Month: novembre 2015

Pourquoi Rogue est devenu mon personnage favori

J’ai toujours aimé les méchants. Du plus loin que je me souvienne, Barbe Bleue a été mon premier amour du côté obscur. C’est probablement troublant qu’une jeune fille de six ans soit intriguée à ce point par un protagoniste tueur de femmes, mais je ne pouvais m’empêcher de vouloir le comprendre. Je relisais donc sans cesse cette histoire, qui pourtant, me troublait au plus haut point. C’est que l’inquiétant pique la curiosité et que le manteau de mystère qu’il revête fièrement me charmait tout en animant violemment mon imagination. En vieillissant, je n’ai pas trop changé. Aujourd’hui, j’apprécie toujours les méchants, peut-être même davantage puisque je suis en mesure de mieux les saisir. J’ai eu pitié de Darth Vader et de Drago Malefoy qui se sont avérés des victimes. J’ai adoré détester Dolores Ombrage, Bellatrix Lestrange et le comte Olaf. Parce qu’ils sont pleins de vie, mais pleins de mort à la fois. Fragmentés par milliers, bouillonnant de rage et de haine, ce sont des êtres divisés qui représentent bien la rupture qui subsiste en …

Autour des livres : Rencontre avec Raphaëlle, collaboratrice chez Le fil rouge

Connaissez-vous le questionnaire de Proust ? Il s’agit de questions posées par l’auteur Marcel Proust, principalement connu pour sa majestueuse oeuvre À la recherche du temps perdu. Celles-ci permettent de mieux comprendre ou connaitre quelqu’un. Dans ce questionnaire, on y trouve des questions telles que La fleur que j’aime ou Mes héroïnes préférées dans la fiction. L’animateur littéraire Bernard Pivot s’est inspiré de ce questionnaire pour créer le sien, qu’il faisait passer à ses invités à son émission Bouillons de culture. C’est ainsi que m’est venue l’idée de créer un questionnaire Le fil rouge où on pourrait en apprendre davantage sur une personne, et ce, au sujet de ses habitudes de lecture, de création, d’organisations et au niveau de ses préférences littéraires. 1. Quel est ton premier souvenir en lien avec la lecture? Je sais que mes parents avaient l’habitude de me lire des histoires à chaque soir avant d’aller dormir, mais j’en ai la connaissance (vidéos et photos à l’appui) plutôt que le souvenir authentique ; le premier « vrai » souvenir tangible qui me vient …

Femmes au temps des carnassiers

Femmes au temps des carnassiers raconte l’histoire de plusieurs femmes qui, toutes à leur manière, vivent avec les conséquences quotidiennes du règne de François Duvalier à Haïti des années 1957 à 1971.  Le roman débute dans la cuisine de Mika, une grande journaliste qui est affaiblie d’une peur incontrôlable et sauvage de ce qui se passe dans son pays. Toutefois, elle n’arrête pas d’écrire des articles dénonciateurs. Cette première voix du récit nous entrainera dans les déboires d’une société habitée par la peur. Au fil des pages, on y découvrira des femmes résistantes, fortes et incommensurablement inspirantes.  « Cet ouvrage, simplement pour dire qu’une histoire tue est une histoire tuée » L’écriture de Marie-Celie Agnant est extrêmement noble : elle nomme et raconte les plus terribles émotions et le chaos, toujours de façon sensible et poétique. Le destin des femmes qu’elle présente ne reste scellé dans les tourments de leur quotidien, mais bien dans l’humanité de chacune d’elle. Agnant nous montre par ces portraits de femmes, des courageuses, des femmes remplies d’espoir, et ce, en ne sous-estimant jamais …

