All posts tagged: Dany Laferrière

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De retour aux sources

Laferrière me manquait. Il y avait si longtemps que je n’avais pas visité son œuvre. Journal d’un écrivain en pyjama remontait déjà à si loin. On ne pouvait pas m’en vouloir : j’avais tellement accordé de temps à ses livres durant plusieurs années. À une époque de ma courte vie, je ne faisais que lire Laferrière. J’ai d’ailleurs presque tout ratissé, en commençant par Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer, évidemment, en lisant encore et encore Chronique de la dérive douce, en passant par L’énigme du retour et en m’arrêtant un instant pour L’Art presque perdu de ne rien faire. Puis, j’ai fini par prendre une pause et je suis allée « vers d’autres rives », voir ce qu’on y faisait de bon. Il n’est jamais trop tard pour faire un retour aux sources, et c’est donc tranquillement que je suis revenue dans ce lieu qui m’est si familier, l’œuvre de Laferrière, en l’occurrence son tout dernier roman, Vers d’autres rives. L’art de maîtriser les images comme les mots Aucun doute, tout ce …

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La littérature naît de la main aussi

Que dire du nouveau livre de Dany Laferrière, son trentième en carrière, mais surtout son premier depuis sa nomination à l’Académie française? Autoportrait de Paris avec chat, «une oeuvre imposante» que j’ai pensé quand je l’ai eu dans les mains et pas juste par sa forme surdimensionnée. Une oeuvre nouveau genre, un livre oeuvre d’art, un objet littéraire non identifié. C’est un objet littéraire oui : un roman dessiné, un fouillis de mots, de dessins, un ramassis de petites pensées, de récits éparpillés. Un carnet où il s’est permis d’explorer une forme d’écriture différente où il mêle la calligraphie au dessin. Une oeuvre artisanale Un livre 100% écrit à la main, et avec les dessins de l’auteur en plus. Think outside the box, j’ai envie de dire. Qu’est-ce que la littérature? Sous quelle forme naît-elle? Pourquoi ne pas se permettre de la vivre, de la ressentir, de la dessiner, de la faire naître d’un trait de crayon plutôt que des touches d’un clavier? C’est un travail intellectuel écrire, mais ici, on parle surtout d’un travail physique, un …

Ce qu’on a lu comme roman de la littérature migrante pendant le mois d’avril #Jelisunlivrequébécoisparmois

Le parcours migratoire de tous ces gens, familles, amoureux-ses, qui prennent la décision de partir et de quitter tous leurs repères pour changer de vie me fascine. C’est souvent dans ces romans écrits par des auteur-e-s immigrant-e-s que nous pouvons avoir accès à leur histoire et c’est ce que j’affectionne tout particulièrement. Je vous invite à partager vos lectures sur notre groupe Facebook : Un livre québécois par mois. Ma lecture : Il y a deux ans, j’ai découvert Abla Farhoud grâce à ce même défi. Ma première lecture fut Toutes celles que j’étais et à la suite de ma lecture de Bonheur à la queue glissante, je peux faire le pont entre ses deux romans. Toutes celles que j’étais est l’histoire de la jeune Abla alors que Bonheur à la queue glissante semblerait être l’histoire de sa mère. Sa mère, Douina, cette femme courageuse, cette femme silencieuse qui a une histoire fascinante. Douina a six enfants, tous bien différents. Elle est maintenant grand-mère, chose qu’elle ne croyait pas possible. Et malgré le fait qu’elle ne parle …

Nos suggestions de romans tirés de la littérature migrante pour le mois d’avril du défi #jelisunlivrequébécoisparmois

