Month: juin 2015

« What I eat in a day» ou construction d’une identité alimentaire sur Youtube et Instagram

« Dis-moi ce que tu manges, je te dirais qui tu es » comme on dit. Cela n’aura jamais été plus vrai qu’avec les vidéos intitulés « What I eat today », qui envahissent littéralement le web à l’heure actuelle. Regardons ces festins de plus près… Je ne suis certainement pas la seule à avoir remarqué la prolifération et la popularité grandissante de ces vidéos « What I eat in a day » (ou « What I ate today» ou « What I eat Wednesday », appelez-les comme vous le voulez) sur Youtube ou encore des séries de photos alimentaires sur Instagram. Remarque, peut-être que c’est juste moi aussi qui se tient trop sur ces sites-là. Quoi qu’il en soit, le concept est très simple, voire trivial : la personne filme ou photographie tout ce qu’elle mange en une journée, souvent en commentant ses repas (ou même en les cuisinant devant la caméra) et en intégrant (ou non) les recettes qu’elle prépare et mangera (eh oui, aussi parfois devant la caméra). À quoi ça rime tout …

Ma première expérience au Camp littéraire Félix

Je ne sais pas si c’est la vie ou si c’est le hasard, mais j’ai l’impression que je ne vais jamais me rendre à destination, à la limite en peut-être plusieurs morceaux, mais incomplète. D’abord, j’oublie mon fil de portable à la maison (alors que j’ai pris deux jours pour faire mes bagages, liste à l’appui, pour m’assurer de ne rien oublier), puis j’oublie ma veste à Gaspé, où j’ai dormi la veille pour partir tôt le lendemain matin et en chemin, on arrête à la Fromagerie des Basques, un incontournable, et le conducteur oublie la clef de voiture dans la voiture. Ça en devient hilarant. 23 mai journée de l’oubli!  * Ma vertigineuse aventure ne fait que commencer. J’arrive à l’Auberge du Faubourg, située à Saint-Jean-Port-Joli dans la région de Chaudière-Appalaches, une journée avant tout le monde, pour m’assurer d’être là à temps. Ce n’est pas par manque de confiance, mais bien parce que je n’ai pas de voiture et qu’Orléans Express a considérablement diminué ses arrêts. J’ai alors sauté sur la première occasion …

Conversation sur la dictature du bonheur

Quand Martine et moi avons entendu parler de la sortie imminente de La dictature du bonheur de Marie-Claude Élie-Morin, il était évident que nous allions toutes les deux le lire. Puisqu’on a toutes deux apprécié notre lecture et que nous avons beaucoup à dire sur le sujet, nous avons décidé de construire une réflexion sous forme de discussion autour de l’oeuvre, du bonheur et de la psychopop. “ L’industrie des coachs de vie, du développement personnel et du self-help est plus florissante que jamais. Le bonheur est devenu un impératif, au même titre que la minceur et le succès professionnel. Santé physique, équilibre mental, vie de couple, finances : on met constamment en avant la nécessité d’avoir toujours une attitude volontaire et « positive », parfois au mépris de la réalité. Marie-Claude Élie-Morin l’a réalisé de la manière la plus intime qui soit au décès de son père. Dans ce livre, elle expose avec humour et discernement les vicissitudes d’une manière de penser qui fait que beaucoup de gens en arrivent à se blâmer d’être …

Une entrevue zéro déchet avec Charlotte de Sortir les poubelles

En janvier, j’ai découvert le blogue québécois Sortir les poubelles et j’ai tout de suite accroché. Je connaissais déjà Lauren Signer de Trash if for tossers et Bea Johnson de Zero waste home, mais Sortir les poubelles est le premier blogue québécois zéro déchet sur lequel je suis tombée. J’ai tellement aimé ce blogue super informatif et  intéressant que j’ai voulu en savoir plus sur le processus zéro déchet de sa créatrice, Charlotte. J’ai pris mon courage à deux mains et je lui ai écrit pour savoir si elle était intéressée à répondre à mes questions. Après un oui de sa part (yééé) et quelques mails, voici donc ce qui est ressorti de notre conversation sur son mode de vie zéro déchet. Premièrement, qu’est-ce qui t’a poussée à faire ce changement ? Est-ce qu’il y a eu un moment décisif qui a fait que tu es passée à «l’action»? «Cela faisait longtemps que je cherchais un moyen concret de réduire mon empreinte écologique. Éventuellement, le zéro déchet s’est imposé comme une évidence : aucun animal dans la nature ne …

No et moi

Ça faisait plusieurs années que le roman de Delphine de Vigan, «No et moi», prenait la poussière dans ma bibliothèque. Il faut dire que ce n’est malheureusement pas le seul dans ce cas… Et c’est dans le cadre de mon Groupe de lecture que j’ai enfin pris le temps de le lire. Nous avons fait la rencontre de Lou, une jeune adolescente de 14 ans. Et il se trouve qu’elle est une élève surdouée, c’est pourquoi elle a sauté deux années. Dans son cours d’économie elle doit faire un exposé oral et le sujet qu’elle choisit est les jeunes femmes sans domicile fixe (SDF, ou comme on dit au Québec, des itinérants). C’est alors qu’elle fait la rencontre de No. No est une jeune femme SDF. On s’en doute, elle n’a pas eu la vie facile. Lou, qui est plutôt renfermée, ne discute jamais de ses sentiments. Lou a également un lourd passé, mais a toujours une famille pour la soutenir. C’est alors qu’elle tente de sauver No en l’accueillant chez elle. En fait, c’est plutôt …

