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Ouvrir son cœur : dans le monde d’une introvertie

Comme beaucoup de lecteurs, je me suis récemment laissé tenter par le dernier livre d’Alexie Morin, publié chez Le Quartanier, Ouvrir son cœur. Du haut de ses 366 pages, ce livre, je l’ai dévoré, un réel festin et, selon moi, il manquait un 100 pages supplémentaires. J’en aurais pris davantage. Les critiques sont unanimes autour de moi, ce livre est parfait. J’ai proposé à mon amie qui voulait le lire de le lui prêter. Elle m’a répondu qu’elle préférait l’acheter, car elle savait déjà qu’elle le relirait et s’y référerait souvent. Il va sans dire que mes attentes étaient assez hautes avant d’en commencer la lecture et elles ont rapidement été comblées. Plus que des sujets tabous Ouvrir son cœur, c’est l’histoire de l’autrice qui, dans un récit fragmenté, raconte divers souvenirs de sa vie, en allant de l’enfance à l’âge adulte, où la honte s’y loge. C’est une prise de parole de l’autrice face à des moments qui l’ont marquée, pas nécessairement de la bonne façon. La vie de la narratrice n’a pas été …

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L’effet Foenkinos

Cette année, j’ai découvert avec une joie de plus en plus enivrante que je pouvais enfin répondre à la fameuse – et si difficile – question : mais qui est donc mon auteur préféré? Chacun de ses livres me charme un peu plus, me rend encore plus en amour avec son œuvre et avec ses mots. L’écriture de David Foenkinos est d’une douceur et d’une justesse renversantes. Son dernier livre, Vers la beauté, ne fait pas exception. Des destins qui s’entremêlent Comme à leur habitude, les personnages de Foenkinos sont fascinants. Antoine Duris est l’homme prospère typique : un bon emploi, une relation stable qui fait des jaloux et une vie qui n’est pas loin d’être parfaite. Sa vie semble basculer quand Louise, sa copine, le laisse sans crier gare et qu’il décide de tout quitter pour devenir gardien au musée d’Orsay. Sa sœur, qui le connait comme le fond de sa poche, n’y croit pas une seconde et part à sa recherche. Camille est une jeune fille remplie d’ambition et de vie qui, du jour au …

La croisée des chemins incertains

Le temps des premières fois est un moment marquant de nos vies qui ne laisse personne indemne. C’est une période d’éveil, de concrétisation et de tangibilité du monde adulte. À mi-chemin entre la douce naïveté de notre enfance et la pleine conscience du beau et du laid caché dans les plus petits détours de l’être humain. Oui, l’adolescence est un combat parfois difficile. On nous empiffre d’excuses et d’encouragements, car si quiconque peut survivre au secondaire, il peut survivre au monde adulte. C’est, du moins, ce que les grands disent.
 
J’ai survécu à mon secondaire. J’en porte encore les cicatrices, mais je partage maintenant le discours que mes parents et que les adultes autour de moi m’ont transmis. Ce fut une aventure difficile certes, mais en m’accrochant aux petites parcelles de lumières dispersées par certains amis, par l’art, le sport et principalement par la lecture, j’ai forgé petit à petit la femme que je suis aujourd’hui. Car les livres m’ont permis de trouver réconfort quand rien ne semblait fixe et que la tempête n’était jamais …

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Narration, angoisse et pensées envahissantes

20Hélène Marin, la jeune fille du livre Philippe H. dans l’angle mort de Mylène Fortin, est anxieuse, dépressive et a peur de tout. Même prendre les médicaments pour soigner son trouble anxieux lui fait peur: « Pour comble, l’idée de prendre les médicaments qu’on venait de me prescrire pour lutter contre mon trouble anxieux m’effrayait à peu près autant que celle de ne pas les prendre » (p. 11). Personnalité confuse et paradoxale, Hélène a du mal à gérer son amour pour Philippe H, l’homme de ses rêves, qu’elle qualifie de parfait, mais qu’elle fuit pourtant, en Gaspésie. Entre l’ex-copine qui ressurgit et la difficulté suprême d’écrire son plan de cours d’enseignement, Hélène lutte férocement… contre elle-même. La narration du roman, entrecoupée de pensées, réflexions et discussions d’Hélène avec elle-même, à l’aide de différentes voix, avance au rythme de ce qui se passe dans sa tête. Et ça va vite! Et comme des bulles qui éclatent, comme des fermetures éclair qui bloquent, les pensées d’Hélène, qui dansent et virevoltent à une vitesse effarante, s’arrêtent parfois en rejouant …

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Les filles sont-elles folles?

