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À la conquête de l’Ouest!

Je n’ai jamais eu d’intérêt particulier pour les cow-boys – en dehors de l’idée fantasmatique d’avoir un cheval! – et la connaissance que j’ai du genre western se limite aux films de Lucky Luke et les Dalton écoutés à Ciné-Cadeau lorsque j’étais petite. Mais malgré mon lamentable manque de savoir en la matière, je dois dire que j’ai lu Les frères Sisters, de Patrick deWitt, plus vite que mon ombre! Dans les règles de l’art Ce roman satisfait à toutes les attentes que l’on peut avoir envers un western. On y trouve tous les clichés du genre: des duels de saloon aux grandes chevauchées vers le couchant, en passant par la ruée vers l’or et les Indiens. Le long périple d’Eli et de Charlie Sisters, tueurs à gage de renom, à travers les plaines et les montagnes de l’Ouest américain est agrémenté d’effusions de sang bien dosées et de rebondissements aux limites de l’absurdité, mais leur aventure est avant tout une forme de thérapie familiale peu orthodoxe! Ce qui fait le charme de ce roman, …

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Annihilation : l’hybridation symbiotique du roman et de l’écran

Comme bien d’autres avant moi, je suis entrée dans le merveilleux monde de la littérature par la grande porte du roman à suspense. Adolescente, je passais mes nuits agrippée comme si ma vie en dépendait aux pages d’un Frissons, incapable de m’arrêter de lire et encore moins de trouver le sommeil, tant et aussi longtemps que je ne connaissais pas le fin mot de l’histoire. J’adore être prise en otage par une bonne intrigue! S’il arrive parfois que les récits de ce type manquent d’originalité, heureusement, des romans comme Annihilation de Jeff VanderMeer existent pour sauver la réputation du genre. Avant d’avoir lu le livre, le film, tu ne visionneras point Attirée par sa couverture aux couleurs contrastantes et sa quatrième de couverture intrigante, j’avais acheté Annihilation sans trop savoir à quoi m’attendre. Il dormait dans ma pile à lire depuis un bon moment déjà quand j’ai vu qu’une adaptation avait été produite. L’envie de voir le film m’a donné envie de lire le livre : hors de question de commettre l’odieux sacrilège de procéder …

Cry, baby, cry

Ces routes qui nous font perdre le nord et qui nous obligent à foncer. Celles qui ne figurent sur aucune carte et aucun itinéraire, celles qui s’inventent dans nos têtes et se matérialisent au fil des kilomètres. Ce sont ces chemins-là qui nous définissent entièrement et qui nous révèlent à notre vraie nature. Bien qu’ils soient le fruit du hasard ou de la malchance, la plupart du temps ce sont ceux qu’on rencontre à la croisée des âges. Ce sont les routes non définies qui finissent par tracer un nouveau sens à notre vie, elles font de nous les propres clandestins de notre histoire. J’admire les auteurs qui s’offrent la chance de recréer un second souffle à une œuvre et qui trouvent le courage de transposer leur propre vie dans celle imaginée par d’autres. Ce fût le cas du bouleversant Ma vie Rouge Kubrick de Simon Roy (comparaison inévitable, mille excuses) paru il y a quelques années. Mélanger réalité, fiction et enjeux sociaux relève du génie et j’éprouve énormément de respect pour quiconque tentant cette expérience …

Le bruit des vagues

Je l’avoue, je suis éprise des histoires d’amour. Elles me fascinent par leur complexité, mais aussi par leur temporalité. Qu’elles soient destructrices ou émancipatrices, ces histoires occupent la plupart de nos pensées et nous font évoluer en tant qu’êtres humains, à une vitesse incroyable. Ces histoires nous brisent, nous forgent et nous rendent plus fort. Les épopées amoureuses sont omniprésentes dans la littérature. De Musset à Anna Gavalda, elles ont façonné les classiques d’hier et ceux d’aujourd’hui. Si les récits romanesques peuvent sembler, à bien des égards, porteurs de légèreté et d’insouciance, il n’en demeure pas moins que certains personnages trouvent en l’amour une manière de déjouer les préjugés et de dénoncer la société dans laquelle ils évoluent. C’est le cas précis de l’auteur anglais Ian McEwan. Ses œuvres s’articulant autour de l’amour, de la dérision et du mensonge, on est happé par ses romans psychologiques et sa plume unique. D’Amsterdam à Expiation, on lui doit une quinzaine de romans et plus de 15 millions de livres vendus à travers le monde. Parmi les œuvres …

La tendreté de l’enfance, du livre à l’écran

Les adaptations cinématographiques d’œuvres littéraires nous rendent tous sceptiques. Le pari est souvent élevé, et si le film ne devient pas rapidement numéro un, on le classe dans la catégorie indéfiniment longue des mauvaises adaptations, car ce qui fait un bon livre ne signifie pas toujours un bon résultat sur nos écrans. Il suffit de penser à The Girl on the Train ou à la populaire série Divergent. Mais parfois, notre scepticisme étant si élevé, les surprises jaillissent de certaines œuvres qu’on croirait impossible d’adapter; que ce soit The Lord of the Rings ou plus récemment le magnifique IT. Pour ma part, je suis une très grande admiratrice de ce procédé. Il y a quelque chose de fascinant de permettre une seconde vie à ces personnages. Ce sont des œuvres qui prennent des risques extrêmes et qui sont dotées d’une telle qualité littéraire qu’on ne peut s’imaginer de les laisser dans notre bibliothèque. Et la plupart du temps, si le film est un échec, l’œuvre, elle, persiste. Et vice versa. Dernièrement, j’ai eu la chance de …