Destinations littéraires estivales

L’appel des vacances se fait sentir et certaines d’entre nous sont même soit déjà parties (allô Marjo, allô Alexandra!) ou sur le point de le faire (allô Martine!). Je vous ai concocté une petite liste de destinations littéraires: il y en a pour tous les goûts et tous les budgets! Une escapade à Mount Desert Island, Maine, États-Unis Marguerite Yourcenar y a écrit une bonne partie de ses Mémoires d’Hadrien. La maison, qu’elle et sa compagne Grace Frick avaient achetée à l’époque, s’appelle « Petite Plaisance ». Et vous pouvez maintenant la visiter! En plus, le Maine est (paraît-il, je pourrai vous le confirmer au mois d’août!) une région très belle et super agréable pour prendre des vacances. Un voyage entre amies à San Francisco, Californie, États-Unis Partez sur les traces de Jack Kerouac et de ses acolytes de l’époque! Ville phare de la beat generation, San Francisco saura charmer la hippie en vous. Ses maisons pastel et sa culture culinaire gagneront votre cœur! Arrêt obligatoire à la librairie City Lights Bookstore, célèbre pour la …

Lire pour écrire : Top 12 des livres portant sur l’écriture

Il n’existe pas de recette pour écrire. Pas de remède miracle. Ni de liste d’étapes pré-construite. Les livres que je vous présente aujourd’hui ne sont donc pas du tout du type «mode d’emploi» et exploitent, chacun à leurs manières, une vision bien différente de l’écriture. Que ce soit pour suivre à la lettre ou juste pour vous inspirer sur le moment, je vous les conseille tous fortement.   Still writing – Dani Shapiro (Grove Press, 2013) Dani Shapiro est l’auteure de quelques romans et de deux essais sur sa vie. Le livre Still writing porte sur son expérience personnelle avec l’écriture sous trois temps différents : au tout début, au milieu et à la fin. Elle aborde aussi le moment de l’écriture et de l’édition avec une certaine nonchalance qui fait beaucoup de bien à lire si écrire ressemble plutôt à une épreuve pour nous. C’est mon coup de coeur de la liste. Bird by bird – Anne Lamott (Anchor Books, 1994) Probablement un des livres sur l’écriture les plus connus et les plus lus depuis sa publication, Bird by bird s’est trouvé …

Le processus créatif et l’habitude

**Caroline à récemment fait une superbe critique du livre de David Usher, Laissez courir les éléphants.  Tout comme elle, j’ai vraiment apprécié ma lecture et j’ai donc aussi décidé d’aborder le sujet, sans pour autant faire la critique du livre. ** Lorsqu’on pense aux artistes et aux créateurs, c’est souvent l’image d’une personne consumée par son art, qui s’y met quand l’inspiration lui prend et qui projette cette image du bohème désordonné qu’on aspire toujours un peu à être. Par contre, si on s’arrête deux secondes à bien y penser, c’est une manière assez réductrice de décrire ce que font les artistes, les créateurs et même une large partie de la société qui s’attarde à construire, déconstruire, apprendre, inventer, créer. On aime idéaliser l’artiste parce que c’est bien plus beau de se dire que l’inspiration est la clé de tout et que le talent est un état fixe, mais si on s’arrête à penser à un projet créatif ou à une discipline qui nous intéresse mais qu’on a jamais réussi à pousser plus loin, on voit que …

Archie et sa bande ou comment j’ai commencé à aimer lire!

La fin de semaine dernière, je suis allée vider mon ancienne chambre d’adolescente chez ma mère. Il faut dire qu’elle était restée telle quelle depuis mon départ en 2008, alors disons simplement qu’il était plus que temps que je m’en occupe. Nostalgie était au rendez-vous, je vous le garantie. Je suis retombée sur de vrais petits trésors, des lettres d’amour d’anciens amoureux (on s’écrivait des lettres pas des textos dans ce temps-là, haha je me sens vieille!), des lettres avec de nombreux crayons gels écrites par mes « bests » et des techniques de pliages toutes plus inventives les unes que les autres (non mais comment on faisait ça?), un document sur ma vision de l’an 2000 (hahaha, beaucoup trop futuriste mon affaire!) et finalement ma grosse collection de BD d’Archie et sa bande. Mon histoire d’amour avec la lecture remonte à très loin. D’ailleurs, du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé les histoires qu’on me racontait au lit avant de sombrer au pays des rêves, ce qui explique pourquoi encore aujourd’hui je lis …

Cultiver son monde

Je me souviens encore de ce moment, parce que je me le remémore de temps en temps depuis une dizaine d’années. J’étais à la fin de mon secondaire, dans un camp de vacances avec les autres finissants, et mon groupe était assis dans un grand chalet pour passer une soirée tranquille à faire le point sur les cinq années scolaires qui allaient bientôt se terminer. À un certain moment, les enseignants avaient décidé que nous allions tous, à tour de rôle, venir nous asseoir au centre du groupe pour que les autres puissent nous faire part de ce qu’ils avaient aimé de nous et des moments passés en notre compagnie. Lorsque mon tour était arrivé, la plupart de ceux qui s’étaient exprimés avec une certaine profondeur étaient mes ami(e)s les plus proches, alors que les autres se contentaient de quelques mots gentils ; cependant, le témoignage m’ayant le plus marqué venait d’une fille qui ne faisait pas partie de mon cercle d’amis, mais que j’aimais bien malgré tout: « Raph, tu vis dans ton monde, mais …