Quand j’avais douze ans, j’ai arrêté de manger. Au secondaire, Léa prenait des antidépresseurs. Avant ça, mon amie Jessica voulait mourir. Quand les gens dans notre entourage n’allaient pas bien, on ne disait rien. On savait, mais on ne disait rien. On n’en parlait pas parce que c’était comme ça. Pas de mots, pas de maux, nous disions-nous, peut-être? Ou l’on se contentait de pointer du doigt, en murmurant en silence, pour éviter d’avoir à comprendre. J’ai longtemps pensé que parler feelings était un signe de faiblesse, le propre des personnes pas solides, pas endurcies. À force de côtoyer les gens, et la vie, je me suis rendue compte que c’est moi qui m’empêchais de régler des choses en refusant d’en parler. Qu’au fond, je faisais partie du problème si je préférais me complaire dans le jugement plutôt que d’essayer de comprendre. Me comprendre, moi, ou comprendre les autres. Les filles sont-elles folles? On connait bien Carolane et Josiane Stratis pour leur blogue Ton petit look. Après avoir écrit un premier livre avec leurs collaboratrices, elles ont …

Sous la cloche

Au cours du lancement des coffrets littéraires du Fil rouge, il y a avait un panel sur la littérature avec des auteures québécoises; lors de cette soirée, j’ai appris l’existence d’une auteure américaine, Sylvia Plath. Unanimement, cette auteure, plus précisément son roman The bell jar, La cloche de détresse en français, était un incontournable, en plus d’être un livre bouleversant, mais éblouissant. C’est l’histoire d’Esther Greenwood, elle a dix-neuf ans et passe un séjour à New York, car elle a gagné un concours de poésie organisé parc un magazine populaire. Elle se retrouve donc dans cette grande ville toujours en action avec douze autres filles et participe à des soirées, des événements de mode, etc. Sous une toile de fond des années cinquante, Esther perd intérêt pour les activités préalablement organisées, pour s’inventer ses propres aventures à travers la ville agitée, des bonnes comme des moins bonnes. À son retour de New York, elle retrouve la petite ville de banlieue monotone où elle a grandi, il faut dire qu’Esther a toujours eu une vie mouvementée, …

Donner un sens à sa vie, c’est le fil rouge du changement

Dans la continuité de mes récents articles sur les livres qui nous font du bien et les livres de psycho pop, ce mois-ci je vous propose de découvrir Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une de Raphaëlle Giordano. Ce livre de psycho catégorisé comme un roman se lit très rapidement voire trop dans mon cas, mais je vous suggère de prendre le temps de faire les quelques exercices qui y sont proposés. Je vous avertis, il n’est certainement pas un roman comme les autres ou comme les autres livres de psycho que j’ai lus à ce jour. Ta deuxième vie c’est l’histoire de Camille, une femme dans la trentaine pour qui rien ne va plus. Malheureuse dans son boulot qu’elle a l’impression d’avoir choisi uniquement pour faire plaisir à sa mère, dans sa vie familiale où elle se dispute constamment avec son fils, et dans son couple où elle a l’impression d’être devenu invisible. Un soir, alors qu’elle se retrouve dans une fâcheuse situation, elle tombe sur Claude, un homme qui …

Une fille pas si louche

Une fille louche, de Sylvianne Blanchette, est un recueil de textes tiré du blogue portant le même nom. Plusieurs billets y sont regroupés, sans ordre chronologique, dans le but de créer le magnifique et touchant roman qui s’est retrouvé entre mes mains, un après-midi, fin août. L’auteure a débuté ce journal virtuel à la suite d’une rupture amoureuse particulièrement éprouvante. Dans ce carnet, on la suit tout au long de la vingtaine, alors qu’elle tente de survivre au passage à l’âge adulte, à la dépression chronique, aux peines d’amour, aux relations qui vont et viennent, aux idées noires et aux paradoxes de la vie et de sa propre tête. Elle partage également des moments d’extase, de questionnements existentiels et de tendres banalités. À travers une écriture authentique parfois poétique, elle se livre avec une pointe d’humour et beaucoup d’émotions. Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas autant retrouvée dans les mots de quelqu’un d’autre. Peut-être est-ce là tout le pouvoir des écrits si personnels, de l’autocritique et de la mise en mots de ses propres …

Manger, prier, comprendre, sauver

-Mmmm… c’est… correct… a dit mon ex-chum-un-peu-trop-cinéphile à propos du film. -Ben non, arrête! C’est suuuper bon! ai-je répondu, tenant à défendre le film que j’avais regardé au moins dix fois. Ou du moins, le livre, lui, est super bon! Je te jure. Il faudrait que tu le lises, tu verrais. Ce qu’il n’a pas fait, mais ça c’est une autre histoire. C’est vrai que l’adaptation au cinéma du livre Mange, Prie, Aime de l’auteure américaine Elisabeth Gilbert n’a pas eu que des éloges. Film de filles un peu « cul-cul », manque de profondeur, etc. Mais si le film est passé à côté de certaines choses, le livre reste, selon moi, complet et puissant. Je ne vous parlerai donc pas plus longtemps du film, mais bien de la façon dont le livre qui l’a inspiré m’a plu, c’est-à-dire énormément. Au début du livre, on pourrait croire que Liz a tout ce qui pourrait la rendre heureuse dans la vie. Elle a un mari, une maison, une carrière prometteuse, mais malgré tout, elle est rongée par l’angoisse et le doute. À …