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Le renard roux de l’été – Françoise de Luca

Dans Le renard roux de l’été, Françoise de Luca manie la plume avec dextérité et douceur et nous emporte, lecteur, vers une planète pas si lointaine, celle de la famille, de l’enfance difficile, mais dans laquelle tous peuvent se reconnaître. Cette autrice a un véritable don pour décrire la complexité des relations humaines. Dans ce roman, toutes les familles sont racontées à travers l’histoire d’une seule. D’une main experte, elle brosse le portrait d’une famille qui peut sembler banale de prime abord, mais qui renferme ses petits défauts et penchants déviants comme toute autre. J’avais déjà été séduite par le roman Sèna, paru en 2015 à la même maison d’édition, j’avais donc hâte de me replonger dans cette écriture toute en délicatesse et en dentelle. Encore une fois, de Luca frappe fort en décrivant les émotions les plus complexes avec une rare justesse. L’histoire Ce roman raconte la vie de Mathilde en commençant par ses plus lointains souvenirs d’enfant. Dès la naissance de son petit frère Mathéo, c’est l’amour fou entre ces deux bambins qui …

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Ouvrir son cœur : dans le monde d’une introvertie

Comme beaucoup de lecteurs, je me suis récemment laissé tenter par le dernier livre d’Alexie Morin, publié chez Le Quartanier, Ouvrir son cœur. Du haut de ses 366 pages, ce livre, je l’ai dévoré, un réel festin et, selon moi, il manquait un 100 pages supplémentaires. J’en aurais pris davantage. Les critiques sont unanimes autour de moi, ce livre est parfait. J’ai proposé à mon amie qui voulait le lire de le lui prêter. Elle m’a répondu qu’elle préférait l’acheter, car elle savait déjà qu’elle le relirait et s’y référerait souvent. Il va sans dire que mes attentes étaient assez hautes avant d’en commencer la lecture et elles ont rapidement été comblées. Plus que des sujets tabous Ouvrir son cœur, c’est l’histoire de l’autrice qui, dans un récit fragmenté, raconte divers souvenirs de sa vie, en allant de l’enfance à l’âge adulte, où la honte s’y loge. C’est une prise de parole de l’autrice face à des moments qui l’ont marquée, pas nécessairement de la bonne façon. La vie de la narratrice n’a pas été …

Boo de Neil Smith

Boo : un livre « cool as a cucumber »

Un peu de contexte J’ai toujours été attirée par les romans que je qualifie de «contes pour adultes». «Contes» en ce qu’ils racontent quelque chose d’invraisemblable, d’une façon un peu enfantine, et «pour adultes» en ce que les sujets qu’ils traitent sont assez sombres et/ou lourds. J’adore ce type de livre : ça vient me pogner dans les tripes et ça ne me lâche plus, longtemps même après avoir refermé le livre. C’est ce qui s’est passé avec Boo de Neil Smith : j’ai ghosté mon copain pendant deux jours après le boulot parce que j’avais trop envie de terminer ce livre. Sur l’histoire Une très bonne critique a déjà été écrite sur ce livre, je ne tomberai donc pas dans les détails et ne m’attarderai pas trop à vous résumer le roman; je ne vous épargnerai cependant pas mon fameux questionnaire skyrock-style : Le style : conte pour adultes Le lieu : le paradis pour les jeunes Américains de 13 ans (oui, c’est sélectif comme ça!) Les personnages : ils sont plusieurs, mais le …