Nord Alice, un troisième roman signé Marc Séguin

C’est avec un immense plaisir que je vous parle aujourd’hui d’un homme que j’admire profondément, et j’ai nommé Marc Séguin. La sortie, en octobre dernier, de son troisième roman, Nord Alice, publié chez Léméac, m’est apparue comme l’excuse idéale de vous le présenter et comme la porte d’entrée vers l’univers de cet artiste aux multiples talents. Mais avant toute chose, ce que j’admire particulièrement chez lui, c’est son honnêteté et sa sincérité, mais aussi son esprit vif, sa sensibilité et ce côté homme de la terre, mâle, qu’il partage autant par son regard sur notre monde que sa manière de créer à partir de ce monde. Après cela, j’envie un peu sa carrière vaste et florissante (j’aimerais en avoir une semblable), ses tableaux me choquent autant qu’ils me troublent, tout comme ses trois romans La foi du braconnier paru en 2009, Hollywood paru en 2012 et finalement, le petit nouveau Nord Alice. « [Marc Séguin est] né à Ottawa, Canada. Ses œuvres sont vues et collectionnées dans plusieurs pays par les musées, galeries, et par …

Le livre Damask & dentelle, une bible parfaitement imparfaite de la déco

Dans l’introduction de son livre 300 trucs pour une déco parfaitement imparfaite, Vanessa Sicotte dit que, en commençant son blogue, elle avait naïvement l’intention de démocratiser la décoration. Pourtant, près de 7 ans plus tard, c’est exactement ce qu’elle et son équipe parviennent à faire dans ce livre. Comment ne pas être charmé par la promesse d’un décor parfaitement imparfait ? Avouant toutes deux l’importance qu’on accorde au fait de bien se sentir chez soi et comment ce sentiment passe souvent par la décoration, par  les petites choses, par le fait d’être cozy, loin du look froid des chambres d’hôtels et look ultra-moderne, on avait vraiment hâte de voir ce qu’allait contenir ce livre et surtout comment on pourrait appliquer les trucs à nos propres décors. Ce que Martine en a pensé: Personnellement, je suis une fan de Vanessa Sicotte, pour vrai là. Je la voudrais comme amie. Je ne rate jamais une émission de Sauvez les meubles et j’ai souvent été très inspirée par les décors qu’elle réussissait à créer aux participants de l’émission et très …

La guerre de Malala

Je ne vous le cacherai pas, je suis jalouse et fascinée par la vie de cette jeune femme qui semble avoir tellement plus accompli que moi. C’est lors de ces lectures qu’on peut réaliser que nous vivons dans le gros luxe. Il est certain que la situation au Québec et ses commissions scolaires n’est pas très jolie jolie avec l’austérité et ses coupures. Nous avons cependant la chance de pouvoir envoyer tous et toutes les enfants à l’école (mais avec quel service ! Bon! Je ne me lancerai pas dans ce débat!). Et puis, ce qui est plutôt triste, c’est qu’alors qu’au Québec on se bat pour de meilleurs services pour nos enfants et futures générations, le père de Malala, propriétaire d’une école, envoyait gratuitement des enfants à son école. Parce que l’éducation est ce qui est le plus important ! Dans cette lecture, j’ai fait la rencontre d’une jeune femme qui aime passionnément son père et son école (parce que l’un ne va pas sans l’autre). Malala nous apprend à les aimer autant qu’elle. …

Tromper Martine et l’homme du 21ème siècle

J’attendais avec intérêt le petit dernier de Stéphane Dompierre. J’avais beaucoup apprécié ma lecture de Un petit pas pour l’homme, mais je n’ai pas encore lu Mal élevé. Bien que les personnages s’entremêlent un peu entre les trois histoires, nul besoin d’avoir lu l’un pour apprécier l’autre. Par contre, ce qu’il faut savoir en lisant Tromper Martine, c’est qu’on s’embarque dans une histoire très masculine. En tant que femme, en tant que féministe, c’est parfois un peu plus difficile de décrocher pour apprécier l’aspect un peu masculinise du récit sans pour autant s’en insurger, parce qu’il n’y a clairement pas matière à s’insurger dans ce roman. Sur les conseils de son médecin qui s’inquiète de ses dérapages récents, Nicolas part deux mois loin de son travail, de sa femme et de ses enfants. Un vent de liberté souffle dans ses cheveux et lui donne envie de mordre dans la vie comme si c’était un beau gros beigne débordant de crème. Il voyage, fait des rencontres, tente de réconforter de vieux amis aussi mal en point …

