Month: août 2018

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De Bach à Huston

Ça m’a pris 23 ans avant d’ouvrir un livre de Nancy Huston. Ça faisait pourtant plus d’un an que ma meilleure amie me serinait de lire Lignes de faille, qu’elle considérait être un chef-d’œuvre. J’aimerais vous dire que je suis remplie de remords d’avoir attendu si longtemps, mais je suis trop occupée à me délecter du talent de cette autrice, deux fois plutôt qu’une. Après avoir enfin lu la recommandation de mon amie, un pur délice soit dit en passant, je n’ai pas pu résister et j’ai lu un autre de ses livres : Les variations Goldberg.  Je vous le dis tout de suite, je n’en suis pas sortie indemne. Trente têtes valent mieux qu’une Ce roman, le tout premier de Nancy Huston, est sorti en 1981 et continue 37 ans plus tard à faire parler de lui. On y suit Liliane Kulainn qui donne un concert privé dans sa chambre – l’expression musique de chambre prend alors tout son sens. Seules trente personnes ont été invitées, des gens qui ont marqué son passé ou qui …

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Motherhood : être ou ne pas être mère

Dans ce livre difficile à catégoriser, l’autrice canadienne Sheila Heti se questionne sur la maternité et sur le désir -ou pas- d’avoir un enfant. Elle commence à écrire ce livre vers 36 ans et elle sent qu’il ne lui reste plus autant de temps qu’avant pour prendre sa décision. On sent rapidement le sentiment d’urgence qui perd en importance au fil des pages. Ce qui m’a attiré vers ce livre, ce sont les premières pages : l’autrice pose des questions en utilisant la méthode Yi Ching. Les réponses à ses questions sont donc aléatoires et elle tente d’avoir une conversation de cette manière, de trouver un sens à ses interrogations. À l’image d’une discussion qu’on pourrait avoir avec soi-même dans son esprit, les premières pages m’ont charmée par la vulnérabilité avec laquelle l’autrice aborde ses propres tourments et obsessions. Elle utilisera aussi le tarot, les rêves et les étapes du cycle menstruel pour l’aider à voir plus clair ce qu’elle désire sincèrement. Ce livre, c’est une méditation bruyante sur ce désir de prendre position sur la …

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Dopamine : chasser le monstre pour revenir à la vie

Les certitudes des jeunes adultes peuvent être parfois si fortes qu’elles brouillent tout le reste. À 21 ans, on se croit invincible, on refuse que quiconque décide à notre place. Mais quelquefois, la vie nous amène là où on n’aurait jamais dû aller et, à ce moment, il faut accepter de faire confiance aux autres. Accepter qu’on n’ait peut-être pas tous les outils en main pour se sortir du pétrin, alors qu’on est encore à cheval entre l’adolescence et l’âge adulte. C’est un peu de ça que parle Dopamine, le premier roman de Jeanne Dompierre. « On te sauvera, que tu le veuilles ou non. » p. 9 (première page du roman)  Un centre de désintox comme toile de fond Dopamine raconte les différentes étapes que traverse une jeune femme de 21 ans dans un centre de désintox. Narré à la deuxième personne, le récit nous plonge dans un univers pas très jojo, mais duquel émane une étonnante lumière. Cette jeune cocaïnomane, anorexique et borderline, issue d’une famille plutôt bourgeoise, se retrouve au centre après que sa …

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Le pouvoir ou who runs the world ? girls

À quoi ressemblerait le monde si tout d’un coup la femme était considérée comme le sexe fort sur la planète? Naomi Alderman tente de répondre à la question en créant une œuvre fictionnelle et fantastique intitulé Le pouvoir. Ce livre est partout, sur toutes les tablettes des palmarès en librairie et sur tous les réseaux sociaux. C’est sans doute car ce livre, dont la portée féministe est si forte, est important de nos jours. On est loin de La servante écarlate, une histoire fascinante que j’ai adorée, où les femmes sont réduites à des machines à bébés ou à des esclaves. C’est un livre où chaque femme peut y trouver un peu de réconfort, une histoire qui démontre la société patriarcale chute vers l’ascension des femmes. Une histoire différente Le pouvoir raconte le moment où les jeunes femmes développent une nouvelle capacité : une sorte d’énergie électrique sortant de leurs mains et la capacité d’envoyer des chocs au toucher. Ce pouvoir est créé par un fuseau qui s’apparente à un organe. Chaque femme et certains hommes le possèdent. Ce pouvoir se manifeste à …

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Comprendre ce qui ne s’explique pas

L’Attentat, de Yasmina Khadra, c’est la longue réflexion d’un homme qui tente de comprendre comment sa femme a pu être à l’origine d’un attentat. L’homme en question est le chirurgien Amine Jaafari, qui est un Arabe israélien très bien intégré en Israël. Sa femme, Sihem, est quant à elle d’origine palestinienne. Le Dr Jaafari vivait avec sa femme une vie qu’il considérait rêvée. Quelle n’est pas sa surprise lorsque, après une longue journée à opérer les personnes blessées à la suite d’un attentat perpétré dans la ville, il apprend que sa femme est la kamikaze à l’origine du drame. «Ce n’est pas la première fois qu’un attentat secoue Tel-Aviv, et les secours sont menés avec une efficacité grandissante. Mais un attentat reste un attentat. À l’usure, on peut le gérer techniquement, pas humainement. L’émoi et l’effroi ne font pas bon ménage avec le sang-froid. Lorsque l’horreur frappe, c’est toujours le coeur qu’elle vise en premier.» Après le déni, le questionnement Pour cet homme qui s’évertue à sauver chaque personne qui passe sur la table d’opération, …

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Les coulisses de la littérature aux Correspondances d’Eastman

