure parentale, être …

Le rêve d’Azadah

Depuis ma lecture de L’abragan de Jacques Goldstyn, je suis rendue «fan» de son art. Ce que j’apprécie le plus de cet auteur-illustrateur est son amour pour la liberté d’expression, des enfants et le fait qu’il soit un homme engagé. J’ai pu retrouver tout cet amour dans son p’tit dernier : Azadah, qui raconte l’histoire d’amitié entre cette enfant et la photographe Anja. Azadah apprend que sa nouvelle amie quitte le pays. C’est la panique! Elle la supplie de l’emmener avec elle, dans son pays où les femmes ont plus de chances de réussite, où les écoles ne sont pas détruites et où son avenir n’est pas tracé. Azadah rêve de devenir elle aussi une Anja, une femme libre qui a la chance de pouvoir faire un métier qu’elle aime et surtout de pouvoir voyager. Elle rêve d’une vie à l’occidentale. Mais, malheureusement ce n’est pas possible, Anja doit quitter le pays. Elle prend un taxi et laisse derrière elle son sac à dos et une Azadah en larmes. Découvrant le trésor que son amie lui …

Ce qu’on a lu comme album ou roman jeunesse en février #Jelisunlivrequébécoisparmois

La lecture de roman ou d’album jeunesse est toujours un plaisir. Souvent, ça me permet de retourner en enfance et j’adore vivre ce sentiment de nostalgie. J’aime aussi retrouver ces auteur-e-s ou personnages qui ont été mes premiers amours. Cela me permet de prendre des petites pauses de mes lectures un peu plus sérieuses, quoique certains sujets abordés dans ces romans peuvent parfois créer plus d’émotions, que ce soit par nostalgie ou par l’ouverture d’anciennes blessures. Ma lecture du mois de février n’était pas très légère. Effectivement, j’ai enfin pris le temps de lire «L’enfant mascara» du talentueux Simon Boulerice (j’ai pu remarquer sur le groupe Facebook «Un livre québécois par mois» que ce roman semblait très populaire). Je ne vous cacherai pas que j’adore le travail de cet auteur. Je suis tombée sous le charme de tous ses romans ou albums jeunesse. Boulerice a une plume franche, qui par ses propos, nous fait réfléchir. Les sujets qu’il aborde dans ses histoires nous remettent souvent en question. Dans «L’enfant mascara», Boulerice nous raconte l’histoire de Larry …