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La limite est atteinte

Trente, c’est une obsession. C’est l’âge maudit. C’est vieillir. Et ça vient parfois avec une dépression. Trente, c’est le récit d’une femme qui décrit son état psychologique en détresse à l’approche de l’âge qu’elle croit fatidique pour elle. Trente, c’est le tout dernier livre et premier récit d’autofiction de la poète et autrice Marie Darsigny publié chez les Éditions du remue-ménage.   « …trente ans, c’était le début de la fin, le moment où l’on commence à glisser sur une longue pente et moi je voulais échapper à la descente, m’éteindre soudainement, sans adieux dégoulinants de drame pour ce monde qui ne m’a jamais comprise de toute façon. Ça vient donc d’il y a longtemps, ça s’est forgé tranquillement dans mon esprit… it happened gradually, then suddenly. » Style journal intime, le roman est le récit des 12 mois précédant le jour des trente ans de la narratrice, qu’on devine très proche de l’autrice. Ce sont de longues longues phrases, qui viennent à bout de notre souffle. Réflexions, pensées, anecdotes, toutes empreintes de sentiments de …

Les grille-pain d’Heather O’Neill

Cela faisait longtemps que j’avais La vie rêvée des grille-pain dans ma bibliothèque, beaucoup trop longtemps. Ce fut un délice de livre, ce recueil de nouvelles de Heather O’Neill, anglophone montréalaise. Le fait qu’elle soit anglophone ne l’empêche pas de nous parler en français avec son doux accent lorsque nous la rencontrons, c’est ce que j’ai pu constater lorsque je l’ai rencontrée au Salon du livre de Montréal. La vie rêvée des grille-pain fut finaliste aux prix Scotiabank Giller, et elle a remporté le prix Paragraphe Hugh MacLennan. Nous pouvons également retrouver trois autres titres de Heather chez la maison d’édition Alto. Dans ce recueil qui comprend une vingtaine de nouvelles, on découvre divers personnages inspirés de l’univers imaginatif de Heather. On y retrouve de la magie, de la féerie, de la vérité, etc. Lors de ma lecture, j’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir la plume de l’autrice. Elle a une écriture envoûtante. Ces nouvelles se lisent comme des petits contes modernes. Je fus charmée par ses morales qui touchent notre vie de tous …

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Embrasser Yasser Arafat – Chroniques palestiniennes d’Anaïs Barbeau-Lavalette : un autre regard sur la Palestine

Petit bouquin de moins de cent pages, Les chroniques palestiniennes de l’autrice Anaïs Barbeau-Lavalette (pour d’autres articles sur les romans de l’autrice, cliquez ici, ici et ici!) n’est pas une critique politique ou encore un historique complet du conflit qui oppose la Palestine et Israël depuis plusieurs années maintenant. C’est plutôt la Palestine vue à travers les yeux de l’autrice. Son témoignage nous transporte directement dans une Palestine que l’on ne nous montre pas, territoire désertique parsemé d’arbres fruitiers, où une population continue de vivre malgré la guerre qui fait rage. L’autrice a un véritable don pour nous faire sentir les choses, nous les faire voir, et ce, avec des mots couchés sur quelques feuilles de papier. À travers les pages, on peut sentir sa volonté de rendre un récit honnête. L’image médiatique de la Palestine : critique En toute franchise, je ne connais pas grand-chose sur le conflit israélo-palestinien. Toutefois, automatiquement, comme si c’était programmé dans ma tête, lorsque j’entends le mot « Palestine » me viennent (malheureusement) à l’esprit, comme probablement plusieurs d’entre vous, des …

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Éléonore : les femmes de l’autrice Louise Tremblay-D’Essiambre

Jamais, au grand jamais, je n’aurais pensé écrire à propos d’un roman de Louise Tremblay-D’Essiambre ici, sur Le fil rouge. La raison est simple : je n’aime pas vraiment les livres de cette autrice. À chaque publication, elle fracasse des records, ce sont toujours des best-sellers, ce qui n’est vraiment pas le genre de littérature qui m’interpelle habituellement. Mais je dois avouer que j’ai été intriguée lorsque j’ai lu à la hâte la 4e de couverture du livre Éléonore, une femme de cœur, à sa sortie. Le monde des années 1920 Premier tome de la série Histoires de femmes, le roman raconte l’histoire d’une  adolescente de treize ans, Marion Couturier, qui est forcée de quitter son foyer afin de travailler dans un manoir et, ainsi, rapporter de l’argent pour subvenir aux besoins de ses parents et de ses (nombreux) frères et sœurs. Alors que Marion vient d’une famille pauvre et sans grande éducation, elle devra apprendre les bonnes manières, et les règles du manoir et de la hiérarchie. Mais Marion est une jeune fille curieuse et …

