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Les chars meurent aussi de Marie-Renée Lavoie ou l’importance de revenir à l’essentiel

Laurie est habitée par un double malaise. Celle qui vit avec ses parents dans un petit quatre et demi à Québec a honte de leur vie modeste, de leur travail, l’un garagiste et l’autre surveillante à la guérite d’un stationnement d’hôpital, mais elle éprouve aussi une gêne devant tant de déshonneur envers ces êtres bienveillants qui ne désirent que son bonheur et une vie meilleure pour leur enfant: « Je venais tout juste de découvrir, en le formulant pour la toute première fois de ma vie, que je ne voulais pas ça, que je ne voulais pas finir là. […] Que mon idée de ce qu’était un vrai travail ne s’était jamais accordée à cette prison mal payée. Que j’avais établi, à mon insu, une hiérarchie sociale qui plaçait ma mère tout au fond. Que j’avais peur de ce fond comme d’une maladie honteuse. Et que j’avais confusément honte de ma peur. » (p. 51) Un désir de dépassement Laurie se met souvent à rêver, s’imagine ce que serait la vie dans d’autres circonstances que …

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L’étrange odeur du safran; les mille-et-un détours

Une couverture presqu’entièrement noire, un bouquet de safran qui sèche sur celle-ci et un titre qui intrigue, L’étrange odeur du safran, de Miléna Babin, est sans aucun doute un ouvrage qui capte le regard lorsqu’on l’aperçoit en librairie. Il en va de même lors de sa lecture, alors qu’on se retrouve plongé au cœur d’une histoire qui bifurque, qui tournoie, qui nous amène à rencontrer, à survoler les personnages qui feront vivre le récit. Car les personnages et les histoires sont légions dans l’ouvrage de Babin. Désirant s’enfuir de son oncle et de son frère, Nil, une jeune femme à la moralité douteuse débarque au Bic au volant d’une camionnette miteuse et avec pour compagnon, un renard du nom de Lavande. Elle vient rapidement troubler la vie d’un restaurateur séropositif avec ses façons originales de gérer les choses, mais aussi puisque les membres de sa famille qu’elle tentait de fuir sont maintenant à ses trousses. Jacob, le restaurateur, lui, ne souhaite qu’une chose: voler la totalité de la culture de safran, l’épice la plus couteuse …

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Encabanée ou retrouver un sens à sa vie dans les bois

Parfois, juste avec le titre et un paragraphe de résumé, je me fais de grandes idées sur un roman. Il me le faut tout de suite. Je me dis qu’il a été écrit juste pour moi. Qu’il va me révolutionner ! En quelques secondes, j’ai construit dans ma tête toute l’histoire d’amour que je vivrai avec ce livre et il me le faut tout de suite. Quand les éditions XYZ ont annoncé la sortie du livre Encabanée de Gabrielle Filteau-Chiba sur leur page Facebook, j’ai tout de suite été interpellée. On aurait dit que j’attendais ce roman depuis des mois, alors que je n’avais pourtant aucune idée de qui était l’autrice (c’est sa première parution). Gabrielle Filteau-Chiba y raconte l’histoire d’Anouk, qui a décidé de quitter sa vie montréalaise et professionnelle pour s’installer, seule, dans une minuscule cabane au Kamouraska. Le récit est inspiré de son propre fait vécu et est présenté comme un petit journal de bord. Elle y relate précisément quelques jours en janvier ou le mercure a chuté drastiquement, qu’il n’y avait plus …

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Matricide de Katherine Raymond : la relation mère-fille au-delà du deuil

Les relations mère-fille représentent un sujet foisonnant dans la littérature, qu’on pense à Borderline de Marie-Sissi Labrèche, à Une femme d’Annie Ernaux, ou à des pièces de théâtre comme Tout comme elle de Louise Dupré.  Avec Matricide, Katherine Raymond s’inscrit dans la lignée de ces autrices qui ont abordé ce sujet avec brio.

Les choses immuables : ces relations qui sont faites pour durer

J’ai commencé à lire Les choses immuables d’Éléonore Létourneau durant une période charnière de ma petite existence. Le genre de période où plus rien n’a vraiment de sens, où tout semble s’éclipser dans le néant des questionnements, dans le je-sais-pus-où-ma-vie-s’en-va. Le poids des choix que je devais prendre – que je m’efforçais de prendre – me semblait trop lourd à porter, pour l’instant. Il fallait choisir, mais je trouvais difficile de laisser tomber des rêves pour d’autres, de favoriser une voie plus qu’une autre. Trop difficile. Je n’y arrivais pas. Je voulais tout. Et ne rien concéder. C’est à ce moment que les mots d’Éléonore Létourneau sont arrivés dans ma vie. Juste à point. À cet instant précis où tout s’effondrait, où j’en avais le plus besoin. Je me suis retrouvée, avec justesse, à travers chacune des remises en question des personnages de Louis, Hélène, Virginie et Mathieu, qui à l’orée de la quarantaine ne savent plus s’ils ont bien fait de s’enfoncer dans la banalité de la routine. Les jours se ressemblent sans aucune surprise. Les …

