Au cours du lancement des coffrets littéraires du Fil rouge, il y a avait un panel sur la littérature avec des auteures québécoises; lors de cette soirée, j’ai appris l’existence d’une auteure américaine, Sylvia Plath. Unanimement, cette auteure, plus précisément son roman The bell jar, La cloche de détresse en français, était un incontournable, en plus d’être un livre bouleversant, mais éblouissant.
C’est l’histoire d’Esther Greenwood, elle a dix-neuf ans et passe un séjour à New York, car elle a gagné un concours de poésie organisé parc un magazine populaire. Elle se retrouve donc dans cette grande ville toujours en action avec douze autres filles et participe à des soirées, des événements de mode, etc. Sous une toile de fond des années cinquante, Esther perd intérêt pour les activités préalablement organisées, pour s’inventer ses propres aventures à travers la ville agitée, des bonnes comme des moins bonnes. À son retour de New York, elle retrouve la petite ville de banlieue monotone où elle a grandi, il faut dire qu’Esther a toujours eu une vie mouvementée, étudiant au collège et gagnant des bourses, tout en ayant de bonnes notes. À son arrivée elle frappe un mur, où il n’y a plus toutes les choses auxquelles elle était habituée. Elle s’engage à écrire un livre, mais perd vite intérêt, au point même de lui créer une peur de ne plus jamais pouvoir écrire. On plonge donc dans un récit plus dramatique, où Esther va tenter de se suicider, mais une lueur d’espoir est toujours à l’horizon.
Pour celui qui se trouve sous la cloche de verre, vide et figé comme un bébé mort, le monde lui-même n’était qu’un mauvais rêve.
L’auteure portait bien ce qu’est la dépression, étant un récit d’inspiration autobiographique et considéré comme un roman à clef, Plath propage ses inquiétudes, ses troubles, ses peurs, ses envies à l’intérieur d’Esther, mais cette propagation ne s’arrête pas là, elle va jusqu’au lecteur qui n’a pas de mal à s’imaginer protagoniste de l’histoire. L’auteure décrit avec une telle sincérité et authenticité les sensations et émotions du personnage, qu’il semble évident qu’elles soient fondées. L’auteure est morte un mois après la publication anonyme de son roman pour ensuite, après sa mort, le publier sous son nom, ce roman englobe plus qu’une histoire, il réunit une histoire fictive et une histoire tout à fait réelle, et c’est ce qui blesse. Mais le livre est addictif, malgré l’atmosphère dans laquelle l’histoire nous enveloppe, le sujet n’est pas lourd, c’est même libérateur de le lire.
Le silence me déprimait. Ce n’était pas le silence du silence. C’était mon propre silence.
La prose de Plath est également incroyable, l’auteure manie habilement le vocabulaire qu’elle emploie et utilise des métaphores incroyablement justes dans leur contexte, on ne peut tout simplement pas imaginer ce livre écrit par quelqu’un d’autre. Personnellement, c’est probablement le meilleur livre que j’ai lu en 2016, et assurément dans mon top cinq à vie, rien de moins, ce livre est un chef d’œuvre.
À surveiller en 2017, l’actrice et réalisatrice Kirsten Dunst réalise une adaptation cinématographique du livre, avec Dakota Fanning dans le rôle d’Esther Greenwood. Dunst veut s’inspirer de l’ambiance dégagée par le film The virgin suicides, réalisé par Sofia Coppola, (également inspiré d’un roman) dont Dunst avait le rôle principal.
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