Month: mars 2015

Chronique « Écrire l’indicible » : Tom est mort de Marie Darrieussecq: le «devoir de mémoire» transposé

Cette chronique vous présente des récits qui traitent de sujets difficiles, mais qui se doivent d’être partagés, que ça nous touche de près ou de loin. Parce que l’écriture permet de tout dire. Je n’ai pas d’enfants. Pas encore, en tout cas. Or, après avoir refermé le livre de Darrieussecq, je ne suis plus certaine d’en vouloir. J’ai été envahie d’une crainte. Comment avoir des enfants sans s’inquiéter de leur sort 24 heures sur 24, 7 jours sur 7? Comment vivre avec ces doutes, ces peurs, ces angoisses au quotidien? Comment aimer trop fort sans empoisonner ces petits êtres qui ont poussé en nous? Et s’il leur arrive quelque chose, comment peut-on survivre? Car il est bien question de survie, dans Tom est mort. Darrieussecq a mis en récit la perte d’un enfant, celle d’une mère qui perd son fils Tom, alors âgé de 4 ans et demi. Nous traversons avec la narratrice toutes les étapes du deuil, du choc au mutisme, de la colère à l’apaisement. On lit ce récit d’une femme démolie, qui, malgré …

Hommage aux grands-parents

J’ai eu la chance, le mois dernier, de lire en exclusivité le premier roman jeunesse de Normand Boisvert, intitulé Vert de peur. (Je suis tellement V.I.P., cela m’émeut.) C’est une de mes collègues, qui connaît mon engouement pour la littérature jeunesse, des cartonnés aux romans post-apocalyptiques si populaires auprès des jeunes adultes d’aujourd’hui (dont je fais partie, j’imagine), qui m’a conseillé celui-ci. Ce n’est pas pour rien que je porte fièrement un macaron où on peut lire «J’ai 5 ans», hein.[1] Je vous fais un très bref résumé de Vert de peur: le grand-père de Julien, Marcel, est placé dans un foyer d’accueil puisqu’il souffre depuis quelques mois de la maladie d’Alzheimer. Julien est désespéré, puisque son grand-père est aussi son meilleur ami, son confident. Son papi, tout aussi désespéré d’être placé en foyer d’accueil, entraîne son petit-fils, ainsi que les lecteurs, en plein cœur de la forêt où vivent de monstrueuses créatures et où ils apprendront à s’aimer encore et toujours plus. Je ne vous en dis pas plus… à propos du récit. Par …

Histoire d’une fille (pas toujours) végétale

Mars étant le mois de la nutrition, je vous brosserai un petit portrait diptyque de ma relation avec le végétalisme, qui répondra peut-être à quelques interrogations sur ce mode de vie encore assez méconnu; un bref historique aujourd’hui suivi d’un inventaire de mes essentiels la semaine prochaine. N’hésitez pas à nous faire part de vos expériences, questions ou réflexions alimentaires, qu’elles soient végés ou non! Il y a deux ans, après quelques allées et venues dans le végétarisme, après maintes tribulations à travers choucroutes et escalopes, je décide de devenir végétalienne. L’un de mes choix qui s’avérera les plus libérateurs de ma vie. En effet, déjà enfant, je répugne à manger viande, œuf, lait, fromage, yogourt, poisson (surtout le poisson); tsé, les fameux enfants «difficiles », j’avais ma réputation! Déjà enfant, quelque chose clochait dans ma tête avec ça. C’était au-delà du dédain, une véritable incohérence à mes yeux. Mon imaginaire en puissance restait fixé sur l’image de l’animal et n’arrivait pas à décoller de celle-ci. Je buvais le lait en me pinçant le nez …

Stéphanie L’Heureux, le cercle, la forme et le fond…

J’ai eu l’occasion de visiter l’atelier de l’artiste Stéphanie L’Heureux, membre du regroupement Pied Carré. Essentiellement peintre et photographe, elle explore aussi la porcelaine et la broderie. Je suis fascinée par ses toiles minimalistes et ses recherches sur le cercle. L’artiste engage son corps, le mouvement de son bras dans toute son amplitude et dans ses limites. Sur les grands formats le cercle dépasse parfois de la toile, il s’agit du plus grand cercle que son bras soit capable de former. Ses toiles sont une recherche d’équilibre entre la forme, le vide, le support et le geste. «Je cherche à revenir à la simplicité, à l’essence du geste, explique-t-elle. Mon approche vise à susciter l’émotion avec un langage minimaliste.» Je trouve remarquable qu’elle n’ait pas seulement utilisé la peinture pour le fond, mais qu’elle soit allée chercher son bleu en utilisant de la teinture pour tissus. Après de longues recherches, du pigment sur la fibre, elle trouve son bleu parfait, mat et profond et la toile est enfin prête à recevoir son geste. La démarche …

Les mille soleils de l’entraide féministe

Khaled Hosseini est né en 1965 à Kaboul en Afghanistan, mais vit maintenant en Californie. Son excellente oeuvre Les cerfs-volants de Kaboul publiée en 2005 lui a valu le Prix des libraires du Québec en 2006 et lui a permis de se faire connaître mondialement. Mille soleils splendides, publié en 2007, est son deuxième roman. Il raconte l’histoire de deux femmes totalement différentes et éloignées qui deviendront une entité d’espoir et d’humanité. Tout d’abord, il y a Mariam qui sera obligée d’épouser un homme de trente ans son ainé et qui vivra pendant des années avec cet homme sans réussir à lui offrir un fils. Cette relation sera empreinte d’injustice, de maltraitance, de manipulation et de violence. Elle sera par la suite confrontée à l’arrivée de Leila, une jeune fille de 14 ans, dans sa propre maison. Le mari des deux femmes fera preuve d’une extrême misogynie envers ces dernières, qui passeront d’une relation conflictuelle à une relation basée sur la compassion et l’envie de s’aider mutuellement. Elles décideront donc ensemble de fuir leur mari et …