Making-of Claire Legendre Hamac

Autour du roman Making-of avec Claire Legendre

Nous sommes à Nice en 1998. Claire Legendre, dix-neuf ans, vit le rêve de tout.e jeune écrivain.e lorsque son roman Making-of, fraîchement publié, devient un succès. Dix-neuf ans plus tard (rapport de symétrie?), l’auteure, qui réside aujourd’hui à Montréal et y enseigne la création littéraire (UdeM), s’est replongée dans cette première publication. Depuis, elle a publié une dizaine de textes, dont Viande (1999), La méthode Stanislavski (2006), L’écorchée vive (2009), Vérité et amour (2013) et Le nénuphar et l’araignée (2015). Sous-titré « roman noir », Making-of suit les traces du jeune journaliste français Bastien Salamandre dont le mandat est d’interviewer l’obscur cinéaste Caïn Shoeshine, qui semble s’adonner à des pratiques artistiques plus ou moins rassurantes… « Peut-on faire semblant de tuer? » lance la quatrième de couverture. S’il se présente comme un roman « d’images » (Legendre, 2009) et d’ambiances, le livre remet en doute la validité de l’image en exposant la fabrique des performances. Petite incursion dans les coulisses de Making-of par l’entremise de quelques questions adressées à Claire Legendre.    À mes yeux, Making-of pose un regard assez développé sur la …

L’épopée de la nostalgie

Être amoureuse des livres, c’est aussi voir s’accumuler les œuvres de tous genres dans sa bibliothèque. Si bien que lorsqu’on prend le temps de s’arrêter, nous réalisons que sur les dizaines, centaines de livres présents, le trois quart est relié à un souvenir quelconque, à une découverte, un travail d’école, ou même, à un cadeau. Ce qui nous amène au quart… Ces livres cachés parmi tant d’autres, reçus en cadeau ou achetés sans le désir ardent d’une lecture immédiate, qui sont synonymes du fameux : << je le lirai plus tard >>. Mais prenons-nous vraiment le temps ? Si bien qu’un deux ans plus tard, on éprouve un certain malaise à l’idée d’être un traître, de l’exhiber ainsi sous nos yeux sans avoir réellement porté notre regard sur lui. 

Ainsi, je me suis donné le défi de lire ces livres. Peut être simpliste pour certains, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’un grand défi pour moi, puisqu’entre les services de presse, les cadeaux de Noël et de fête, cette minorité se transforme tranquillement en majorité et me …

Passer du livre à l’écran, une bonne idée ?

Avec la sortie du dernier livre de la saga Harry Potter, plusieurs fans se sont lancés dans un marathon télévisé de l’intégralité des films et d’autres se sont plutôt tournés vers une relecture de la version originale romancée. Cette fureur médiatique m’a permis de réfléchir sur les fameuses adaptations cinématographiques. Dans certains cas, elles sont plus que réussies et fidèles à la réalité et dans d’autres, elles sèment l’émoi et sortent les lecteurs de leurs gonds. Mais pourquoi exigeons-nous, en tant que lecteurs, une si grande précision de la part du réalisateur ? Des interprétations divergentes  Le livre est un objet complexe. L’action de lire nécessite une importante activité cérébrale. Des pages et des mots sont sous nos yeux, il en revient à nous seul d’en déchiffrer le sens. Les images, les sensations et les personnages, nous les créons, nous les imaginons. L’auteur nous offre une description, certes, mais le résultat final en revient toujours au lecteur et varie considérablement selon un amalgame de facteurs : la compréhension du lecteur, ses origines, ses croyances, son bagage …

Les mots seront toujours amplement suffisants

Je suis de celles qui préfèrent les mots. Malgré l’émergence des médiums promouvant l’image, je suis de celles qui croient en l’invisibilité, en la puissance de ce qui est seulement écrit, dit et parfois, tu. À mes yeux, les mots seront toujours amplement suffisants et le visuel, jamais à la hauteur. Le livre ne mourra pas tant que moi je vivrai. Vous ne pouvez pas rivaliser avec le pouvoir de mon imagination et la justesse d’une plume. C’est la première raison pour laquelle j’ai eu peur lorsqu’il a été annoncé qu’un film serait fait sur l’écrivaine Nelly Arcan. Rappelez-vous, je vous avais fait part de mes impressions sur le Fil Rouge il y a quelques mois juste ici. En cet après-midi, plongée dans l’obscurité presque totale d’une salle de cinéma, mes doutes et mes inquiétudes se sont confirmés. Le long métrage Nelly n’avait pas raison d’être. Les meilleures séquences de l’oeuvre cinématographique demeurent les moments où Mylène Mackay lit des passages des écrits de la défunte auteure. Car les mots seront toujours amplement suffisants. Je …

L’ambiguïté de Nelly

Lire Nelly Arcan, ça fait mal. Je ne peux fermer l’une de ses œuvres sans ressentir une crampe douloureuse au niveau de l’endroit qui produit pourtant si souvent des papillons frémissants. C’est que l’auteure pointe tout le monde du doigt. Elle frappe dans la mêlée, et ce sans épargner qui que ce soit. Elle atteint le père. Elle blesse profondément la mère. Elle traîne le masculin dans la boue. Or, c’est le féminin qu’elle tue. La question de la femme traverse l’œuvre d’Arcan. La lecture de son travail d’écriture implique une exploration de fond en comble du sexe mystérieux. C’est un voyage initiatique sur les terres inconnues du doute, de l’ambiguïté et de la dualité. Dans sa quête de réponse, la recherche d’un idéal physique est centrale et c’est la raison pour laquelle le regard occupe une place si importante dans la création de l’écrivaine. D’ailleurs, les ouvrages de l’auteure se prêtent tout naturellement à l’étude de la psychanalyse. Or, je souhaite me tenir le plus loin possible de mon domaine de prédilection dans le …