J’ai toujours été fascinée par le parcours migratoire des immigrants du Québec. Je suis heureuse de compter parmi mes ami-e-s quelques personnes qui ont eu ce courage de traverser des continents pour venir vivre dans leur nouvelle terre d’accueil. Il m’était donc important de souligner le travail de ces personnes migrantes qui ont choisi le Québec comme nouvelle maison. J’avais envie qu’on prenne le temps d’écouter leurs histoires. Grâce à eux, j’espère que tout comme moi, vous allez voyager et être fasciné par leur choix de vie. Laissez-vous bercer par leurs histoires, leurs courages et leurs mots. Les lectures ou suggestions des fileuses : J’ai l’intention de lire Bonheur à la queue glissante d’Abla Farhoud. C’est à la suite de ma lecture de Toutes celles que j’étais que j’ai eu un énorme coup de cœur pour l’univers littéraire de cette femme. Ce que Martine lira : Aki Shimazaki, cette auteure d’origine japonaise qui vit à Montréal depuis des années m’attire depuis un bon moment. On la dit aussi discrète que Réjean Ducharme et que son écriture …

Montréal sur papier: la ville expliquée par 24 créateurs

Les Carnets de Montréal ajoutent une autre dimension à la ville. Je comparerais cela à une expérience de réalité augmentée, mais à la place de chercher des Pokémon à travers les rues, les parcs et les bâtiments, la lecture du livre nous permet plutôt « d’attraper » les trésors culturels et historiques de la métropole. On marche même côte à côte avec des créateurs montréalais pour découvrir leurs repères, leurs sources d’inspiration et leur regard sur la ville. Pas besoin de téléphone intelligent pour vivre l’expérience: un esprit curieux suffit. J’ai assisté au lancement du livre, le 20 octobre dernier, qui avait lieu dans la magnifique verrière du pavillon Jean-Noël Desmarais du Musée des Beaux-Arts de Montréal. J’ai eu la chance d’y rencontrer l’éditrice, Julia Duchastel, des éditions du Passage, et l’auteure  Catherine Pont-Humbert. Cette dernière, d’origine française, est tombée amoureuse de Montréal lorsqu’elle est venue y étudier la littérature, dans les années 1980. Cette journaliste a, depuis sa première visite, entretenu un rapport étroit avec la métropole et ses artistes. « Je la connais bien, comme on connait …

Trouver l’âme sœur: Dany Laferrière

C’est en 2009 que j’ai, sur le tard, découvert Dany Laferrière. J’étais au Salon du livre et en cherchant quoi me procurer, je me suis dit «Bah! Pourquoi pas?» en tombant sur son tout dernier roman, L’énigme du retour, qui connaissait à cette époque un succès énorme. Depuis ce temps, je n’ai pas été déçue, véritable coup de foudre littéraire, j’ai su. Je n’ai pas tout lu de Laferrière et je clame haut et fort qu’il est mon auteur préféré. Je prends simplement mon temps. Parce qu’il est comme le bon vin, avec les années, ses livres n’en sont que plus savoureux. Bien qu’il ait reçu de nombreux prix et décorations, ce n’est pas tant ses exploits littéraires qui impressionnent, mais simplement ses écrits qui, pour moi, surpassent bien des classiques. Lire Laferrière, c’est l’odeur du café, le goût d’une mangue fraîche, les rayons du soleil sur la peau l’été, le droit à l’imaginaire, Montréal, Haïti, sous un tout autre angle. Laferrière c’est la permission d’être libre, d’être soi, sans compromis. C’est lire, puis avoir envie …

Ode à l’évasion littéraire

Les livres ont des pouvoirs: nous faire rêver, nous faire du bien, nous faire voyager. Ils sont notre meilleur allié quand la solitude est trop présente, ils nous aident à mieux nous comprendre. Nul n’a besoin de se payer un billet d’avion pour visiter de lointaines contrées, suffit d’un bon livre, et hop! vous êtes là où vous le souhaitez! Envie de rêver, de vous trouver n’importe où (sauf ici), pourquoi ne pas plonger votre nez dans un roman, une bio, voire une encyclopédie? Ma grand-mère disait: «lis et tu ne seras jamais seule» elle avait raison. Remède ultime pour les temps gris, et le besoin pressant de sortir de sa tête, à chacun son bouquin, comme un élixir, une potion qui fait du bien. Nombreux ont été les après-midi des vacances estivales de mon enfance à rêvasser près de la piscine, les yeux rivés sur les pages du dernier livre à dévorer. Trop de congés passés à la bibliothèque du quartier, promenant mes doigts sur les ouvrages empilés. Comment expliquer cet amour de la lecture, …