« Ce livre-là n’est pas pour toi! »

Quand j’étais ado, j’aimais me rendre à la bibliothèque de mon école secondaire pour y emprunter des romans, souvent plusieurs par semaine. Ayant toujours eu un faible pour les littératures de l’imaginaire et plus particulièrement les romans de fantasie (c’est-à-dire les histoires se déroulant dans des univers moyenâgeux remplis de magie, de guerres et de créatures mythologiques), j’aimais bien me gâter un peu et emprunter des livres de la collection « Les Royaumes oubliés », regroupant des récits inspirés d’un univers conçu à l’origine pour le jeu Donjons et Dragons. Malgré ce que vous pensez peut-être, je ne ressentais absolument aucune honte à aller emprunter ce genre de livres, même si être geek n’a pas trop la cote à l’adolescence. Ce qui me mettait hors de moi, c’est que chaque fois que je passais au comptoir de prêts pour faire enregistrer mon emprunt, la bibliothécaire (qui me connaissait bien et savait que j’empruntais des livres de cette collection de façon régulière) ne manquait pas de m’adresser le commentaire suivant: «Ça m’étonne que tu lises ça, c’est des …

Dans ma bibliothèque

Dans ma bibliothèque, il y a de ces mots qui vous parlent, qui font rêver et qui font du bien. Des lectures légères et des folies lyriques, une passion et un cœur d’enfant avec la soif d’aventures, soif de mots.  Au travers de cet article donc, cinq livres au style diversifié, qui me tiennent à cœur et que je vous propose pour votre liste de livres à lire.

Ma vie, ta violence, notre Kubrick

C’est étrange comment certaines œuvres littéraires, cinématographiques, picturales, etc., peuvent laisser une trace indélébile, quasi inaltérable, en nous et comment d’autres nous effleurent sans jamais faire mouche. Je me souviens encore de la fois où un de mes professeurs avait exigé le visionnement du Shining de Stanley Kubrick. Et moi, en parfaite inculte, je n’avais, à vrai dire, jamais entendu parler ni du film ni du réalisateur. Je suis donc allée au club vidéo (ben oui, ça existait encore dans l’temps!) chercher le DVD sans trop savoir à quoi m’attendre. Et, quand les premières images du film sont parvenues jusqu’à mes yeux éblouis, un monde venait de s’ouvrir. C’était plus qu’un film d’horreur, plus qu’une adaptation du roman du même titre de Stephen King (et, en passant, reniée par celui-ci), c’était plutôt le film qui allait me faire découvrir le cinéma sous un nouveau jour, qui allait me pousser à poursuivre des études universitaires dans le domaine du septième art. Simon Roy, professeur au Collège Lionel-Groulx, raconte en fait dans son tout premier roman, Ma …

Mes Comics: Batman – Earth One

Compulsive. Je pense que je suis obsédée au sujet de Batman ces temps-ci. Grâce à cette obsession, j’ai découvert l’univers de Earth One. Il s’agit de nouveaux récits redéfinissant l’origine de nos personnages préférés de DC. Pour l’instant, nous avons Superman, Batman, et Teen Titans avec une bande dessinée fort anticipée de Grant Morrison sur Wonder Woman (qui a l’air EXTRAORDINAIRE). Je vais certaiment lire tous les numéros, toutefois, dans l’immédiat, je n’ai lu que le premier tome de Batman: Earth One et c’était rien de moins que fantastique. Dans Batman: Earth One, la mythologie de Batman est redéfinie, et ce, avec brio. Geoff Johns est le directeur de la créativité chez DC (oui, c’est son poste officiel), il est le génie derrière une multitude de bandes dessinées et a travaillé en étroite collaboration sur différents projets pour la télévision, notamment Smallville, Arrow et The Flash. Il est également l’auteur responsable de l’histoire géniale qu’est Batman: Earth One. En plus de Geoff Johns, vous avez droit aux illustrations sublimes de Gary Frank, un artiste britannique …

Entre un corps cactus et la peur de vieillir

Demoiselles-Cactus, c’est avant tout l’histoire de Mélisse, une femme (fille?) qui est continuellement en refus de grandir, de vieillir, d’accepter le temps qui passe. Atteinte de troubles alimentaires tels que l’anorexie et la boulimie, on l’a suit dans ses pensées chaotiques, son mal être et sa grande solitude. Melisse est complexe, froide, instable, oserais-je dire, folle. Elle traverse la vie en ayant en tête des pensées confuses, enfantines et blessantes, surtout envers elle-même. Ses troubles alimentaires l’amènent à avoir un regard ultra noir sur le monde médical et un ton vraiment méprisant. C’est un peu la complexité du personnage qui vient retarder le déroulement de l’histoire… J’avoue que je n’ai pas été entièrement charmée par ce premier roman de l’auteure Clara B.Turcotte. J’ai trouvé qu’il y avait trop de thèmes dans le roman et qu’ils étaient souvent trop en surface. Je m’explique: Mélisse vit avec l’autre, son « chum », même s’ils ne partagent aucune intimité ensemble. Elle se doute clairement qu’il consomme de la pornographie juvénile, mais prend lentement conscience du besoin d’éclaircir cela. Déjà là, on …