L’amour en sourdine dans la toundra

Le roman La nuit sur les ondes (titre original : Late Nights on Air) d’Elizabeth Hay aura toujours une place privilégiée dans mon cœur. Je l’ai lu en anglais quelques années après sa parution en 2007 et je l’ai relu récemment pour retrouver les personnages qui ont tellement envahi mon imaginaire au Cégep. Traduit par Hélène Rioux aux éditions XYZ, il est maintenant offert en français. Aux Territoires du Nord-Ouest, dans les années 1970, une communauté de personnages se lie d’amitié, d’amour ou d’animosité. Ils se connaissent et font partie de la même communauté parce qu’ils travaillent tous à la station de Radio-Canada de Yellowknife. Dido Paris, mystérieuse femme fatale, annonce les nouvelles de sa voix sexy et accentuée par sa langue maternelle, le néerlandais; Harry Boyd, DJ qui a déjà été célèbre, anime maintenant les ondes la nuit au bout du monde; et Gwen Symon a conduit d’Ottawa à Yellowknife juste pour réclamer un poste à la station. Ces trois personnages (et les autres que je n’ai pas pris le temps de décrire) forment la …

Le saint patron des backpackers

Comme beaucoup de jeunes en quête d’identité, Jérôme, 19 ans, décide de prendre une année sabbatique pour aller visiter l’Europe. Il part donc seul, avec en tête une idée bien précise : ne pas revenir au Québec puceau. Entremêlée de rencontres sordides, de bières et de voyages, cette année sera pour Jérôme une coupure froide et net avec sa petite vie de région. Malgré la nostalgie d’un amour déchu resté au Québec, il vivra au cours de ces mois une fascination intense pour Dania, une employée de l’auberge de jeunesse dans lequel il est resté plusieurs semaines. Est-ce que j’ai aimé ou pas ? J’ai de la difficulté à le dire clairement. En soi, l’idée me plaisait beaucoup. J’aime toujours les romans introspectifs et lorsqu’on parle de voyage et de retour vers soi, je suis presque toujours charmée. Dans ce cas-ci, je n’ai pas tant réussi à m’attacher à Jérôme. Dans le sens que oui, je comprenais son envie folle de rencontrer une fille et sa maladresse « trop gentille » qui l’en empêchait. En même temps, de …

La tempête, de Gabriel Anctil vu par l’équipe du fil rouge

Cette lecture du mois de mars du défi En 2015, je lis un livre québécois par mois a été, en mon sens, la moins satisfaisante. Après avoir gouté à des univers féminins colorés et farfelus avec Catherine de La déesse des mouches à feu et Javotte, j’ai vite été déçue en tournant les pages de La tempête. D’emblée, l’idée d’un huis clos familial causé par le verglas m’avait charmée. Je ne sais pas si c’est parce que j’étais petite quand c’est arrivé, mais j’en garde un souvenir romancé. Plusieurs membres de ma famille étaient venus habiter chez moi, car ma maison était branchée sur la même ligne que les pompiers, alors on avait encore de l’électricité. Je me souviens d’avoir dormi dans le salon avec mes cousines et mon frère et qu’il y avait des matantes-mononcles partout chez moi. Contrairement à Jean, le personnage principal du roman, j’étais fort heureuse de tout ce brouhaha dans ma maison. Or, quand j’ai appris que l’histoire se passerait lors du verglas, j’étais heureuse d’avoir un point de vue plus …

Un duplex, Paris et de vieilles amies

Ce premier roman de la cinéastre Éléonore Létourneau raconte l’histoire de deux amies: Marie et Véronique. Ayant été à une époque extrêmement proches, elles ont décidé d’acheter un duplex ensemble. Toutes les deux célibataires, rêveuses, ambitieuses et cinéastes, elles rêvaient de faire des films pour changer le monde. Véronique et Marie, ce sont les amies qui rêvassaient et qui rêvaient… S’ensuit des chums, des contrats, des projets qui ne déboulent pas et un silence tranquille qui s’installe entre les deux amies, dans le duplex. Le roman met l’accent sur Véronique principalement. Écrit au Je, on entre entièrement dans les pensées et les tourments de Véronique. Cette dernière se trouve à devenir de plus en plus déprimée et maussade à tous les niveaux de sa vie. La réalité la mène à comprendre que ses vieux rêves ne se réaliseront pas. Son scénario tant de fois travaillé et retravaillé ne sera jamais un film. Elle avance dans une vie qui n’est pas la sienne, dans une ville qui la déçoit, dans un Montréal après le printemps érable. J’ai adoré …

« La tempête » de Gabriel Anctil : lecture de mars du défi littéraire

Après avoir lu La déesse des mouches à feu de Geneviève Pettersen et Javotte de Simon Boulerice, nous sommes déjà rendus au mois de mars. Voilà pourquoi nous avons effectué un sondage pour savoir quelle sera notre lecture de mars. Les résultats ont été assez serrés, mais nous lirons La tempête de Gabriel Anctil ce mois-ci! Bonne lecture! Et n’hésitez pas à venir nous dire ce que vous en pensez sur le groupe Facebook! Pour vous joindre à l’événement En 2015, je lis un livre québécois par mois, cliquez ici. Pour vous joindre au groupe Facebook Un livre québécois par mois, cliquez ici. Le 5 janvier 1998, une tempête de pluie verglaçante s’abat sur le Québec. En l’espace de quelques heures, des millions de personnes seront privées d’électricité. Jean, quatorze ans, et ses parents, Marie et Louis, sont de ceux-là. Ils trouveront refuge chez la grand-mère de Jean dans le quartier Outremont, à Montréal, où habitent également son oncle Arthur et sa femme Manon. Ce qui aurait pu être une occasion de resserrer les liens familiaux …