Causerie entre Dany Laferrière et Alain Mabanckou

Dany Laferrière et moi, c’est une grande histoire d’amour, bien qu’elle ait commencé assez récemment. Non seulement je raffole de ses livres colorés, magiques et profonds, mais aussi, lors de chacune de ses apparitions télévisuelles, je le trouve si charmant. Et je suis béate d’admiration devant l’aisance de son discours et sa facilité à jongler avec les mots. J’apprécie beaucoup aussi Alain Mabanckou. J’ai étudié Verre Cassé à l’Université, dans le cadre d’un cours sur la Francophonie, et l’exemplaire que j’ai encore en ma possession témoigne de mes nombreuses lectures avec ses milliers de post-its et ses mots soulignés pratiquement à chaque phrase. À l’époque, j’avais été impressionnée en découvrant une écriture si vivante et réelle, moi qui avais été nourrie aux Grands Classiques plus formels dans leur usage de la langue. J’avais déjà eu le plaisir de rencontrer les deux écrivains, mais séparés; Alain Mabanckou dans une librairie en France, Dany Laferrière dans le cadre du Salon du Livre de Montréal. J’avais un peu discuté avec eux quelques instants et reçu mes dédicaces. Mais …

Comment faire l’amour avec un Nègre sans se fatiguer : écrire et rire!

J’ai entamé ma lecture de Comment faire l’amour avec un Nègre sans se fatiguer avec plusieurs horizons d’attente. Premier roman de Dany Laferrière, immortel de l’Académie française, il y a de quoi s’exciter! Pourtant, l’utilisation du mot « nègre », le n-word, dit-on même au 21e siècle, me laissait sceptique… Publié en 1985, le récit de Dany Laferrière se déroule à Montréal. Les deux protagonistes, Bouba et Vieux, réfléchissent sur le monde et sur le racisme. Le racisme dont on commençait à s’inquiéter dans les années 1980 au Québec et qui trouve beaucoup de résonance chez le lecteur des années 2000. Je n’ai pas besoin de vous rappeler le scandale de Louis Morissette et des moustiques… Le ton de Laferrière est toujours très badin : j’ai beaucoup ri en lisant les aventures amoureuses du narrateur, jeune écrivain qui cherche à publier son premier roman. L’écriture est simple, précise, bien qu’enchâssée de références du Coran, d’Henry Miller, de Chester Himes, de jazz, etc. C’est une mosaïque éclectique de couleurs, de sons, d’odeurs et de mots sur fond de canicule montréalaise au …

À travers la première parution de Dany Laferrière

Comment faire l’amour avec un Nègre sans se fatiguer est la première œuvre de l’écrivain québécois d’origine haïtienne nommé Dany Laferrière. Ce roman date de 1985, mais plus de trente ans plus tard ce roman est toujours actuel chez les lecteurs québécois, et même internationaux, qui l’ont comparé aux auteurs Charles Bukowski et Henry Miller. « Bouba a certainement besoin de beaucoup de repos s’il arrive à confondre un Nègre avec Janette Bertrand (Moi, Tarzan… Toi, Jane). Ça fait si longtemps qu’on parle de mutation. L’affaire est donc plus avancée qu’on ne le croyait.» (Page 140) L’écriture rafraichissante de Laferrière nous englobe tout au long du récit, jusqu’au point où sans même s’en apercevoir, le roman est terminé. Comment faire l’amour avec un Nègre sans se fatiguer, c’est 163 pages qui se lisent beaucoup trop rapidement; heureusement que l’auteur a une bonne banque d’œuvres littéraires à nous offrir à ce jour pour raviver le réconfort de ses mots. Il y a plusieurs choses que j’aime du roman, mais plus particulièrement les 28 titres de chapitres …