J’ai eu l’immense bonheur de couvrir les Correspondances d’Eastman pour leur 16ème édition, portant le thème « Les coulisses de la littérature ». J’avais en tête le doux souvenir d’un après-midi d’été passé là-bas en 2011 avec ma mère. Nous nous promenions dans le parc près du théâtre de la Marjolaine et avions écrit des lettres à de purs inconnus selon notre inspiration du moment. Un concept (quelque peu) farfelu Cette année, je me voyais déjà profiter d’une manière bien différente des correspondances en m’y impliquant davantage : la programmation était tentante et la thématique intrigante se laisserait manipuler, ai-je pensé, par chacune et chacun des écrivain.es invité.es. La porte-parole de cette édition, Stéphanie Boulay musicienne et écrivaine, était un autre élément qui stimulait chez moi la hâte de m’y rendre! Le concept est agréable, bien pensé et un peu farfelu : le village devient un paysage aménagé pour recevoir les lecteurs et lectrices ainsi que les écrivains et écrivaines qui sommeillent en chacun de nous. Des boîtes aux lettres sont dispersées dans les rues et près des parcs, dans …

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Le gout des pépins de pomme: la saveur des souvenirs

Quelle famille n’a pas de secrets? En ouvrant l’album souvenirs, on peut faire remonter à la conscience ces bouts de notre histoire qui nous échappent.  Après les funérailles de sa grand-mère Bertha, Iris apprend qu’elle est l’héritière de la maison familiale, située dans un village (fictif) de l’Allemagne du Nord. Enfant, elle y a passé tous ses étés en compagnie de sa mère, de ses tantes, de sa cousine Rosemarie et de son amie Mira. Iris est déroutée : que fera-t-elle de la maison alors que sa vie est au sud du pays? Elle prend donc quelques jours de congé de son travail de bibliothécaire pour habiter la demeure et réfléchir à son avenir. Elle apprend à vivre à nouveau dans la maison de sa grand-mère. Les chambres, les livres, le jardin, le balcon, la clochette de la porte d’entrée, les pommiers, le lac à proximité… Tous ces éléments sont « l’album souvenirs » d’Iris qui font remonter à la surface les bonheurs et les tragédies de son enfance, dont la mort mystérieuse de Rosemarie. Elle retrouve aussi …

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La lecture de bandes dessinées est-elle moins valorisante que la lecture de romans?

Depuis quelque temps, j’entends un commentaire récurrent qui me titille les oreilles. Il prend la forme suivante : « Je ne lis que des bandes dessinées ces temps-ci, mais ça ne compte pas pour de la lecture. » Ce à quoi je rétorque : « Ah oui? Pourtant, la lecture c’est de la lecture, non? » Je ne comprends pas cette tendance à considérer la lecture de bandes dessinées comme moins valorisante, moins pertinente. Ce genre de propos me donne l’impression que les seules lectures qui valent la peine d’être mentionnées comme telles sont celles issues des grands classiques. Bref, j’entends : « Tu ne lis pas si tu ne lis pas du Proust, du Flaubert ou du Zola. » Évidemment, vous l’avez peut-être déjà compris, je suis totalement en désaccord avec cette façon de penser et je tiens à vous prouver en quoi la lecture de bandes dessinées compte à mes yeux comme de la lecture à part entière. Valoriser la diversité Je ne le dirai jamais assez, s’ouvrir à la diversité est le moyen le plus sûr pour devenir …

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Le pamplemousse de Maude Bergeron

Certains ou certaines d’entre vous auront probablement déjà eu l’occasion de tomber sur les illustrations féministes et inclusives de Les folies passagères, projet tout droit sorti de la tête de Maude Bergeron. Pour ma part, c’est en suivant cette dessinatrice engagée que j’ai eu vent de Pamplemousse, son premier roman, qu’on pourrait aussi qualifier de livre illustré. Des sujets sensibles La curiosité et l’envie de soutenir dans son travail la talentueuse illustratrice m’ont poussée à acheter, avec ma sœur, ce petit bouquet de feuilles auto-publié et en vente sur Etsy. Je l’ai reçu quelques jours après ma commande avec une dédicace, ainsi qu’un signet représentant la diversité des corps féminins. Quoi demander de mieux comme préambule? Il n’est pas étonnant de constater que Maude Bergeron sait écrire sur les tabous sociétaux qui sont souvent aussi des enjeux féministes (les menstruations, les problèmes mentaux, la pilosité du corps, les relations amoureuses malsaines, etc.), puisque des textes sont souvent joints à ses illustrations publiées sur les réseaux sociaux. Cette fois-ci cependant, le propos devient très intime, très personnel …

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N’essuie jamais de larmes sans gants : quand l’amour transcende la mort

Rares sont les livres qui font l’unanimité. J’ai pourtant l’impression que celui-ci fait partie de cette catégorie, la catégorie des livres qui marquent chaque et unique lectrice et lecteur qui a le bonheur et le privilège de se faire raconter cette histoire. Par l’universalité qui transcende l’oeuvre et qui la fait briller, un peu plus fort, dans les bibliothèques et les cœurs, je crois que ce roman, N’essuie jamais de larmes sans gant, sera dans le top 5 de mes lectures marquantes de 2018. Gagnant du prix des libraires du Québec (et d’une tonne d’autres prix aussi!), c’est chez Alto qu’il a été publié au Québec. Cette lecture m’aura fascinée du début à la fin et m’aura donné envie de ralentir le temps, de rester encore un peu plus longtemps dans ce récit qui pourtant n’est pas court. C’est plus de 800 pages que nous offre l’auteur avec ce roman et sincèrement, j’en aurai pris plus. Je me suis tellement attachée aux personnages que j’ai refermé cette brique le coeur pilé et les yeux humides. « …