Anna Caritas : la bénédiction d’une bonne lecture

En ces temps froid, je me suis dit : « Pourquoi ne pas faire accélérer un peu, lire ici beaucoup, mon rythme cardiaque pour me réchauffer? » Et croyez-moi, cela a bien fonctionné avec ce premier titre de la série Anna Caritas de Patrick Isabelle. Un style dans lequel on est moins habitué de lire cet auteur, surtout après des livres comme la série Eux, la série pour plus jeunes Henri & Cie ou encore le roman pour adulte La danse des obèses. Mais il nous prouvera bien qu’il est autant polyvalent qu’un couteau suisse. Un sacrilège de ne pas le lire Ce premier tome intitulé Sacrilège nous plonge dans la vie d’adolescents du petit village de St-Hector perdu dans un coin du Québec. Un petit village perdu, mais qui possède un attrait majeur pour sa population, celui d’avoir l’une des écoles secondaires les prestigieuses du Québec. « Oh wow! Mais quelle frayeur… Attention, j’ai presque peur… », que je vous entends penser. Méfiez-vous. Après le retour au collège de la très controversée Marianne Roberts, …

Le chavirement de nos cœurs

La peur est une dictature bien présente dans nos existences communes. Elle se cache sous différentes formes étranges. Elle fait de nous des êtres exigeants du moment présent et de ses conséquences immédiates sur nos vies. Cette peur nous rend parfois bestiaux ou même amorphes. Elle fait de nous des êtres humains curieux et aussi sensibles qu’un mollusque. J’ai la malheureuse tâche de vous affirmer que nous sommes tous une huître. Nous sommes parfois ceux ou celles qui ne peuvent concevoir de s’ouvrir aux autres de peur de tout perdre, ceux ou celles qui ne désirent rien d’autre que de disparaître et de ne déranger personne. Et pourtant, nous trouvons tous le courage de nous ouvrir, d’apprendre et de nous épanouir, car chaque petit trésor en nous a droit à son moment de grâce. Nous appréhendons la peur plutôt que de l’accepter et de faire d’elle cette vieille amie. Même si elle résonne à nos oreilles comme un vieux cauchemar, elle reste un passage obligé qui, au final, nous permet de nous ouvrir davantage à …

Un livre québécois par mois : Mars : Alto

En mars, on lit un livre de la maison d’édition Alto! Alto a été fondé en 2005 par Antoine Tanguay. C’est une maison indépendante qui publie principalement des romans et des nouvelles d’auteurs québécois. Elle offre aussi différentes traductions d’auteurs et d’autrices anglophones (Canada, États-Unis, Angleterre et Australie). En plus des romans de grand format, on retrouve aujourd’hui des versions poche de plusieurs de ses grands succès. Pourquoi avoir choisi Alto? Je crois qu’avec cette maison d’édition, j’étais certaine de tomber sur des œuvres dont j’allais apprécier la lecture. Alto n’a pas encore réussi à me décevoir. À chacune de mes lectures, c’est une découverte et une surprise. Ils ont une grande variété de romans, ce qui leur permet de plaire à un large public de lecteurs et de lectrices. Voici quelques suggestions de lecture : Moi, ce que j’aime, c’est les monstres; Emil Ferris (la toute première bande dessinée de chez Alto, et ils ont fait fort. Une BD complètement époustouflante qu’il faut absolument lire!) Hôtel Lonely Hearts; Heather O’Neill De synthèse et Ataraxie; Karoline Georges …