Les 24 heures du roman, ou quand l’écriture se transforme en aventure

Du 20 au 25 octobre, j’ai eu la chance inouïe (rien de moins) de participer aux 24 heures du roman, une aventure littéraire et ferroviaire rassemblant vingt-quatre écrivain.es de la francophonie, tou.tes différent.es les un.es des autres. Franco-ontarien.es, Acadien.nes, Québécois.es, Amérindien.nes, Français.es, leurs points communs étant la langue française, un immense talent littéraire et un goût certain pour les défis de taille. Aujourd’hui, 10 novembre, j’ai la nostalgie d’un voyage presque initiatique à travers lequel l’expression « quand la fiction dépasse la réalité » a pris tout son sens. Car si l’objectif ambitieux du projet des 24 heures était justement d’écrire un roman en 24 heures (et, on l’aura compris, par vingt-quatre écrivain.es), l’aventure en elle-même mérite son propre récit. De Moncton à Toronto, en passant par Halifax et Montréal, c’est par ici pour les coulisses des 24 heures du roman… Qu’est-ce que c’est les 24 heures du roman, au fait? En gros, une course d’écriture collective contre la montre et en mouvements – ça brasse, un train! Le projet, pensé et organisé par Anne …

Deux pour un dans la littérature «trash»

Je n’ai peut-être pas l’air de ça comme ça, mais j’aime bien les trucs dits «trashs» que l’on retrouve parfois en littérature, en arts visuels, en musique, au cinéma et au théâtre (dans tous les domaines artistiques en fait!). Un an déjà s’est écoulé depuis que je suis tombée un peu par hasard sur le premier roman de Martin Clavet à la Librairie Pantoute sur Saint-Joseph à Québec. Le titre Ma belle blessure et l’illustration de l’artiste Pony alias Gabrielle Laïla Tittley m’ont inspirés «confiance» et on surtout attisé ma curiosité du côté plus sombre. Je repense souvent à ce roman et aux marques qu’il a laissées en moi. En traversant Rose Envy, un court roman de Dominique de Rivaz, dont le sujet est aussi très écorchant, j’ai repensé à ma précédente lecture et j’ai décidé de faire un petit spécial deux pour un en lectures «trashs». Ma belle blessure paru chez vlb éditeur en 2014, 123 pages (Prix Robert-Cliche 2014). Rastaban, dix ans, vient d’emménager dans une nouvelle ville avec son père et sa …

Autour des livres : Rencontre avec Florence, collaboratrice chez Le fil rouge

1. Quel est ton premier souvenir en lien avec la lecture? Les virées à la bibliothèque municipale avec mes parents lorsque j’avais 6-7 ans. Je feuilletais les livres en m’accrochant au pantalon de mon père pour ne pas me perdre. Je me souviens de la frousse que j’ai eue en m’apercevant que je tenais la poche arrière du jean de quelqu’un d’autre ! 2. Avais-tu un rituel de lecture enfant ou un livre marquant ? Et maintenant, as-tu un rituel de lecture? Quand j’avais onze ans, mon frère a mis le premier tome du Seigneur des anneaux entre mes mains. Et j’en ai redemandé. Je lisais chaque soir avant de me coucher et souvent en cachette lorsqu’il était rendu tard. Je m’endormais parfois aux petites heures de la nuit, trop absorbée. Maintenant, je lis constamment. J’ai parfois l’impression de ne faire que ça ou presque. Il y a des périodes où je peux être en train de lire cinq livres à la fois : un pour le métro, deux qui sont des lectures universitaires, un pour …